19h28, hier sur Canal +. Sur le plateau du Grand Journal, Joseph Stiglitz, ancien Prix Nobel d’économie, et Poivre d’Arvor, ancien présentateur du journal de 20h sur TF1. Le débat porte sur la décision de la Russie de ne plus fournir de gaz à l’Ukraine. Diplomatiquement, ce choix est lourd sens : à court terme, c’est une dizaine de pays qui pourraient se retrouver sans chauffage et sans électricité. Les invités discutent de la pertinence de la décision, du risque de pénurie en Europe, des conséquences éventuelles pour la France… Et puis, pour conclure le débat, comme s’il voulait remporter la bataille des idées, PPDA lance : « C’est un problème qui relance la question du nucléaire. Au moins, en France, avec l’atome, nous ne sommes pas dépendants d’autres pays pour la fourniture d’électricité. » Et Michel Denisot d’approuver.
Pourquoi mentir aux gens ? Quel est l’intérêt de défendre l’énergie atomique en dépit du bon sens ? Ont-ils conscience qu’en prononçant ces deux petites phrases devant deux millions de téléspectateurs, ils effacent le travail de fourmi des militants antinucléaires ?
Car, non, le nucléaire n’est pas la solution ! La France a battu son record de consommation électrique hier avec plus de 90 000 MW produits vers 19h. Malgré les 58 réacteurs sur notre territoire, EDF doit importer de l’électricité d’Allemagne… qui sort du nucléaire depuis 2002. Et de toute façon, on ne peut pas dire que la France est indépendante sur le plan énergétique puisque 100% de l’uranium qu’elle utilise pour produire de l’électricité via le nucléaire est importé. Dès lors, les solutions sont simples : sobriété énergétique et lutte contre le gaspi (la consommation électrique en France dans les années 70 était trois fois moindre), panachage des énergies renouvelables et importations de gaz d’autres pays de l’Union.
La leçon de l’histoire, c’est qu’on a beau avoir présenté le journal le plus regardé en France pendant 21 ans, on n’est pas à l’abri d’une belle ineptie. Patrick, règle élémentaire du journalisme : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire ! »
Samuel Duhamel