Zinedine Zidane, automne 1998
C’est une arabesque, une icône, un rêve matérialisé. C’est un trait de génie dans une forêt de jambes maladroites. C’est un artiste contemporain qui jouait du ballon comme d’autres du pinceau. C’est un but incroyable, une frappe pure, une tête glorieuse, un titre majeur. C’est l’espoir quand l’audience se résigne. C’est la joie d’avant match et d’après victoire. C’est l’insensé qui se réalise. Voilà ce qu’est Zidane.
On le connaît tous. A notre insu, il est entré dans chacun d’entre nous. Il a atteint un tel niveau d’excellence que même les footballophobes ont été contraints de s’intéresser à son cas. Et pourtant, qui connaît vraiment Zidane ? Qu’y a-t-il derrière cette image d’Epinal, derrière ce garçon timide devenu roi du ballon rond ? C’est à ces questions qu’a voulu répondre la journaliste Besma Lahouri dans son enquête, Zidane, une vie secrète. Le livre s’arrête sur les nombreuses parts d’ombre de l’ancien capitaine des Bleus. Reposant sur 40 chapitres très courts, il révèle quelques anecdotes affriolantes sur la vie sportive du natif de la Castellane (Lors de la finale du mondial 2006, Domenech avait prévu de le sortir cinq minutes avant la fin du match… - Lorsque l’arbitre lui montre le rouge, il demande à Zidane : « Que s’est-il passé ? » et l’idole de répondre : « Le rouge, je le mérite ! Ne vous inquiétez pas. » - Zidane change de numéro de portable tous les six mois pour ne pas être harcelé au téléphone - Il a gagné 80 millions d’euros en 17 saisons, soit une moyenne de 13.000 euros par jour pendant 6 200 jours…).
Mais surtout, il met en lumière l’après carrière du meneur de jeu : ou quand l’artiste devient homme d’affaire. Car aujourd’hui, Zidane, c’est une marque qui rapporte. Pour lui d’abord (environ 3,5 millions de contrats publicitaires par an). Pour de nombreuses sociétés surtout : Danone, Adidas, Orange, Grand Optical et une petite demi-douzaine d’autres entreprises profitent de son image de gendre idéal pour apparaître tendance aux yeux de l’opinion et remobiliser les troupes quand il y a lieu de le faire. Avec le temps, Zidane est devenu un habile négociateur. Riche comme Crésus, il ne lâche pourtant pas le moindre euro lorsqu’il s’agit d’utiliser son image à des fins commerciales. Dans la vie comme sur le terrain, Zidane sent les coups et sait jouer juste quand il y a beaucoup d’argent en jeu.
Malgré ces révélations, l’ouvrage de Besma Lahouri nous laisse un peu sur notre faim. D’abord parce que très peu d’anciens coéquipiers (pour ne pas dire aucun) n’ont voulu témoigner. Ensuite parce qu’il ne fait que survoler de nombreuses parties de sa personnalité (comment évoquer son caractère boute-en-train en 3 pages et demi ?). Il est surtout truffé d’erreurs sur l’historique de sa carrière sportive (voir ci-dessous). Dès lors, on se demande si les deux cambriolages dont ont été victimes l’éditeur puis la meilleure amie de Besma Lahouri n’en révèlent pas un peu plus sur Zinedine Zidane que le contenu-même de l’enquête[1]…
Samuel Duhamel
[1] Simple hasard ou vraie tentative d’intimidation, deux proches de la journaliste se sont fait dérober leur manuscrit à quelques semaines de la parution de l’ouvrage.
Zidane, une vie secrète de Besma Lahouri, éd. Flammarion Enquête, 2008, 20 €
Une enquête truffée d’erreurs
Zidane, une vie secrète n’a pas été écrit par une spécialiste mais par une journaliste indépendante s’intéressant au phénomène Zidane. Malheureusement cela se voit ! Voici la liste de confusions ou approximations contenues dans le livre.
Zidane, une vie secrète n’a pas été écrit par une spécialiste mais par une journaliste indépendante s’intéressant au phénomène Zidane. Malheureusement cela se voit ! Voici la liste de confusions ou approximations contenues dans le livre.
« En Corée et au Japon, les Bleus n’avaient même pas franchi le deuxième tour. » (page 53)
En fait, ce n’est pas le deuxième tour qu’ils n’ont pas franchi mais bien le premier.
« …alors qu’on croyait la Coupe du monde 2006 jouée d’avance. » (page 53)
Ah oui ! Pour qui ?
« La roulette, c’est cette action qui consiste à enrouler le ballon du pied derrière son dos avant de le lancer en l’air. » (page 55)
Faux. La roulette est un dribble consistant à éliminer un adversaire en roulant sur le ballon tout en effectuant une rotation de 360°, de telle sorte qu’à la fin du geste, le joueur se retrouve exactement dans la même position qu’au début du dribble mais avec l’adversaire derrière lui.
« A la surprise générale, David Ginola et Eric Cantona, les deux chouchous du football français, n’ont pas été retenu pour la Coupe du monde 98. » (page 84)
Cette simple phrase contient à la fois une confusion, une approximation et une erreur. Lahouri confond d’abord tacitement Euro 96 et Coupe du monde 98. En 1996, Ginola et Cantona éblouissent de leur talent la Premier League (le championnat anglais). Beaucoup d’observateurs ne comprennent pas pourquoi Jacquet ne les sélectionne pas pour l’Euro anglais. Toutefois, et c’est là que survient l’approximation, cela ne constitue pas une « surprise générale » car Jacquet a toujours été fidèle à ses convictions : il ne sélectionnera pas ces deux attaquants doués certes, mais aussi difficilement gérables. Enfin, l’erreur, c’est qu’en 1998, Eric Cantona n’est plus un joueur mais un retraité du football.
« Sélectionné pour les phases qualificatives du Mondial 94, il s’est fait remarquer en marquant deux buts. » (page 85)
Faux. La première sélection de Zidane intervient en match amical le 17 août 94, soit après la Coupe du monde. Il marque alors ses deux premiers buts contre la République tchèque.
« [Lors de la séance des tirs aux buts du Mondial 98 contre l’Italie,] Blanc creuse l’écart à nouveau. » (page 90)
Comment peut-il creuser l’écart alors que les deux équipes sont alors à égalité 3-3 ? Blanc ne creuse pas l’écart, il redonne un but d’avance à la France.
«[Lors de la séance des tirs aux buts du Mondial 98 contre l’Italie,] Barthez a arrêté deux buts. » (page 91)
Là-encore, une approximation et une erreur. Les gardiens n’arrêtent pas des buts mais des frappes ou des ballons. Par ailleurs, Barthez n’a stoppé qu’une seule frappe, celle d’Albertini. Le tir de Di Biagio a lui été dévié par la transversale.
« En demi-finale contre la Croatie, la France est menée 1-0 à la mi-temps. » (page 92)
Faux. A la mi-temps, le score est de 0-0.
« France – Brésil : voilà une affiche alléchante pour la finale. Brazil, Brazil ! » (page 93)
Pourquoi s’obstiner à écrire Brasil avec un « z » alors qu’on l’écrit avec un « s » en portugais.
En fait, ce n’est pas le deuxième tour qu’ils n’ont pas franchi mais bien le premier.
« …alors qu’on croyait la Coupe du monde 2006 jouée d’avance. » (page 53)
Ah oui ! Pour qui ?
« La roulette, c’est cette action qui consiste à enrouler le ballon du pied derrière son dos avant de le lancer en l’air. » (page 55)
Faux. La roulette est un dribble consistant à éliminer un adversaire en roulant sur le ballon tout en effectuant une rotation de 360°, de telle sorte qu’à la fin du geste, le joueur se retrouve exactement dans la même position qu’au début du dribble mais avec l’adversaire derrière lui.
« A la surprise générale, David Ginola et Eric Cantona, les deux chouchous du football français, n’ont pas été retenu pour la Coupe du monde 98. » (page 84)
Cette simple phrase contient à la fois une confusion, une approximation et une erreur. Lahouri confond d’abord tacitement Euro 96 et Coupe du monde 98. En 1996, Ginola et Cantona éblouissent de leur talent la Premier League (le championnat anglais). Beaucoup d’observateurs ne comprennent pas pourquoi Jacquet ne les sélectionne pas pour l’Euro anglais. Toutefois, et c’est là que survient l’approximation, cela ne constitue pas une « surprise générale » car Jacquet a toujours été fidèle à ses convictions : il ne sélectionnera pas ces deux attaquants doués certes, mais aussi difficilement gérables. Enfin, l’erreur, c’est qu’en 1998, Eric Cantona n’est plus un joueur mais un retraité du football.
« Sélectionné pour les phases qualificatives du Mondial 94, il s’est fait remarquer en marquant deux buts. » (page 85)
Faux. La première sélection de Zidane intervient en match amical le 17 août 94, soit après la Coupe du monde. Il marque alors ses deux premiers buts contre la République tchèque.
« [Lors de la séance des tirs aux buts du Mondial 98 contre l’Italie,] Blanc creuse l’écart à nouveau. » (page 90)
Comment peut-il creuser l’écart alors que les deux équipes sont alors à égalité 3-3 ? Blanc ne creuse pas l’écart, il redonne un but d’avance à la France.
«[Lors de la séance des tirs aux buts du Mondial 98 contre l’Italie,] Barthez a arrêté deux buts. » (page 91)
Là-encore, une approximation et une erreur. Les gardiens n’arrêtent pas des buts mais des frappes ou des ballons. Par ailleurs, Barthez n’a stoppé qu’une seule frappe, celle d’Albertini. Le tir de Di Biagio a lui été dévié par la transversale.
« En demi-finale contre la Croatie, la France est menée 1-0 à la mi-temps. » (page 92)
Faux. A la mi-temps, le score est de 0-0.
« France – Brésil : voilà une affiche alléchante pour la finale. Brazil, Brazil ! » (page 93)
Pourquoi s’obstiner à écrire Brasil avec un « z » alors qu’on l’écrit avec un « s » en portugais.
« Jacques Chirac réserve aux champions un accueil enthousiaste, les félicitant d’avoir gagné le championnat de France. » (page 101)
Faux. Chirac commet en effet une erreur. Mais il présente le trophée comme la Coupe de France et non le Championnat de France.
« Michel Platini a été nommé deux fois meilleur joueur de tous les temps par France Football. » (page 215)
Encore faux. France Football a attribué à trois reprises le Ballon d’or de meilleur joueur européen de l’année à Platini. Par ailleurs, Platoche a été élu footballeur français du siècle puis meilleur joueur de l’histoire des Bleus par le bi-hebdomadaire.
« Pierre Ménès mesure 1 mètre 90 pour 100 kilos. » (page 224)
10 centimètres de moins et 25 kilos de plus, voilà à quoi ressemble Pierre Ménès.
NB : Besma Lahouri a corrigé la grande majorité de ses erreurs dans l'édition de poche, après en avoir pris connsaissance sur ce blog. C'est tout à son honneur !