27.4.06

O mal-estar francês

Em menos de um ano, os franceses manifestaram, por três vezes, ira e insatisfação com as políticas dos seus dirigentes nacionais e europeus. O “não” à Constituição Européia, em maio de 2004, a revolta dos subúrbios em novembro de 2004 e as manifestações contra o Contrato Primeiro Emprego (CPE), em março de 2005, são sintomas da crise geral que atravessa o quinto poder econômico do mundo.

Um ano antes da eleição presidencial, a França sente-se mal. Nunca, na história recente do País, os indicadores socioeconômicos foram tão inquietantes. Cerca de 100.000 pessoas estão sem abrigo, a taxa de desemprego atingiu 9,8% e a dívida pública levantou vôo (1,138 trilhão de euros, ou seja, mais de R$3,004 trilhões). Pela primeira vez desde 1945, os franceses têm o sentimento de que a próxima geração viverá em piores condições sociais que a atual. As consequências politicas dessa crise foram sentidas pelo poder Executivo: pesquisas de opinião mostram que mais de 70% da população demonstra insatisfação com o presidente da República, Jacques Chirac, da UMP (União por uma Maioria Popular), partido de direita, e com o premiê Dominique de Villepin (UMP). A promessa de Villepin de “voltar a dar confiança aos franceses”, quando chegou ao governo, em junho de 2004, parece quase surrealista.

Com a sua trindade – liberalismo econômico, política de segurança e ajuda às igrejas –, Nicolas Sarkozy, atual ministro do Interior, é o mais cotado para suceder Jacques Chirac em 2007. Apesar do seu fracasso como ministro do Interior, com o crescimento da violência nos subúrbios, ele desfruta de boa popularidade. Sua vontade de “ruptura”, aliada a uma estratégia eficaz de comunicação e o apoio maciço do maior partido francês (a UMP), fazem dele um candidato competitivo.

De seu lado, a esquerda não lança nenhum programa alternativo. Os ambientalistas do Partido Verde são os únicos a apresentarem um programa radical, de instauração de renda básica de cidadania, saída da energia nuclear, divisão dos lucros do trabalho e projetos criadores de emprego. Mas não são bem retratados pelos meios de comunicação de massa.
Principal força política de oposição, o Partido Socialista (PS) não demonstra capacidade para satisfazer as expectativas do povo francês: sem projeto, sem líder e sem relações com outros partidos de esquerda, o PS brilha por sua falta de imaginação.
A alta popularidade de Ségolène Royal nas pesquisas confirma essa impressão. Mulher do primeiro-secretário do PS, François Hollande, ela não é apreciada por suas idéias, mas pelos valores que defende (família, saúde, defesa do meio ambiente) e, bem, pelo fato de ser mulher.

Neste quadro, os partidos extremistas podem se aproveitar da situação. Em 2002, Jean-Marie le Pen, líder nacionalista e racista da Frente Nacional (FN), atingiu o segundo turno da eleição presidencial – susto que pode ser repetido não só porque, hoje, ele tem mais apoio do que há quatro anos atrás, mas pelas deficiências dos projetos partidários à esquerda.
Há, outra vez, um mal-estar na França.


Samuel Duhamel, formado em Ciência Política no Instituto de Estudos Políticos de Lille, França

La convivialité d'Ivan Illich


La critique de la société industrielle exposée par Illich dans La convivialité repose sur une réflexion non marxiste et non anarchiste du capitalisme. Elle ne s’arrête ni sur l’exploitation de l’Homme par l’Homme ni sur la domination de l’Homme par l’Etat. La critique d’Illich dénonce la servitude que la société industrielle inflige à l’Homme.


Par l’intermédiaire du concept de « contre productivité de l’outil », Illich explique qu’à un certain moment du développement industriel d’une société, les institutions mises en place par cette dernière deviennent inefficaces. Ainsi, l’école uniformise et rejette au lieu de former, la voiture immobilise au lieu de transporter, la médecine ne soigne plus mais rend malade, l’énergie n’assure plus le confort mais met en danger…

Illich ne cesse de dénoncer la démesure des « outils » dans les sociétés industrielles. L’énormité de ces derniers est telle qu’elle écrase l’individu qui perd ainsi son autonomie et sa dignité. Ainsi, lorsqu’il prend l’exemple de l’école, Illich déconstruit la vulgate scolaire laudative. A force de monopoliser la mission d’éducation, l’école n’enseigne plus : elle exclut les non diplômés. De plus, le monopole de l’école comme source d’éducation lui permet de décider seule ce qui vaut la peine d’être enseigné ou non. Ainsi, ce sont des pans entiers de savoirs utiles qui sont laissés de côté (environnement, citoyenneté, solidarité et coopération…). Selon Illich, il faudrait arrêter de sacraliser l’école comme le font de nombreux progressistes contemporains et développer d’autres formes d’apprentissage (groupes d’enseignement en réseau, maisons d’éducation permanente, échanges entre individus…).

En grand défenseur du principe d’autonomie (l’Homme doit rester libre de ses choix en toutes circonstances), Illich assène de violentes attaques à un autre « monopole radical » : la voiture. Il ne supporte pas l’idée que l’Homme soit à ce point dépendant d’un outil. Face à leur véhicule personnel, de nombreux citoyens sont ainsi passés du statut de maîtrise au statut de servitude. Illich milite pour un changement culturel du rapport Homme – voiture. Selon lui, la voiture individuelle est un moyen de transport beaucoup plus contraignant mais surtout beaucoup plus lent que le vélo par exemple. Si l’on additionne tous les coûts inhérents à la possession d’une voiture (achat du véhicule, essence, garage, révisions, péages, entretien, assurances, stationnements…) plus le temps passé à travailler pour pouvoir payer ces dépenses, on s’aperçoit que la voiture n’avance pas à une vitesse moyenne de 60 ou 70 Km/heure comme on pouvait s’y attendre mais à une vitesse de 6 Km/heure, soit beaucoup moins vite qu’un vélo, un taxi ou un transport publique.

Illich définit alors trois critères indispensables pour qu’un instrument ou une institution soit considérée comme juste ou « convivial(e) » : - il/elle ne doit pas dégrader l’autonomie personnelle (autrement dit, on doit pouvoir faire sans en cas de force majeure)
- il/elle ne suscite ni esclave, ni maître
- il/elle élargit le rayon d’action personnelle

Dans un dernier temps, Illich dénonce la croissance économique comme fin ultime des sociétés industrielles. D’après lui, après avoir atteint un certain niveau de développement économique, chaque société se met en danger à vouloir croître davantage. Il considère la croissance ininterrompue comme néfaste pour trois raisons : - elle génère des coûts sociaux (exclusion et/ou chômage, précarité, aliénation)
- elle met en péril les conditions d’existence de l’Homme sur terre
- elle crée sans cesse des besoins nouveaux

Il s’agit donc de substituer à la société industrielle dominée par des impératifs de croissance économique et financière (AVOIR PLUS), une société conviviale (BIEN ÊTRE) dans laquelle les conditions d’une vie authentiquement humaine sur terre seront assurées.

Samuel Duhamel

Tous les livres d'Ivan Illich ont été réédités chez Fayard en deux volumes en 2005


Ivan Illich (1926 – 2002) : prêtre autrichien pourfendeur de la société industrielle, Ivan Illich a dirigé l’université catholique de Porto Rico, puis fondé, à Cuernavaca (Mexique), le Centre international de documentation (CIDOC) où l’on s’initie au monde latino-américain et participe à l’analyse critique de la société industrielle. Il renonce à la prêtrise en 1969 pour se consacrer à la rédaction d’ouvrages critiques sur les « monopoles radicaux imposés par la société industrielle ». Illich rejettera ainsi l’école, la voiture, l’énergie nucléaire, la médecine conventionnelle ou le travail qu’il considère comme des outils ou institutions « non conviviaux ». Son objectif consistait à tracer des sillons libérateurs pour que l’Homme échappe à la servitude et à la domination imposés par la société industrielle et les « monopoles radicaux » que cette dernière engendre.

Agir hic et nunc pour éviter l'apocalypse !

« La hausse du prix des hydrocarbures sera la fin du monde tel que nous le connaissons. » Le constat est amer mais lucide. Voilà le mérite de Pétrole apocalypse, le dernier ouvrage d’Yves Cochet, député vert de Paris. Annonçant une crise sans précédent dans l’histoire de l’humanité, l’auteur espère alerter l’opinion publique sur une thématique peu séduisante en apparence : la fin du pétrole à bas coût. Et ça marche ! Au fil des pages, on comprend les implications potentiellement désastreuses de 150 ans de consommation de pétrole à outrance sur nos vies quotidiennes. Relocalisation de l’économie, rationnement alimentaire, fin des voyages en avion…, ce sont l’ensemble de nos pratiques sociales qui vont évoluer avec la déplétion pétrolière. Le tout avant 2020 ! Tout un programme !

Malgré un titre un peu racoleur, le livre ne tombe donc pas dans l’écueil de la démagogie. L’auteur ne cherche pas à faire peur mais à tirer la sonnette d’alarme dans un désert d’indifférence. Chez Cochet, la volonté de convaincre s’appuie avant tout sur les rapports d’experts et les avis de spécialistes. La force de l’essai repose sur la manière dont il retourne brillamment les arguments de ses détracteurs potentiels (cf. p. 135 lorsqu’il évoque le truisme de l’ancienne ministre, Nicole Fontaine, sur l’énergie nucléaire). Un livre choc donc à conseiller à celles et ceux un tant soit peu intéressés par l’avenir de l’humanité. Car, au final, dans cet ouvrage, il n’est question que de cela.

Samuel Duhamel

Pétrole Apocalypse, d’Yves Cochet, éditions Fayard, 275 pages, 19 euros

Contre le mur de la honte

La Maison de Jeunes de Comines va organiser des manifestations citoyennes contre l’édification du mur en Palestine. Soutenus par 42 associations, les jeunes veulent sensibiliser l’opinion publique sur l’illégalité de la construction. En point d’orgue, une course solidaire de plus de 600 Km pour dire non au mur de la honte.

« Ce mur est illégal. Il sera à terme trois fois plus haut et deux fois plus large que le mur de Berlin. Nous devons donc nous y opposer. » L’appel de Matthew Brubacher, chercheur à la Maison d’Orient de Jérusalem, a trouvé un écho jusqu’à Comines Belgique. Il est vrai que l’édification d’une clôture entre Israël et la Cisjordanie (nord-est de la Palestine) a de quoi surprendre. Décidée unilatéralement par l’Etat hébreu, condamnée par la Cour Internationale de Justice et l’Assemblée Générale des Nations-Unies, la construction du mur se poursuit pourtant bon an mal an.

La Maison de Jeunes de Comines s’est saisi du problème et a décidé de monter des actions de soutien avec le peuple palestinien. « Les adolescents de la Maison sont avant tout de jeunes citoyens impliqués dans l’évolution du monde. Ils ont exprimé leur volonté d’agir contre le mur en Palestine en raison de son illégalité et des drames humains et sociaux qu’il engendre », explique Marie-Aude Breyne, coordinatrice de la Maison de Jeunes ‘Carpe Diem’ de Comines. Et les raisons de la colère des jeunes ne manquent pas : expulsion de dizaines de milliers de Palestiniens, dévastations de terres, séparation de familles…

Une recherche de partenaires a ainsi été effectuée en vue d’organiser la mobilisation. Au final, une liste hétéroclite de quarante-deux associations (wallonnes, flamandes, bruxelloises, françaises et européennes) ont accepté un partenariat avec la Maison de Jeunes. Parmi les soutiens, on retrouve Amnesty International, ATTAC, l’association France Palestine Solidarité ou encore l’union des progressistes juifs de Belgique.

Trois actions sont prévues dans le courant des mois d’avril et mai. Une conférence, intitulée « Mur de sécurité ou mur de l’annexion ? » se déroulera le 20 avril au centre culturel de Comines-Warneton à 20 heures. Le 26 avril, à 20 heures à la Maison de Jeunes, le ‘Carpe Diem’ organisera un ciné-forum avec la projection du film Le mur de Simone Bitton. Enfin, clou de la mobilisation, le samedi 6 mai aura lieu une course de solidarité au stade Maison de Jeunes de Comines Belgique. Le défi de cette « course contre le mur en Palestine » est de dépasser la distance de la clôture construite en Cisjordanie, soit plus de 650 Km. Les participants devront s’inscrire par équipe de deux ou quatre et s’élancer sur cinq ou dix kilomètres.

Mais pour Marie-Aude Breyne, la mobilisation ne s’arrête pas là : « En tant que citoyens responsables, nous devons interpeller nos élus, notre ministre des Affaires Etrangères pour qu’ils fassent pression sur Israël. L’Etat hébreu doit respecter l’avis de la Cour Internationale de Justice et rentrer dans la légalité. » Qui a dit que la jeunesse était démobilisée ?

Samuel Duhamel

12.4.06

Aider ici, là, là-bas...

Profondément marqués par la misère dont est victime le Congo-Brazzaville, leur pays d’origine, Philomène Bitoumbou et son fils, Claude, ont créé une association d’entraide à Lille-Sud en 1995. Entre actions menées dans le quartier et projets internationaux, c’est une véritable dynamique solidaire qu’a enclenchée la famille Bitoumbou. Prochaine mission : l’envoi d’un container de marchandises à Brazzaville début juin.
« Penser global, agir local… et global ». L’association interculturelle et d’entraide (AIE), implantée rue de l’Arbrisseau à Lille-Sud, reprendrait bien à son compte le slogan des militants altermondialistes. A une nuance près : l’action régionale ne lui suffit pas. Défendant les valeurs de respect et de solidarité, l’AIE cherche à aider les damnés de la terre, ceux que personne ne prend en considération : « Nous nous activons dans les pays les plus pauvres du monde comme le Burkina Faso, le Cameroun ou le Nicaragua. Grâce à l’aide de notre principal partenaire, le secours populaire, nous pouvons agir à plusieurs endroits en même temps », explique Claude Bitoumbou, président de l’association. « Dernièrement, nous avons envoyé des toiles au Congo afin de créer des moustiquaires. On parle souvent des ravages du SIDA en Afrique mais on oublie trop souvent que le paludisme tue davantage… »

La culture africaine, un outil de rapprochement entres les peuples
Si les trente bénévoles de l’AIE se soucient du sort des plus pauvres, elle n’en oublie pas pour autant les habitants du quartier et des environs. Mais ici, la démarche est différente : « Notre action locale n’est pas basée sur l’aide matérielle ou sur l’acquisition d’un savoir faire permettant de sortir de la misère. Dans la région, nous préférons utiliser une arme différente mais tout aussi efficace : la culture ! », raconte Philomène, présidente d’honneur de l’association. Ainsi, l’AIE promeut l’art africain dans les écoles, les centres sociaux et les maisons de retraite de la ville. Préparation de mets, danse folkloriques, lectures de contes : les moyens de transmettre des valeurs de paix et d’entraide sont pluriels : « Dans chaque histoire que je lis, il y a une leçon à retenir et je pense que c’est un excellent moyen d’aider les jeunes et de les inciter à la réflexion ». Récemment, c’est le lycée Valentine Labé à la Madeleine qui a eu recours aux services de l’association. Deux cents repas d’origine africaine ont été préparés pour les étudiants, désireux de connaître la richesse de la culture congolaise.

Solidaires en tous lieuxToutefois, actuellement, Claude Bitoumbou s’avoue davantage occupé par le volet humanitaire de l’association. Après un report d’un an dû à des difficultés économique, un convoi de marchandises (ordinateurs, chaises roulantes, matériels scolaires…) va être envoyé à Brazzaville le 10 juin prochain. « Comme pour tous les grands projets que nous organisons, nous sollicitons l’aide de chacun : la mairie de Lille, le conseil régional, les associations du quartier, les habitants : on doit tous se mobiliser pour que cet envoi soit une réussite », affirme Claude Bitoumbou. Réceptionné par les membres de l’AIE au Congo et par les bénévoles du secours populaire, le convoi devrait venir en aide aux jeunes handicapés de Brazzaville. « Là-bas, personne ne s’occupe d’eux. Ils vivent en marge d’une société frappée par la misère. Alors si nous ne sommes pas là pour les aider, qui le fera ? » A l’AIE, la solidarité n’a décidément plus de frontières…

Samuel Duhamel

Association interculturelle et d’entraide
301, rue l’Arbrisseau à Lille-Sud
Tél : Claude Bitoumbou au 06 18 88 89 43 ou Philomène Bitoumbou au 06 60 58 23 43

Jacques Richir : « Un palais omnisport permettra des retombées économiques positives »

Fil rouge : quel avenir pour l’ancienne gare de Lille-Sud ?

Troisième interview de la semaine avec Jacques Richir, conseiller d’opposition UDF, favorable à la création d’un palais omnisport sur la friche de l’ancienne gare de marchandises.

Quel est le projet que vous voudriez mettre en place sur la friche de Lille-Sud en cas de victoire aux élections municipales en 2008 ?Avant la décision de la communauté urbaine, je souhaitais l’instauration du Grand Stade sur cet emplacement. L’ancienne gare de Lille-Sud pouvait accueillir un stade de 30.000 places, au cœur de la ville. J’ai défendu cette idée depuis mai 2003. Les Verts l’ont d’ailleurs reprise à leur compte durant les débats sur l’emplacement du futur stade. Les élus de la communauté urbaine ayant opté pour le site de la Borne de l’Espoir entre Lezennes et Villeneuve d’Ascq, je propose la création d’un palais omnisport de 10.000 à 15.000 places, comparable à celui de Paris Bercy.

Pourquoi instaurer un palais omnisport à Lille-Sud ?Je pense que Lille-Sud a besoin d’un grand équipement structurant pour retrouver une attractivité et se redonner du dynamisme. Il faut donc compléter le Grand projet de rénovation urbaine (GRPU) lancé en début d’année par un projet d’importance, capable de renouer des liens entre Lille-Sud et les autres quartiers de la ville. Si je partage cette conviction avec les Verts, je trouve que leur projet de transfert du zoo de la citadelle à Lille-Sud est mauvais car il n’est porteur d’aucune plus-value. Le zoo étant gratuit, il ne créera aucune richesse nouvelle pour Lille-Sud. Je crois donc que les neuf hectares de la friche doivent être utilisés à autre chose. Un palais omnisport aura des retombées économiques positives. C’est un projet idéal car il incitera les gens à venir à Lille-Sud et permettra à la ville d’accueillir des événements sportifs ou culturels de première importance. En plus, le site a l’avantage d’être remarquablement desservi par les transports en commun.

Avez-vous d’autres projets pour cet emplacement ?
Oui, je suis également favorable à la création d’une esplanade piétonnière de 300 mètres de long pour 100 de large, reliant le boulevard de Strasbourg à l’ancienne gare de marchandises. Martine Aubry et les Verts se sont prononcés en faveur de la couverture du périphérique, c’est une erreur ! La couverture du périphérique est un projet pharaonique, dont le coût sera exorbitant. Les Verts proposent une couverture de 750 mètres de long pour 300 de large : vous imaginez les contraintes d’architecture que cela représente ! Créer une esplanade piétonnière favoriserait les liaisons entre Lille-Sud et les autres quartiers de la ville à un coût beaucoup plus modeste. En plus, l’esplanade est en soi un projet beaucoup plus écologique que la couverture du périphérique sur plusieurs hectares. Enfin, vu les difficultés qu’ont les automobilistes pour se stationner à Lille, je propose un nouveau parking près de la porte de Postes.

Etes-vous sûr que de tels projets pourront aboutir alors que le terrain de l’ancienne gare de marchandises n’appartient ni à la mairie, ni à la communauté urbaine ?
Effectivement, pour le moment la friche appartient au Réseau Ferré de France[1]. Mais, la communauté urbaine de Lille est actuellement en pourparler pour récupérer le site. Les négociations étant largement avancées, le rachat par la communauté urbaine n’est qu’une question de temps. De nouveaux projets vont donc pouvoir voir le jour à Lille-Sud.

Propos recueillis par Samuel Duhamel

[1] Le Réseau Ferré de France est un Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Il a pour objet l’aménagement et la mise en valeur du réseau ferré national.

11.4.06

Le café du présent perpétuel

De la poussière sur la devanture, une porte grinçante, deux affiches jaune fluo portant l’inscription “A céder”. Le café des Grands vins d’Anjou, rue des Faubourgs des postes, ne fait rien pour aguicher le passant assoiffé.

L’intérieur du bistrot confirme cette impression. L’odeur de renfermé se mêle à celle des meubles anciens. Sur les murs, des photos de camions, de vieilles voitures et de nymphettes siliconées se font concurrence. Surplombant les banquette, deux images surprenantes, soigneusement glissées dans des pochettes transparentes, attirent les regards distraits : on y voit un sexe d’homme fumant une cigarette. Le message est explicite : “Arrête de fumer, t’attaques les roupettes !”

“Aux Grands vins d’Anjou”, la vie semble s’être arrêtée. Une horloge indique 8h35. Il est 13h57. Guy, le propriétaire, les bretelles acérées sur sa chemise à carreaux, regarde passer les voitures comme s’il n’en avait jamais vu. Ses quelques clients scrutent les faits et gestes des salariés de la marbrerie d’en face. Personne ne parle. En fond musical, les chansons de Mona FM se succèdent invariablement. Capri, c’est fini, Cocu mais content, Des idées bizarres... Trop concentrés à observer l’activité de la rue, les habitués du bistrot ne semblent plus écouter ces tubes d’un autre temps.

Entre nostalgie et insouciance, le café des Grands vins d’Anjou se laisse porter par le temps qui passe...

Samuel Duhamel

Michel Cucheval : « Il faut instaurer une troisième gare à Lille-Sud ou à Saint-Sauveur ! »

Fil rouge : quel avenir pour l’ancienne gare de Lille-Sud ?

Deuxième interview de la semaine avec l’élu communiste Michel Cucheval favorable à la création d’une troisième gare TER

Que pensez-vous de la proposition des Verts de transférer le zoo de la citadelle à Lille-Sud ?
Je crois que c’est de l’esbroufe. Les Verts veulent sembler originaux donc ils jouent sur les effets d’annonce. Les écologistes émettent des projets sans les avoir soumis à étude. Ils l’avaient déjà fait avec le parc Lebas et on a vu le résultat. [Les travaux du parc Lebas ont pris plusieurs mois de retard car des grenades ont été retrouvés dans la terre de remblai importée pour la construction - NDLR] Personnellement, je ne suis ni urbaniste, ni architecte mais élu. Mon objectif est donc de ne pas dépenser les deniers publics bêtement ou de manière inconséquente. Je ne sais pas si cette idée de transfert est pertinente, je préfère attendre les résultats des rapports des experts pour me positionner. Cela ne sert à rien de gloser sur un sujet que l’on ne connaît pas.

Quel est le projet des communistes pour l’ancienne gare de Lille-Sud ?
Je dirais que le projet des communistes, non seulement pour Lille-Sud mais aussi pour les autres quartiers, c’est d’aboutir au désengorgement de la ville par la voiture. Les conditions de circulation à Lille sont insupportables. Il faut donc inciter les gens à ne plus utiliser leur véhicule sans que cela coûte trop cher. Si les Verts ont compris le problème, la façon dont ils le traitent n’est pas la bonne car elle aboutit à stigmatiser l’automobiliste. Pour laisser leur voiture au garage, les utilisateurs doivent avoir un intérêt financier à le faire. C’est pourquoi les communistes proposent de baisser les prix des transports en commun et de créer de nouvelles infrastructures publiques de déplacement. L’arrivée prochaine du tram-train constitue donc un bon point de départ.

Concrètement, que proposez-vous ?
Nous devons faire des études pour instaurer une troisième gare au sein de la ville. Les deux gares existantes vont bientôt arriver à saturation car l’utilisation du train augmente de manière constante. Aux heures de pointe, un train arrive toutes les trois minutes à Lille-Flandres. Il faut donc créer une gare supplémentaire. Deux sites me paraissent envisageables pour ce nouvel équipement : la gare de triage Saint-Sauveur [dans le quartier Moulins, au sud-est de Lille - NDLR] ou la friche de Lille-Sud. Cette gare serait connectée au métro, au réseau de bus et au futur tram-train. Par ailleurs, si on veut encourager les automobilistes à laisser leur voiture chez eux, il faut des mesures incitatives : c’est pourquoi nous demandons la gratuité du train express régional (TER).

Si cette nouvelle gare ne voyait pas le jour à Lille-Sud, vers quelle idée vous tourneriez-vous ?
Certains ont parlé de couvrir le périphérique ou d’installer une esplanade piétonnière pour diminuer le bruit et favoriser les déplacements, pourquoi pas ? Je pense qu’avant de présenter un ou deux projets précis, il faut réfléchir à l’état du quartier. Malgré les avancées, Lille-Sud est encore un ghetto aujourd’hui. L’objectif doit donc être de désenclaver le quartier. Il faut réfléchir en termes d’accessibilité et de développement urbain. Les communistes soutiendront tous les projets répondant à ces impératifs de solidarité entre les quartiers et de promotion du secteur de Lille-Sud. Lançons des études et choisissons ensuite en connaissance de cause !

Propos receuillis par Samuel Duhamel

10.4.06

Eric Quiquet : « L’instauration du zoo à Lille-Sud est une garantie d’emplois et de dynamisme ! »

Fil rouge : quel avenir pour l’ancienne gare de Lille-Sud ?

Première interview de la semaine avec l’élu écologiste Eric Quiquet favorable à l’implantation du zoo de la citadelle sur la friche de l’ancienne gare de marchandises

Pourquoi voulez-vous transférez le parc zoologique de la citadelle à Lille-Sud ?Avec les Verts, nous pensons que la friche de Lille-Sud a besoin d’un équipement public fort, capable de créer des liens avec les autres quartiers de la ville, notamment Wazemmes et Moulins. Faute de pouvoir agrandir Grimonprez-Jooris, nous avions d’abord proposé de construire un stade de 30.000 places sur cet espace. Malheureusement, la communauté urbaine a décidé d’implanter le Grand Stade sur le site de la borne de l’espoir entre Lezennes et Villeneuve d’Ascq. Résultat : nous devons financer un stade de 50.000 places au coût exorbitant de 300 millions d’euros. C’est d’autant plus dommage que le futur stade sera mal desservi par les transports en commun. Face à cette absence de stratégie globale, nous devons nous démarquer en proposant des projets ambitieux pour la friche de Lille-Sud.

Pourquoi le zoo ne peut-il pas rester là où il est ?Le zoo est à l’étroit à la citadelle. Le site actuel du parc zoologique mesure trois hectares et demi, celui de l’ancienne gare de Lille-Sud environ neuf hectares. N’oubliez pas que le zoo de Lille est le site le plus visité de la ville, avec des pics à 30.000 visiteurs par jour. Comme Franck Haelewyn [directeur du parc zoologique - NDLR], je pense que le zoo n’est plus à la dimension de son succès. Il faut donc trouver un autre endroit pour que le zoo puisse continuer à se développer. Deux emplacements sont possibles : le magasin du pavé, derrière la porte de Strasbourg, au nord-ouest de la ville et la friche de Lille-Sud. Pour des raisons d’équilibre urbain, nous privilégions la seconde solution.

Quels seraient les avantages de l’instauration du zoo à Lille-Sud pour le quartier et ses habitants ?
Le projet du zoo est un projet dynamique car il est générateur d’emplois locaux et de bien-être pour les habitants du quartier. Contrairement à une salle de concert ou à un palais omnisport, le zoo accueille le public cinq ou six jours par semaine. En plus, c’est un projet que les habitants de Lille-Sud pourront s’approprier car il est populaire, accessible et donne une nouvelle attractivité au quartier. Par ailleurs, il serait situé à quelques pas du jardin botanique, ce qui permettrait de créer un ensemble d’équipements verts de qualité au sein du quartier.

Est-ce le seul projet à mettre en place à Lille-Sud ces prochaines années ?Non, je pense qu’il faut également recouvrir le périphérique. C’est une condition nécessaire pour donner du sens à la requalification du secteur. Ce projet aurait le double mérite de tisser plus de liens entre Lille-Sud et le reste de la ville et de diminuer la pollution sonore. Le périphérique est une balafre urbaine qu’il faut effacer partiellement. Sa couverture permettrait aux piétons de circuler plus facilement et favoriserait les échanges entre Lille-Sud et les autres quartiers. D’ailleurs, Martine Aubry considère que ce projet de couverture est une nécessité à moyen ou long terme. Je crois donc qu’il va falloir y venir !


Le transfert du zoo, la couverture du périphérique : ces projets sont-ils finançables ?Il est vrai que nos propositions sont ambitieuses. Mais, je pense que pour relancer la dynamique dans le sud de la ville, il faut faire des efforts financiers. Le transfert du zoo entrerait dans le contrat de plan Etat-Région et serait donc financé à plusieurs échelles. Quant à la couverture du périphérique, elle est envisageable. L’opération a d’ailleurs été réalisée à Paris sur cinq hectares pour environ 170 millions d’euros.

Propos recueillis par Samuel Duhamel

7.4.06

Contre l’oubli et l’injustice, l’action citoyenne continue

Survie se mobilise en mémoire des Tutsis exterminés lors du génocide au Rwanda en 1994

L’association Survie organisait jeudi à la cave des Célestines une conférence sur l’implication française dans le massacre des Tutsis. Quasiment douze ans jour pour jour après le début du génocide au Rwanda, la mobilisation se poursuit pour que les responsables rwandais et leurs complices français soient enfin condamnés.

« Si nos compatriotes étaient au courant d’une infime partie de ce que l’Etat français a fait au Rwanda au début des années 1990, ils seraient profondément révoltés. » Isabelle Sagnet, vice-présidente de Survie Nord, se veut sans concession. D’après elle, la France a été complice du génocide d’au moins huit cent mille Tutsis au Rwanda d’avril à juillet 1994. Huit cent mille morts en trois mois, dix mille par jour : le caractère exceptionnel du bilan chiffré finit par brouiller la réalité. S’appuyant sur l’ouvrage du juriste Géraud de la Pradelle[1], Isabelle Sagnet accompagnée d’Anne Merckaert, présidente de Survie-Nord, et Sewa Lassey, de l’association Amitié judéo-noire, ont expliqué à une vingtaine de citoyens présents les causes et le déroulement de la guerre au Rwanda, « programmée avec l’aval des autorités françaises ».

Mobilisation perpétuelleLes difficultés auxquelles se heurtent Survie et les autres associations militant pour que la vérité éclate dans les conflit rwandais sont énormes : désintérêt des médias, publication d’ouvrages minimisant ou réfutant la participation de la France dans le massacre, impunité des dirigeants… Pourtant, la commission d’enquête citoyenne sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda, lancée en mars 2004, a établi une forte présomption de complicité de la France avec le gouvernement génocidaire. « La France n’a jamais reconnu la gravité des actes commis durant cette période, il n’y a pas eu de remise en cause. On voit ainsi que la démocratie n’est pas un acquis mais bien une lutte permanente », explique Sewa Lassey.

Responsabilité française dans le génocideLes raisons de la mobilisation de Survie sont d’autant plus légitimes qu’elles se heurtent à l’impunité dont profitent les dirigeants politiques. Les déclarations de François Mitterrand (« Un génocide dans ces pays-là, ce n’est pas très important ») ou plus récemment de Jacques Chirac (« L’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie ») montrent pourtant l’irresponsabilité de la France dans ses relations avec les pays d’Afrique ces dernières années. D’après Isabelle Sagnet, au Rwanda, les militaires français auraient « livré des rescapés Tutsis aux génocidaires Hutus, assassiné des Tutsis, violé des rescapées » ou « laissé des massacres se perpétrer dans la ‘zone de sécurité’ qu’ils administraient ». Le tout aurait été orchestré avec l’accord au moins tacite des dirigeants de l’époque dont François Mitterrand, Edouard Balladur, François Léotard, Alain Juppé…. Le rapport de la Commission d’enquête citoyenne initiée par Survie fait ainsi état d’une « complicité militaire, financière et diplomatique » de la France avec le régime rwandais. « Nous ne critiquons pas l’action de notre pays pour le plaisir, assure Anne Merckaert, mais parce que nous ne voulons pas que des crimes soient commis en notre nom. »

Vers davantage de maturité politique ?Survie propose donc des réformes pour que de tels drames ne se reproduisent plus : la lutte contre l’impunité des gouvernants, le renforcement du poids du Parlement face au chef de l’Etat, le contrôle des transferts d’armements de France vers des pays Africains doivent être les points de départ d’une action politique responsable et citoyenne. Car avant de vouloir aider l’Afrique, il faut d’abord cesser de lui nuire.

Pour plus d’informations : contactez Survie Nord au 03 20 36 15 30 ou survienord@club-internet.fr
Site : www.fraternet.org/survienord

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Samuel Duhamel

[1] Imprescriptible, l’implication française dans le génocide tutsi portée devant les tribunaux, Géraud de la Pradelle, éditions Les Arènes, 2005

6.4.06

Un terrain vague divise les élus lillois

Fil rouge : quel avenir pour l’ancienne gare de Lille-Sud ?

La proposition des Verts de transférer le zoo de la citadelle à Lille-Sud ne laisse personne indifférent à la mairie de Lille. Si certains trouvent l’idée intéressante, plusieurs contre-projets sont déjà évoqués au sein des différents groupes politiques. Création d’une troisième gare, construction d’un palais omnisport, développement d’entreprises… Le terrain vague de Lille-Sud risque de ne plus l’être pour très longtemps.

C’est ce qu’on appelle « jeter un pavé dans la mare ». Depuis qu’Eric Quiquet a rendu publique la volonté des Verts de déplacer le parc zoologique à Lille-Sud, le sort de l’ancienne gare de marchandises est devenu un sujet de discussion récurrent à la mairie de Lille. « C’était notre objectif ! » affirme l’adjoint au maire écologiste. « On cherche à obliger les gens à se positionner sur nos propositions. On pose des balises et ensuite les autres forces politiques sont contraintes de les utiliser comme références. » Destiné à redynamiser le quartier de Lille-Sud, le transfert du zoo aurait également l’avantage de désenclaver le jardin botanique, situé à quelques encablures. « Lille-Sud a besoin d’un équipement urbain structurant et générateur d’emplois et de lien social. Le parc zoologique répond à ces critères. Et puis, comme le zoo est à l’étroit à la citadelle[1], le déplacer à Lille-Sud permettrait de faire d’une pierre deux coups. »

Une troisième gare ?Si Bernard Charles, président socialiste de la mairie de quartier de Lille-Sud trouve l’idée « intéressante », Michel Cucheval, du groupe communiste, se veut plus réservé. « Les Verts cherchent à jouer la carte de l’originalité. Cette proposition de transfert, c’est d’abord un effet d’annonce. Pour le moment, le projet de déplacement du zoo ne repose sur aucune étude sérieuse. » Pour l’adjoint communiste, la priorité réside dans la construction d'une troisième gare à Lille… et le site de Lille-Sud pourrait s’avérer pertinent : « L’objectif des communistes, c’est de résoudre le problème de la circulation. Il faut donc développer les infrastructures ferroviaires. Dans Lille intra-muros, deux emplacements sont envisageables : la gare Saint-Sauveur à Moulins et l’ancienne gare de marchandises à Lille-Sud ».

Un palais des sports ?Dans l’opposition, les projets de reconversion de la friche de Lille-Sud sont tout autres. Jacques Richir (UDF) évoque « un palais omnisports type Paris Bercy de 10.000 ou 15.000 places pour compléter le projet de renouvellement urbain. » S’il partage l’idée de créer une infrastructure d’importance sur la friche de neuf hectares de Lille-Sud, il considère que « le zoo est une mauvaise idée car il n’est porteur d’aucune plus-value ». Même son de cloche chez Loïc Lesserre, conseiller d’opposition (UMP) qui affirme que « les Verts font preuve d’une ignorance absolue » sur « l’attachement des Lillois au zoo à la citadelle ». « Transférer le zoo aboutirait à une ‘ségrégation des loisirs’ entre les habitants de Lille-Sud et les autres. Ce qu’il faut, c’est favoriser la zone franche existante en développant de nouvelles activités économiques et en aidant les entreprises. Instaurer un palais des sports peut être une solution pertinente.»

Toutefois, quel que soit le projet retenu, le début des travaux n’est pour tout de suite. Rachat du site au Réseau Ferré de France, études de coût et faisabilité, vote d’un projet… les étapes sont encore nombreuses. Les élections municipales de 2008 risquent d’être décisives dans le choix final du projet. On n’a donc pas fini d’entendre parler du terrain vague de Lille-Sud.

Samuel Duhamel

[1] Avec des pics à plus de 30.000 visiteurs par jour, le parc zoologique est le site touristique lillois le plus visité. Mais selon son directeur, Franck Haelewyn, « le zoo est victime de son succès et ne peut plus se développer sur son emplacement actuel ».

Lille-Sud, en quête d'une nouvelle image

Considéré comme le "quartier difficile" de la capitale des Flandres, Lille-Sud voit son paysage urbanistique se modifier depuis plusieurs années. Derrière ces transformations, une ambition : rompre avec la stigmatisation dont le quartier fait l’objet.

Des hôpitaux, des industries, d’innombrables barres de HLM, un cimetière immense en guise d’espace vert… Le décor est planté : Lille-Sud ne fait pas rêver ! Malgré les efforts de la municipalité pour dynamiser le quartier et l’acquisition du statut de zone franche urbaine en 1997 , le quartier reste une zone sinistrée au sein de la ville de Lille. Ou plutôt en dehors : séparé du reste de la métropole par l’imposant boulevard périphérique, Lille-Sud est perçu par de nombreux Lillois comme un lieu de relégation sociale. « La première chose qui me vient à l’esprit quand je pense à mon quartier, c’est la délinquance. Le soir, quand je rentre chez moi à pied, je me fais toujours accoster par plusieurs bandes de jeunes. Ce n’est pas rassurant » affirme Stéphanie Robert, propriétaire d’un appartement, rue de Cannes.
Les causes de cette instabilité sont nombreuses : un taux d’activité plongeant sous les quarante points , des habitations insalubres, un manque criant d’infrastructures, une pollution sonore et atmosphérique…

Un quartier en chantier
Pourtant, la roue semble tourner. Longtemps paralysé par l’immobilisme des pouvoirs publics et la crainte des investisseurs, Lille-Sud a entamé sa mue. Plus de 350 entreprises se sont ainsi installées depuis 1997. En 2004, un parc indoor de 3.000 m² ouvrait ses portes pour accueillir les fondus de sport de glisse (la Halle de Glisse). Et depuis d’autres chantiers ont été lancés : les trottoirs du Faubourg des Postes, l’école Turgot, le pont des Postes…
A Lille-Sud, les bras métalliques de grues souveraines font de l’ombre aux passants. Fin 2006, la construction du nouvel Hôtel de Police de Lille sera achevée. Le nouveau commissariat accueillera quelque 1.700 gardiens de la paix, rue Maquillies. Autre projet d’envergure : le « Faubourg des modes » avec l’ouverture prochaine d’une quinzaine d’ateliers de haute couture destinés à soutenir de jeunes créateurs. Si la nature de ces réalisations surprend, les réactions de la population sont positives : « Amener des policiers et des stylistes dans un quartier en difficulté pouvait générer des tensions. Pourtant, les échos que l’on reçoit des habitants du quartier sont largement favorables », assure Cédric Tourbez, chargé de mission à la mairie de quartier de Lille-Sud.

Plus d’équipements pour plus de vie
Au coeur de ces changements, le Grand Projet de Rénovation Urbaine (GPRU) lancé par la mairie en début d’année. Lille-Sud est le principal quartier à bénéficier des aménagements. A terme, environ mille logements nouveaux seront disponibles dans le secteur. Un parc public, une salle polyvalente, un hôtel d’entreprises vont y être implantés. « Notre objectif est de transformer le quartier en cinq ou six ans. Pour cela, il faut créer de vrais espaces publics et instaurer plus de convivialité entre les habitants » explique Alain Cacheux, adjoint de Martine Aubry à l’urbanisme (PS).
Changer de visage pour changer d’image, le pari de Lille-Sud est ambitieux. Voilà sans doute le prix à payer pour se défaire d’une réputation sulfureuse que le quartier traîne depuis de longues années.

Samuel Duhamel

On dirait Lille-Sud

Les étudiants de première année de l'ESJ ont commencé leur session "Lille on Line". Au menu, des articles en tout genre sur les dix quartiers de Lille et les communes associées de Lomme et Hellemmes.

A titre personnel, je suis chargé du quartier Lille-Sud. Bonne lecture.
Pour plus d'informations : http://lille-online.fautvoir.com

C’est un endroit qui ressemble à la Bourgogne
Nord de Tourcoing
Il y a des travaux un peu partout dans la ville
Et c’est fort bien

On dirait Lille Sud, le temps dure longtemps
Et la vie sûrement plus d’un million d’années
Et toujours en cité

Y’a plein d’voitures qui polluent des routes étroites
Y’a plein d’immeubles, Y’a même des rats, des grues, un cimetière
Il ne manque rien

On dirait Lille Sud, le temps dure longtemps
Et la vie sûrement plus d’un million d’années
Et toujours en cité

Un jour ou l’autre, il faudra qu’il y ait la guerre,
On le sait bien
Voitures en feu et violents échanges de pierres
On dit, c’est le destin

Tant pis pour Lille Sud, c’était pourtant bien
On aurait pu vivre plus d’un million d’années
Et toujours en cité.

Samuel Duhamel avec la complicité de Nino Ferrer