3.9.06

Le silence est d'argent, la parole est d'or

La dernière fois, c’était durant le pot de départ d’un collègue ou lors du baptême d’un petit cousin. A moins que ce ne fut pendant le mariage de la voisine… Mais après tout qu’importe : le schéma est inlassablement le même. Une cinquantaine de personnes, un gigantesque buffet où les toasts au saumon côtoient les petits pains beurrés, une ambiance détendue et… moi. Enfin vous. Ou plutôt nous ! On est tous passés par là : seul(e) à s’empiffrer de tomates cerises parce qu’on ne connaît personne et qu’on n’ose pas déranger ces gens au regard intelligent. Alors on feint de se régaler et on reprend une coupe de champagne. Noyé(e) au milieu de l’assemblée avec la bouffe comme bouée de sauvetage…


Heureusement pour vous et votre ligne, la solution existe ! Elle s’appelle Le grand art de la petite conversation (Small talk en anglais). Sorti aux éditions Leduc en juillet dernier, l’ouvrage de la conférencière américaine Debra Fine est un concentré de petites recettes à appliquer pour se sentir à l’aise dans une discussion. Et figurez-vous que ça marche ! Après l’avoir lu, on se sent prêt à converser avec tout le monde. La timidité disparaît, la confiance renaît et les masques tombent. Arrivé au denier chapitre, on se sent presque prêt(e) à convaincre Florence Parisot de l’impérieuse nécessité d'une société de décroissance.
Certes, quelques conseils comme « Lors d’une première rencontre, demandez à votre interlocuteur s’il apprécie les sports d’hiver » paraissent hors-de-propos. Mais l’analyse des ressorts de nos problèmes de communication est pertinente : incapacité de prendre des risques, peur d’être ignoré ou contré, absence d’imagination, écoute dilettante, phobie de prendre la parole en public… Debra Fine propose mille et un petits filons permettant de gagner en assurance et de donner à chaque discussion une saveur singulière.

En voici quelques-uns : 1. Considérer vos interlocuteurs comme des fins et non comme des moyens : même si vous avez besoin de l’aide de quelqu’un, parlez-lui sans arrière-pensée, c’est le meilleur moyen d’obtenir ce que vous souhaitez.
2. Souriez, tendez la main, soyez avenant.
3. Faites un effort pour vous souvenir des noms de vos interlocuteurs et rappelez le vôtre si vous ne les avez pas vus depuis plusieurs mois. Quand vous ne savez plus à qui vous vous adressez, ne jouez pas la comédie et demandez-lui son prénom.
4. Posez des questions ouvertes.
5. Laissez tomber les « quoi de neuf ? » et « qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » pour « quel a été le meilleur moment de ta journée ? » et « quels sont vos hobbies ? »
6. N’oubliez jamais que l’écoute se voit (montrer votre attention en opinant ou en hochant la tête).
7. Ne coupez pas la parole, ne prenez pas la parole en otage.
8. Trouvez de l’intérêt à tout (une bague, une veste, une parole… sont les témoins d’un souvenir, d’une humeur ou d’une conviction. Ils peuvent être le point de départ d’une conversation).

Certainement moqué ou dénigré par les rois de la tchatche, Le grand art de la petite conversation ravira les timides et les introverties qui voient dans l’échange oral une épreuve insurmontable. Alors finis les toasts au saumon et passez à l’action.


Le grand art de la petite conversation, de Debra Fine, éditions Leduc, 12 € 90


Samuel Duhamel