20.6.11

Les managers sur leurs grands chevaux

Devenir un meilleur chef d’entreprise en dirigeant des… chevaux : c’est le pari un peu osé que propose un organisme de formation professionnelle à Lille. La méthode s’appelle l’ « equijobbing », elle est destinée aux managers qui veulent améliorer leurs compétences relationnelles et booster les résultats de leur société. Samuel Duhamel s’est rendu à l’une de ces sessions de formation un peu spéciales…


Les managers sur leurs grands chevaux par Samuquita

7.6.11

BOU-GEZ-VOUS !

« Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. »  Stéphane Hessel

« Bougez-vous ! » Le message est clair. « Bougez-vous ! » Tellement clair qu’il en devient convaincant. « Bougez-vous ! » Déjà trois millions de personnes en action. Et pourtant… Nous vivons dans une société de l’instantané où tout ce qui n’est pas flambant neuf est déjà dépassé. Nous vivons dans une société de l’image où nos héros sont jeunes, beaux et aseptisés. Nous vivons dans une société morcelée où les différences éloignent plus qu’elles ne rapprochent. Alors quand un papi de 93 ans donne un coup de pantoufle dans la fourmilière, a priori, il ne se passe pas grand-chose… Sauf que là, les fourmis sont sorties et le papi paraît soudain cinquante ans de moins.

Les deux derniers livres de Stéphane Hessel [1] ont connu un succès retentissant. Des millions de lecteurs en Europe et aux Etats-Unis. Et bientôt beaucoup d’autres en Chine, en Corée et au Brésil. Difficile à comprendre. Cumulés, les ouvrages d’Hessel ne dépassent pas les 130 pages. Et encore, c’est écrit en gros caractère ! Mais si les citoyens du monde se sont retrouvés dans les écrits du diplomate français, c’est sans doute que son message est universel. Hessel nous dit en fait trois choses simples : 1. L’état du monde est inacceptable. 2. Nous avons le pouvoir de changer le monde 3. Ce changement passera par une insurrection pacifique. Tout est dit. Reste à déterminer le chemin. Hessel pose des jalons (le programme du Conseil National de la Résistance et la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qu’il a corédigés… il y a soixante-cinq ans) et prône un bouleversement dans nos valeurs (solidarité et équité) et notre état d’esprit (espoir et optimisme).

Lire Hessel aujourd’hui, à quelques mois du rendez-vous présidentiel, c’est aussi – tacitement – faire le bilan du mandat du Président Sarkozy à la tête de l’Etat. Car au fil des lignes, on s’aperçoit que la société qu’Hessel appelle de ses vœux est aux antipodes de celle qu’a échafaudée le petit Nicolas. L’ancien ambassadeur nous parle de la Sécurité Sociale comme les résistants la définissaient en 1945 (« un plan complet [qui visait] à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail »). Il nous parle des retraites (« permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours »), de l’organisation de l’économie (« assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général »), de la liberté de la presse (« et son indépendance à l’égard de l’Etat [et] des puissances de l’argent […]). Il dénonce la traque aux Roms, aux sans-papiers et aux immigrés. Il condamne la très inégale répartition des revenus, la négation des Droits de l’Homme, la détérioration de notre environnement… Bref, les écrits d’Hessel sont aussi des manifestes d’indignation à l’encontre de la politique mise en place par Sarkozy et son oligarchie depuis 2007.

Avec ses livres, Stéphane Hessel a donc réveillé nos consciences. Du haut de ses 93 ans, il nous rappelle que l’indifférence à autrui fait vieillir prématurément. Comme d’autres de sa génération (Albert Jacquard, Edgard Morin, Robert Badinter…), il s’inscrit dans la lignée des sages humanistes et combattants pour un monde meilleur. Hessel le prouve encore une fois : il est un phare, un guide, une lumière. Il dit dans un sourire qu’il lui reste deux ou trois ans à profiter de la vie avant de s’éteindre définitivement. Pour une fois, il se trompe : les étoiles ne meurent jamais.

Samuel Duhamel

[1]Indignez-vous, Indigène éditions, collection « Ceux qui marchent contre le vent », 2010, 32 pages et Engagez-vous, entretiens avec Gilles Vanderpooten, éditions de l’aube, 2011, 99 pages