« Jaurès disait : le courage, c’est de choisir un métier et de bien le faire, quel qu’il soit. […] Je me sens l’héritier de Jaurès. »
Nicolas Sarkozy, le 13 avril 2007 à Toulouse
Nicolas Sarkozy est un menteur et un usurpateur. Rien de nouveau sous le soleil ? En fait si, puisque ce constat est tiré par Jean Jaurès lui-même, dans Jaurès, Rallumer tous les soleils (éd. Omnibus). Dans ce recueil exhaustif d’écrits et de discours, le député de Carmaux se dévoile sans détour : humaniste, anti-capitaliste et citoyen du monde… Aucun risque d’avoir un regard faussé sur l’élu du Tarn : tous les mots imprimés dans le livre sont les siens. Pas d’analyses, pas de commentaires : juste la puissance irrésistible de la pensée jaurésienne. En 941 pages, de la fin de son adolescence jusqu’à son dernier discours, on suit pas à pas l’évolution de la pensée fourmillante et « résolument optimiste » d’un Jaurès toujours préoccupé par le sort de ses semblables.
Car le jeune député du Tarn n’a pas été tout de suite un socialiste révolutionnaire. Jaurès s’est construit intellectuellement dans les idéaux démocratiques de Danton et de la Révolution Française. Les premières années de la IIIe République et l’apparition du suffrage universel sont pour lui un aboutissement : politiquement, tous les hommes sont désormais égaux. Mais la lutte ne s’arrête pas là : les inégalités économiques et l’injustice sociale vont le contraindre à s’engager davantage. La gauche révolutionnaire devient son camp, le réformisme radical, sa méthode. Il n’oublie pas pour autant ses premières amours. Si Jaurès assume son socialisme, il reste presque amoureusement attaché à la République. Pour lui, les deux postures sont indivisibles. Et il s’efforcera, durant toute son existence, de concilier l’impératif démocratique et la nécessité de panser le monde, d’en faire un endroit plus juste et plus acceptable pour les prolétaires.
Mais ce qui frappe chez Jaurès, c’est surtout la profondeur de son esprit. Le style est riche, précis et imagé. Jaurès, c’est l’éloquence incarnée. C’est une pensée vive et épurée car confrontée en permanence au réel et à tous les pans du savoir. Jaurès était un spécialiste de tout ce qui avait un lien avec le sociétal: parlez-lui de la Révolution Française et il s’embrase, évoquez le combat des suffragettes et son cœur s’accélère, soufflez-lui à l’oreille « la dialectique hegelienne chez Marx » et il devient intarissable. Savoir, comprendre pour agir… voilà le triptyque humaniste qui animait l’ancien élève de l’Ecole normale supérieure.
On connaissait Jaurès, député socialiste puis journaliste, on rencontre un Jaurès historien de la Révolution française, avocat d’Alfred Dreyfus, romancier du réel lorsqu’il se prend à imaginer, avec un siècle de retard, l’improbable plaidoyer de Louis XVI lors de son arrestation ! On le découvre aussi fin politologue, tribun magnifique et visionnaire des grandes tragédies du XXe siècle. Lire Jaurès, c’est donc rentrer dans une intelligence supérieure, entre l’utopie des transformations à accomplir et la conscience réaliste de l’état du monde au tournant des XIXe et XXe siècles.
Parce qu’il s’arrête sur de brûlantes questions d’actualité (laïcité, dérives du capitalisme, droit des femmes, imbécillité de la guerre…), parce qu’il est le fruit d’un humaniste convaincu qui n’a jamais dérogé à ses principes (solidarité, sens des responsabilités, refus de l’injustice…), parce que la gauche contemporaine a oublié ce qu’est la Gauche, il est urgent de lire ou relire Jaurès. Il est urgent de rallumer tous les soleils…
Samuel Duhamel
Jaurès, Rallumer tous les soleils, anthologie des écrits et des discours de Jean Jaurès, choisis par Jean-Pierre Rioux, éd Omnibus, Paris, 2005, 28 €
Pour aller plus loin : - Société d’études jaurésiennes : www.jaures.info/welcome/index.php
- Fondation Jean Jaurès : www.fondatn7.alias.domicile.fr
"Qu'en est-il de notre savoir s'il reste sans conséquence ? A l'heure de quitter ce monde, il ne s'agira pas d'avoir été bon, cela ne suffit pas. Il s'agira de quitter un monde bon." Bertolt Brecht
25.2.08
Jaurès, pour l'Humanité
La barbe mal taillée, le cheveu court brossé en arrière et un regard bleu acier qui vous glace le sang quand il vous fixe… De prime abord, Jean Jaurès a plus l’air d’un bûcheron suédois en quête de troncs que d’un éminent responsable politique. Il le sait mais n’en a cure. « De toute façon, ils n’ont ni peigne, ni mousse à raser au paradis alors je laisse pousser… Disons que c’est la seule négligence que je m’octroie. »
Quatre-vingt-quatorze ans après sa mort, Jaurès est donc en forme. Au paradis, il continue d’agir sans question, ni repos : il enchaîne les discours, écrit dans son journal L’Humanité d’après, raconte la Révolution française à Voltaire et à Rousseau, continue à défendre Dreyfus et à imaginer de magnifiques plaidoyers pour des dirigeants qu’il n’apprécie pourtant pas (Louis XVI, Pol Pot, Mao…). Mais Jaurès ne fait pas tout tout seul pour autant. Sa confiance en l’autre est presque naturelle. Là où la gauche contemporaine fuit les ouvriers et les employés à grandes enjambées, Jaurès s’en rapproche avec malice. « Pour moi, c’est la classe prolétarienne qui est la vraie classe intellectuelle. Ce sont les prolétaires qui, les premiers, ont compris que l’ordre capitaliste n’était pas tenable, que c’était un désordre, que c’était la haine, la convoitise sans frein, la ruée d’un troupeau qui se précipitait vers le profit et qui piétinait des multitudes pour y parvenir. Ce sont eux les premiers qui ont voulu l’avènement du socialisme. Alors, pourquoi s’en détacher et ne pas les écouter ? »
Socialiste il est, socialiste, il n’a pas toujours été. Mais Jaurès s’assume. Passionné par Danton et par la révolution bourgeoise de 1789, admiratif du réformisme de Gambetta, il ne s’est orienté vers le socialisme qu’à la trentaine. « Comme beaucoup, je percevais les socialistes comme des agitateurs irréalistes. Et puis, la misère humaine m’a sauté au visage avec le massacre de Fourmies[2] et la grande grève de Carmaux[3]. Dès lors, je n’avais qu’un seul but : améliorer, simplifier, adoucir la vie de mes concitoyens, de tous mes concitoyens. Car le socialisme ne s’intéresse pas à la seule classe des ouvriers. Il veut fondre les classes dans une organisation du travail qui sera meilleure pour tous. Le socialisme, c’est l’humanité toute entière, en tous ses individus, en tous ses atomes, qui est appelée à la propriété et à la liberté, à la lumière et à la joie.» Pour rallumer tous les soleils, Jaurès a des idées : impôt progressif, éducation publique et gratuite, fin du travail des enfants, abolition de l’héritage, nationalisations des industries de transport…
De l’anti-capitalisme en somme. « Et alors ? On ne peut pas être humaniste et capitaliste ! Aujourd’hui, l’anti-capitalisme est mal perçu. Mais, comment réduire la crise sociale mondiale et les inégalités sans sortir du capitalisme. De même qu’en 1789, le peuple et la bourgeoisie se trouvèrent unis pour abolir les privilèges nobiliaires et les abus féodaux, de même,[…] le peuple et la bourgeoise doivent s’unir[aujourd’hui] pour abolir les privilèges capitalistes. »
De son vivant, l’élu de Carmaux n’aura jamais connu l’idéal pour lequel il s’est battu toute sa vie. Sauvagement assassiné par un jeune militant ultranationaliste, Raoul Villain, il n’en veut même pas à la justice française de n’avoir jamais condamné son meurtrier[4]. « Mon seul regret, c’est de n’avoir pas réussi à avoir empêché le conflit. Ironie de l’histoire, c’est moi, le pacifiste absolu, qui ai été le déclencheur de la Première Guerre Mondiale. Mes camarades socialistes ont eu une mauvaise lecture de ma mort. Ils ont cru qu’en adoptant une attitude belliciste, ils me vengeraient. Mais la seule chose qui pourrait me venger aujourd’hui, c’est l’avènement d’une société plus juste, tournée vers l’Homme et non pas vers l’argent, une société à l’écoute d’elle-même, une société qui sait dire stop aux immondices du capitalisme. Le courage, c’est de comprendre ce [système] et d’aller vers l’idéal ! » Pour l’Humanité ? Sans doute !
Samuel Duhamel
[1] Groupe de marxistes, dirigé par Jules Guesdes, qui refusent la participation de socialistes aux gouvernements bourgeois de la IIIe République. Ce groupe deviendra le Parti Ouvrier français en 1880.
[2] La fusillade de Fourmies s'est déroulée le 1er mai 1891. L’armée tire sur des grévistes pacifiques tuant neuf personnes et faisant au moins 35 blessés
[3] En 1892, Jaurès soutient les mineurs en grève qui protestent contre le renvoi de leur maire et responsable syndical, Jean-Baptiste Calvignac, pour le seul motif qu’il est… maire et responsable syndical.
[4] Raoul Villain est jugé en 1919, alors que la France vient de gagner la Guerre. Les jurés considèrent alors que si Jaurès, le pacifiste, avait été écouté, la France aurait perdu le conflit. Son assassin, belliciste en 1914, est donc acquitté. La famille Jaurès devra payer les frais du procès.
Pour le reste l’ancien député de Carmaux se veut intransigeant. Quand certains à l’extrême gauche voient en lui un élu trop prudent et calculateur (Guesde, Vaillant, Lafargue) Jaurès s’emporte : « Oui, je suis réformiste car la réforme, c’est l’œuvre commençante de la révolution. Je ne suis pas un modéré, je suis […] un révolutionnaire. » Pourtant, les disputes avec les collectivistes[1] ont souvent été violentes. Différences de stratégie pour aboutir à la révolution, degrés de radicalité diverses dans l’échelle du socialisme, visions opposées dans l’affaire Dreyfus… Tout ou presque semblait les opposer. Mais quand on lui parle de ses dissensions au sein du socialisme français au tournant des XIXe et XXe siècle, Jaurès rigole : « Je suis toujours surpris de voir à quel point les journalistes dramatisent des différences de point de vue au sein des partis politiques. Dès qu’on sort du rang, dès qu’on soumet une idée neuve, on nous reproche de mettre le bazar, de mettre l’unité du parti en danger. Adhérer à un parti, c’est se reconnaître dans son idéal. Ensuite, il y ait des débats contradictoires, des oppositions, c’est normal. C’est même signe de bonne santé intellectuelle. »
Quatre-vingt-quatorze ans après sa mort, Jaurès est donc en forme. Au paradis, il continue d’agir sans question, ni repos : il enchaîne les discours, écrit dans son journal L’Humanité d’après, raconte la Révolution française à Voltaire et à Rousseau, continue à défendre Dreyfus et à imaginer de magnifiques plaidoyers pour des dirigeants qu’il n’apprécie pourtant pas (Louis XVI, Pol Pot, Mao…). Mais Jaurès ne fait pas tout tout seul pour autant. Sa confiance en l’autre est presque naturelle. Là où la gauche contemporaine fuit les ouvriers et les employés à grandes enjambées, Jaurès s’en rapproche avec malice. « Pour moi, c’est la classe prolétarienne qui est la vraie classe intellectuelle. Ce sont les prolétaires qui, les premiers, ont compris que l’ordre capitaliste n’était pas tenable, que c’était un désordre, que c’était la haine, la convoitise sans frein, la ruée d’un troupeau qui se précipitait vers le profit et qui piétinait des multitudes pour y parvenir. Ce sont eux les premiers qui ont voulu l’avènement du socialisme. Alors, pourquoi s’en détacher et ne pas les écouter ? »
Socialiste il est, socialiste, il n’a pas toujours été. Mais Jaurès s’assume. Passionné par Danton et par la révolution bourgeoise de 1789, admiratif du réformisme de Gambetta, il ne s’est orienté vers le socialisme qu’à la trentaine. « Comme beaucoup, je percevais les socialistes comme des agitateurs irréalistes. Et puis, la misère humaine m’a sauté au visage avec le massacre de Fourmies[2] et la grande grève de Carmaux[3]. Dès lors, je n’avais qu’un seul but : améliorer, simplifier, adoucir la vie de mes concitoyens, de tous mes concitoyens. Car le socialisme ne s’intéresse pas à la seule classe des ouvriers. Il veut fondre les classes dans une organisation du travail qui sera meilleure pour tous. Le socialisme, c’est l’humanité toute entière, en tous ses individus, en tous ses atomes, qui est appelée à la propriété et à la liberté, à la lumière et à la joie.» Pour rallumer tous les soleils, Jaurès a des idées : impôt progressif, éducation publique et gratuite, fin du travail des enfants, abolition de l’héritage, nationalisations des industries de transport…
De l’anti-capitalisme en somme. « Et alors ? On ne peut pas être humaniste et capitaliste ! Aujourd’hui, l’anti-capitalisme est mal perçu. Mais, comment réduire la crise sociale mondiale et les inégalités sans sortir du capitalisme. De même qu’en 1789, le peuple et la bourgeoisie se trouvèrent unis pour abolir les privilèges nobiliaires et les abus féodaux, de même,[…] le peuple et la bourgeoise doivent s’unir[aujourd’hui] pour abolir les privilèges capitalistes. »
De son vivant, l’élu de Carmaux n’aura jamais connu l’idéal pour lequel il s’est battu toute sa vie. Sauvagement assassiné par un jeune militant ultranationaliste, Raoul Villain, il n’en veut même pas à la justice française de n’avoir jamais condamné son meurtrier[4]. « Mon seul regret, c’est de n’avoir pas réussi à avoir empêché le conflit. Ironie de l’histoire, c’est moi, le pacifiste absolu, qui ai été le déclencheur de la Première Guerre Mondiale. Mes camarades socialistes ont eu une mauvaise lecture de ma mort. Ils ont cru qu’en adoptant une attitude belliciste, ils me vengeraient. Mais la seule chose qui pourrait me venger aujourd’hui, c’est l’avènement d’une société plus juste, tournée vers l’Homme et non pas vers l’argent, une société à l’écoute d’elle-même, une société qui sait dire stop aux immondices du capitalisme. Le courage, c’est de comprendre ce [système] et d’aller vers l’idéal ! » Pour l’Humanité ? Sans doute !
Samuel Duhamel
NB : les citations en gras et en italique sont celles de Jaurès, les autres ne sont que pure invention... mais respectent quand même un semblant de réalite !
[1] Groupe de marxistes, dirigé par Jules Guesdes, qui refusent la participation de socialistes aux gouvernements bourgeois de la IIIe République. Ce groupe deviendra le Parti Ouvrier français en 1880.
[2] La fusillade de Fourmies s'est déroulée le 1er mai 1891. L’armée tire sur des grévistes pacifiques tuant neuf personnes et faisant au moins 35 blessés
[3] En 1892, Jaurès soutient les mineurs en grève qui protestent contre le renvoi de leur maire et responsable syndical, Jean-Baptiste Calvignac, pour le seul motif qu’il est… maire et responsable syndical.
[4] Raoul Villain est jugé en 1919, alors que la France vient de gagner la Guerre. Les jurés considèrent alors que si Jaurès, le pacifiste, avait été écouté, la France aurait perdu le conflit. Son assassin, belliciste en 1914, est donc acquitté. La famille Jaurès devra payer les frais du procès.
Jean Jaurès en dix dates
3 septembre 1859 : naissance à Castres
1878 : reçu premier à l’Ecole normale supérieure
4 octobre 1885 : élu député du Tarn, il devient le plus jeune parlementaire de France
29 juin 1886 : mariage avec Louise Bois
21 janvier 1887 : il écrit son premier article dans un journal, La Dépêche de Toulouse
18 avril 1904 : premier numéro de L’Humanité dont il est le fondateur
12 novembre 1908 : discours à la Chambre contre la « peine immonde »24 novembre 1912 : « Guerre à la guerre », discours au congrès de l’Internationale à Bâle
26 avril 1914 : réélu pour la quatrième et dernière fois aux législatives, à Carmaux (Tarn)
31 juillet 1914 : assassiné au café du Croissant par un militant ultranationaliste, Raoul Villain
1878 : reçu premier à l’Ecole normale supérieure
4 octobre 1885 : élu député du Tarn, il devient le plus jeune parlementaire de France
29 juin 1886 : mariage avec Louise Bois
21 janvier 1887 : il écrit son premier article dans un journal, La Dépêche de Toulouse
18 avril 1904 : premier numéro de L’Humanité dont il est le fondateur
12 novembre 1908 : discours à la Chambre contre la « peine immonde »24 novembre 1912 : « Guerre à la guerre », discours au congrès de l’Internationale à Bâle
26 avril 1914 : réélu pour la quatrième et dernière fois aux législatives, à Carmaux (Tarn)
31 juillet 1914 : assassiné au café du Croissant par un militant ultranationaliste, Raoul Villain
Jaurès, un poète révolutionnaire
Si Jaurès est entré dans l’Histoire, ce n’est pas seulement pour son action politique débonnaire, courageuse et visionnaire. Jaurès, c’était avant tout un ton, un style, une voix… De celles qui vous embrasent et résonnent en votre âme pour toujours. Voici quelques unes des plus belles envolées lyriques de l’élu de Carmaux.
« Les hommes n’ont pas besoin de la charité qui est une forme de l’oppression ; ils ont besoin de la justice. »
in La question religieuse et le socialisme, 1891
« Même si les socialistes éteignent un moment toutes les étoiles du ciel, je veux marcher avec eux dans le chemin sombre qui mène à la justice [,] étincelle divine, qui suffira à rallumer tous les soleils dans toutes les hauteurs de l’espace. »in La question religieuse et le socialisme, 1891
« L’argent, lorsqu’il s’arroge lui-même le droit de gouverner et de dominer, est dans la société humaine, la semence du diable. »
in Luther socialiste, 1892
« Lorsque sera réalisée la révolution socialiste, lorsque l’antagonisme des classes aura cessé, lorsque la communauté humaine sera maîtresse des grands moyens de production selon les besoins connus et constatés des hommes, alors, l’humanité aura été arrachée à la longue période d’inconscience où elle marche depuis des siècles, poussée par la force aveugle des événements, et elle sera rentrée dans l’ère nouvelle où l’homme, au lieu d’être soumis aux choses, réglera la marche des choses. »
in Idéalisme et matérialisme dans la conception de l’histoire, 1894
« La société actuelle, violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre comme la nuée dormante porte l’orage. »
in Comme la nuée porte l’orage, 1895
« Il n’y a qu’un moyen d’abolir enfin la guerre entre les peuples, c’est d’abolir la guerre entre les individus, c’est d’abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie un régime de concorde sociale et d’unité. »in Comme la nuée porte l’orage, 1895
« Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. »
in Discours à la jeunesse, 1903
« Dans le monde capitaliste, il y a guerre permanente, éternelle, universelle, c’est la guerre de tous contre tous, des individus contre les individus dans une classe, des classes contre les classes dans une nation, des nations contre les nations […]. Le capitalisme, c’est le désordre, c’est la haine, c’est la convoitise sans frein, c’est la ruée d’un troupeau qui se précipite vers le profit et qui piétine des multitudes pour y parvenir. »in Le congrès de Stuttgart et l’antimilitarisme, 1907
« Laïcité de l’enseignement, progrès social, ce sont deux formules indivisibles. Nous n’oublierons ni l’une ni l’autre, et, en républicains socialistes, nous lutterons pour toutes les deux. »
in Pour la laïque, 1910
« Ce qui importe avant tout, c’est la continuité de l’action, c’est le perpétuel éveil de la pensée et de la conscience ouvrières. Là est la vraie sauvegarde. Là est la garantie de l’avenir. »
in Derniers appels, 1914
« Les hommes n’ont pas besoin de la charité qui est une forme de l’oppression ; ils ont besoin de la justice. »
in La question religieuse et le socialisme, 1891
« Même si les socialistes éteignent un moment toutes les étoiles du ciel, je veux marcher avec eux dans le chemin sombre qui mène à la justice [,] étincelle divine, qui suffira à rallumer tous les soleils dans toutes les hauteurs de l’espace. »in La question religieuse et le socialisme, 1891
« L’argent, lorsqu’il s’arroge lui-même le droit de gouverner et de dominer, est dans la société humaine, la semence du diable. »
in Luther socialiste, 1892
« Lorsque sera réalisée la révolution socialiste, lorsque l’antagonisme des classes aura cessé, lorsque la communauté humaine sera maîtresse des grands moyens de production selon les besoins connus et constatés des hommes, alors, l’humanité aura été arrachée à la longue période d’inconscience où elle marche depuis des siècles, poussée par la force aveugle des événements, et elle sera rentrée dans l’ère nouvelle où l’homme, au lieu d’être soumis aux choses, réglera la marche des choses. »
in Idéalisme et matérialisme dans la conception de l’histoire, 1894
« La société actuelle, violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre comme la nuée dormante porte l’orage. »
in Comme la nuée porte l’orage, 1895
« Il n’y a qu’un moyen d’abolir enfin la guerre entre les peuples, c’est d’abolir la guerre entre les individus, c’est d’abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie un régime de concorde sociale et d’unité. »in Comme la nuée porte l’orage, 1895
« Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. »
in Discours à la jeunesse, 1903
« Dans le monde capitaliste, il y a guerre permanente, éternelle, universelle, c’est la guerre de tous contre tous, des individus contre les individus dans une classe, des classes contre les classes dans une nation, des nations contre les nations […]. Le capitalisme, c’est le désordre, c’est la haine, c’est la convoitise sans frein, c’est la ruée d’un troupeau qui se précipite vers le profit et qui piétine des multitudes pour y parvenir. »in Le congrès de Stuttgart et l’antimilitarisme, 1907
« Laïcité de l’enseignement, progrès social, ce sont deux formules indivisibles. Nous n’oublierons ni l’une ni l’autre, et, en républicains socialistes, nous lutterons pour toutes les deux. »
in Pour la laïque, 1910
« Ce qui importe avant tout, c’est la continuité de l’action, c’est le perpétuel éveil de la pensée et de la conscience ouvrières. Là est la vraie sauvegarde. Là est la garantie de l’avenir. »
in Derniers appels, 1914
15.2.08
8.2.08
Mais alors que faire ?
A la fin du film, Al Gore propose des solutions simples et concrètes pour sauver la planète (il s’agit en fait de sauver l’espèce humaine mais Al n’est pas à une approximation près…).
Ainsi, on vous explique sérieusement (!) qu’il faut « acheter une voiture hybride », « défendre les véhicules qui roulent aux biocarburants », « dire à nos amis de regarder le film » ou encore « prier le Seigneur pour que ça change (!!!) ».
Pour léguer un monde potable à nos enfants, il faudra faire plus, beaucoup plus. Voici quelques pistes :
- N’achetez pas de voiture. Si vous avez vraiment besoin d’une voiture, louez-la. Sinon, achetez-la à plusieurs avec votre femme, votre mari, votre soeur ou mieux avec vos amis ou vos voisins. Si vous ne pouvez pas faire autrement, attendez l’année prochaine avant d’acheter : des voitures solaires seront disponibles. Si vous achetez une voiture, respectez scrupuleusement le code de la route, vous serez moins dangereux et vous polluerez moins. N'oubliez pas non plus de bien gonfler vos pneus et de faire réviser votre caisse régulièrement.
- Ne prenez plus l’avion. Demandez à vos dirigeants de mettre en place un système de restrictions pour les voyages en avion (un aller-retour maxi par an et par personne). Demandez à vos dirigeants de taxer le transport aérien. Demandez à vos dirigeants d’interdire les survols des villes de 22h à 7h du matin. Demandez à vos dirigeants d’abolir les compagnies low-cost. Si vous prenez l’avion, reversez une compensation volontaire pour la pollution engendrée à des associations de lutte pour l’environnement. Si vous prenez l’avion, restez sur votre lieu de destination au moins un mois. Pour aller sur d’autres continents, tentez de prendre le bateau. Pour voyager en Europe, prenez le train.
- A ceux qui disent que vous détruirez de l’emploi, répondez que les productivistes détruisent les conditions de vie des générations futures. Répondez que l’écologie est porteuse d’emplois dans des secteurs innovants (isolation, énergies renouvelables, économies d’énergie, recyclage, transports publics…).
- N’achetez que des produits locaux. Entre des produits bio du Vénézuela et des produits traditionnels de votre région, choisissez les seconds. Demandez à vos dirigeants de surtaxer les produits qui viennent d’autres continents. A ceux qui disent que vous contribuerez à plomber le commerce extérieur, répondez que généralement les producteurs du Sud ne sont mêmes pas capables d’acheter les produits qu’ils envoient chez nous. Au moins, si les produits restent là-bas, les autochtones pourront en profiter.
- Demandez à vos dirigeants de diminuer progressivement le nombre de courses automobiles (Enduropale, rallyes en tout genre, F1, motos, Dakar...) jusqu'à les supprimer totalement dans les années à venir.
- Votez pour les Verts, adhérez à Greenpeace ou aux Amis de la Terre, lisez la Décroissance, Silence, L’âge de Faire, préférez Le cauchemar de Darwin à Une vérité qui dérange.
- Préférez les ouvrages de Cochet, Sinaï, Ellul, Illich, Gorz, Beck, Dumont à ceux de Hulot, Arthus-Bertrand, Juppé ou Lepage.
- Travaillez moins pour gagner moins et vivre mieux.
- Achetez moins. A ceux qui vous disent que vous allez engendrer une récession, répondez que le bonheur spirituel est accessible avec peu de biens matériels.
- Demandez à vos dirigeants de taxer la publicité, activité vaine et destructrice.
- Prenez conscience que l’écologie est une lutte, qu’elle ne fait pas consensus, qu’elle nécessite des efforts et des concessions…
- Réfléchissez bien avant de faire un enfant.
- N’achetez pas d’écran plat.
- Ne jetez plus, ne gâchez rien !
- Ne tirez pas la chasse d’eau pour un petit pipi. Si votre compagne-on est d’accord, installez des toilettes sèches chez vous (une poubelle, un sac et des copeaux de bois suffisent).
- Dîtes vous que le progrès, ce n’est pas forcément synonyme de technologies nouvelles. Dîtes-vous que le vrai progrès en Occident, ce n’est pas plus mais moins.
- Arrêtez de croire que le PIB est un indicateur de référence.
- Doutez de vous, de vos connaissances, de celles des autres. Soyez un(e) citoyen(ne) responsable.
- Faîtes du sport, faîtes l’amour, jouer aux cartes avec vos potes, aller au cinéma, au théâtre, au musée, louez des DVD, rendez visite à votre famille en vélo ou en train, allez vous promener, engagez-vous dans une association, prenez le temps de vivre…
Samuel Duhamel
Ainsi, on vous explique sérieusement (!) qu’il faut « acheter une voiture hybride », « défendre les véhicules qui roulent aux biocarburants », « dire à nos amis de regarder le film » ou encore « prier le Seigneur pour que ça change (!!!) ».
Pour léguer un monde potable à nos enfants, il faudra faire plus, beaucoup plus. Voici quelques pistes :
- N’achetez pas de voiture. Si vous avez vraiment besoin d’une voiture, louez-la. Sinon, achetez-la à plusieurs avec votre femme, votre mari, votre soeur ou mieux avec vos amis ou vos voisins. Si vous ne pouvez pas faire autrement, attendez l’année prochaine avant d’acheter : des voitures solaires seront disponibles. Si vous achetez une voiture, respectez scrupuleusement le code de la route, vous serez moins dangereux et vous polluerez moins. N'oubliez pas non plus de bien gonfler vos pneus et de faire réviser votre caisse régulièrement.
- Ne prenez plus l’avion. Demandez à vos dirigeants de mettre en place un système de restrictions pour les voyages en avion (un aller-retour maxi par an et par personne). Demandez à vos dirigeants de taxer le transport aérien. Demandez à vos dirigeants d’interdire les survols des villes de 22h à 7h du matin. Demandez à vos dirigeants d’abolir les compagnies low-cost. Si vous prenez l’avion, reversez une compensation volontaire pour la pollution engendrée à des associations de lutte pour l’environnement. Si vous prenez l’avion, restez sur votre lieu de destination au moins un mois. Pour aller sur d’autres continents, tentez de prendre le bateau. Pour voyager en Europe, prenez le train.
- A ceux qui disent que vous détruirez de l’emploi, répondez que les productivistes détruisent les conditions de vie des générations futures. Répondez que l’écologie est porteuse d’emplois dans des secteurs innovants (isolation, énergies renouvelables, économies d’énergie, recyclage, transports publics…).
- N’achetez que des produits locaux. Entre des produits bio du Vénézuela et des produits traditionnels de votre région, choisissez les seconds. Demandez à vos dirigeants de surtaxer les produits qui viennent d’autres continents. A ceux qui disent que vous contribuerez à plomber le commerce extérieur, répondez que généralement les producteurs du Sud ne sont mêmes pas capables d’acheter les produits qu’ils envoient chez nous. Au moins, si les produits restent là-bas, les autochtones pourront en profiter.
- Demandez à vos dirigeants de diminuer progressivement le nombre de courses automobiles (Enduropale, rallyes en tout genre, F1, motos, Dakar...) jusqu'à les supprimer totalement dans les années à venir.
- Votez pour les Verts, adhérez à Greenpeace ou aux Amis de la Terre, lisez la Décroissance, Silence, L’âge de Faire, préférez Le cauchemar de Darwin à Une vérité qui dérange.
- Préférez les ouvrages de Cochet, Sinaï, Ellul, Illich, Gorz, Beck, Dumont à ceux de Hulot, Arthus-Bertrand, Juppé ou Lepage.
- Travaillez moins pour gagner moins et vivre mieux.
- Achetez moins. A ceux qui vous disent que vous allez engendrer une récession, répondez que le bonheur spirituel est accessible avec peu de biens matériels.
- Demandez à vos dirigeants de taxer la publicité, activité vaine et destructrice.
- Prenez conscience que l’écologie est une lutte, qu’elle ne fait pas consensus, qu’elle nécessite des efforts et des concessions…
- Réfléchissez bien avant de faire un enfant.
- N’achetez pas d’écran plat.
- Ne jetez plus, ne gâchez rien !
- Ne tirez pas la chasse d’eau pour un petit pipi. Si votre compagne-on est d’accord, installez des toilettes sèches chez vous (une poubelle, un sac et des copeaux de bois suffisent).
- Dîtes vous que le progrès, ce n’est pas forcément synonyme de technologies nouvelles. Dîtes-vous que le vrai progrès en Occident, ce n’est pas plus mais moins.
- Arrêtez de croire que le PIB est un indicateur de référence.
- Doutez de vous, de vos connaissances, de celles des autres. Soyez un(e) citoyen(ne) responsable.
- Faîtes du sport, faîtes l’amour, jouer aux cartes avec vos potes, aller au cinéma, au théâtre, au musée, louez des DVD, rendez visite à votre famille en vélo ou en train, allez vous promener, engagez-vous dans une association, prenez le temps de vivre…
Samuel Duhamel
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