26.12.06

L'hiver sera chaud

Le VAFC de Steve Savidan a dû lutter jusqu'à l'ultime seconde pour conserver son avantage et battre le Club Sportif Sedan Ardennes lors de la 19e journée du championnat de Ligue 1. Les Nordistes comptent désormais 21 points et disposent de 4 unités d'avance sur Troyes, actuel premier relégable. L'hiver sera chaud dans le Hainaut.

Pour écouter les buts du match, cliquez ci-dessous.
Valenciennes - Sedan.mp3

4.12.06

Premier sur 19

Des occasions, du spectacle et des buts... Le Racing club de Lens s'est facilement imposé, samedi soir, contre les Girondins de Bordeaux, pour le compte de la 16e journée du championnat de Ligue 1. Retrouvez les 3 buts en cliquant ci-dessous.

27.11.06

Savigol a encore frappé

Le Valenciennes Football Club a battu l'AS Nancy Lorraine un but à zéro, dimanche 26 novembre pour le compte de la 15e journée du championnat de Ligue 1. Retrouvez le but éclair de Steve Savidan en cliquant ci-dessous.

19.11.06

Lens Nantes


Le Racing Club de Lens a battu le Football Club Nantes Atlantique 2 à 0 samedi soir à Bollaert, pour le compte de la 14e journée du championnat de Ligue 1. Réécoutez les buts en cliquant ci-dessus.

12.11.06

Une minute assourdissante

19h59, ce samedi 11 novembre au stade Félix-Bollaert. Les « Sang et or » de Lens s’apprêtent à défier le stade rennais dans un match de championnat ordinaire. Dans les travées, 34 000 supporters passionnés chantent à tue-tête à la gloire de leurs héros. Convivialité, plaisir d’être ensemble et chaleur humaine sont les ingrédients utilisés par les c’htis lensois pour faire grimper la température.
Deux speakers, sortes de Laurel et Hardy des temps modernes, font monter l’ambiance dans les tribunes du meilleur public de France. « Est-ce que la tribune Delacourt est en formeeeeeeeeeeeeeee ? » Le public répond comme un seul homme, feignant d’oublier les tracas du quotidien. « Ouaihhhhhhhhhh ! »Les secondes s’égrainent : il n’en reste plus beaucoup avant que les attaquants rennais donnent le coup d’envoi. Petit à petit, l’excitation devient plus intense. Et soudain sonnent les 20h00 : l’arbitre met son sifflet à la bouche, le match commence. Pour ces milliers de supporters venus encourager leurs joueurs, c’est la délivrance. Pour des centaines d’autres venus au stade pour le plaisir, c’est l’incompréhension.
11 novembre 2006 : 88 ans que l’armistice de la Grande Guerre a été signé. 8 millions de morts, six millions d’invalides, des milliers de gueules cassées… Morts pour la France et pour la Liberté. Morts pour qu’un siècle après, on puisse jouer au foot tranquillement dans un stade de province. On aurait aimé une minute de silence en pareille occasion. Ni les arbitres, ni les joueurs ne semblent être perturbés par une telle omission. Score final : 0 à 0.

Samuel Duhamel

2.11.06

Suburbios : um ano depois, nada mudou !

Várias mortes, 500 cidades atingidas, milhões de euros em estragos, filhos de imigrantes rebelados, cerca de 3.000 prisões, 8.970 carros incendiados. Há um ano, a França atravessou a sua pior crise social desde os eventos de maio 1968. Três semanas de terror durante as quais os direitos e as liberdades individuais não eram mais respeitados. “O maior motim francês”, na opinião do sociólogo Sébastien Roché, especialista em subúrbios e violência urbana. “Uma revolta popular sem precedente”, de acordo com os Renseignements Généraux, encarregados de explicar os fenômenos sociais às autoridades.
No entanto, o governo de Dominique de Villepin (UMP – direita) não parece ter compreendido o quanto a crise dos subúrbios era grave. Um ano depois, nenhuma reforma de importância foi implementada para melhorar a vida dos habitantes dos bairros populares. Poucos dias após o motim, o governo prometeu instalar um sistema de currículos anônimos nas empresas para lutar contra a discriminação contra os imigrantes. Nada se fez. O ministro do Interior, Nicolas Sarkozy, prometeu zerar a delinqüência juvenil nas periferias. Nada se fez. O ministro do emprego, Jean-Louis Borloo, prometeu incentivar “a igualdade das chances” para que um jovem dos subúrbios tenha as mesmas oportunidades que um jovem de Paris. Foi um fracasso. Nenhuma comissão parlamentar foi criada para analisar as raízes da crise. Pior ainda, nenhuma base de informação foi concebida pelo governo. Todas as informações dadas ao público sobre o perfil sociológico dos rebeldes e suas reivindicações vêm de fontes científicas independentes ou de associações locais. Em resumo: o balanço da crise dos subúrbios não foi tirado pelas autoridades. O resultado é catastrófico: a taxa de desemprego atinge os 40% na categoria 18-25 anos nas periferias, contra 9% noutro lugar, a maioria das cidades periféricas carece de serviços públicos, o problema da habitação é preocupante... Parece esquecida a mensagem de desespero dos jovens de Clichy-sous-Bois, Sarcelles, Lille-Sud e dos outros bairros populares.
E como os motivos da ira não desapareceram, as probabilidades de ver uma nova crise acontecer são altas. Os Renseignements généraux estimam que o governo tem de considerar “a possibilidade de violências estruturadas e não mais espontâneas, como no último ano contra as instituições republicanas”. De fato, o governo não entendeu nada da crise das periferias e continua a provocar. Símbolo da irresponsabilidade governamental: a viagem do ministro do Interior, Nicolas Sarkozy, à Lozère, um departamento rural conservador e próspero, em 27 de outubro, 365 dias após o início dos motins. Em frente aos plutocratas reunidos para apoiá-lo, falou que conhecia “os sofrimentos, os pedidos, as necessidades e as inquietações do povo daqui em termos de serviços públicos, de acesso a internet, de desertificação...”. Um discurso que nunca pronunciou nos súburbios diante de jovens sem futuro.

Samuel Duhamel

30.10.06

Affaire Elf, Lambert du décor

C’est l’histoire de 37 malfrats accusés d’abus de biens sociaux, détournements de fonds publics et de recels aggravés. Comme les escrocs, ils agissaient dans l’ombre en s’attaquant aux proies les plus faibles et les moins exposées. Comme les voleurs de rue, ils croyaient échapper pour toujours au travail inquisiteur de la Justice. Cupides, cyniques et égotistes, ils nageaient dans leur fourberie avec une allégresse sans vergogne. Une affaire banale de corruption ? Non ! Ici, les bandits sont en col blanc et les sommes détournées atteignent les millions d’euros. Bienvenue dans l’affaire Elf, le plus grand scandale politico financier des cinquante dernières années. En 2003, le procès des dirigeants de l’ancienne compagnie nationale d’énergie a fait les grands titres de la presse française et européenne mais les faits reprochés aux sieurs Le Floch-Prigent, Guelfi, Tarallo et consorts sont tels qu’une piqûre de rappel s’avère indispensable. C’est l’objet de la pièce Elf la pompe Afrique, en tournée dans l’Hexagone depuis 2004.

Dans un décor minimaliste où chaque objet a son importance, l’auteur et comédien Nicolas Lambert reconstitue avec minutie les quatre mois de procès. Seul sur scène, il campe une dizaine de personnages avec ingéniosité imitant les mimiques des uns et des autres sans tomber dans la caricature. Stupéfaction du juge devant les déclarations ubuesques des accusés, dédain teinté d’ironie de Louis Le Floch-Prigent, impudence déconcertante d’Alfred Sirven, mauvaise foi irritante d’André Tarallo… Il n’est pas besoin de masque ou de maquillage pour distinguer les personnages. Le génie de la pièce de Nicolas Lambert consiste à reprendre uniquement les phrases prononcées lors des audiences du tribunal correctionnel de Paris. Résultat : un texte savoureux digne de Labiche ou de Guitry. Le burlesque (Le juge à Guelfi : « Vous vous trouvez dans le même tribunal que Marie-Antoinette lors de son procès ! », Guelfi : « Qui çà ? », Le juge : « Marie-Antoinette, la femme de Louis XVI ! », Guelfi : « Et combien elle a pris, monsieur le juge ? ») succède au pathétique (Sirven : « Je n’ai jamais proposé l’argent de la compagnie à quiconque, monsieur le juge. Je ne le donnais que lorsqu’on me le demandait… et j’en tire une fierté personnelle ! ») dans un tempo bien senti.

Mais l’essentiel est ailleurs : la pièce de Lambert rappelle les sombres implications politiques de l’affaire Elf. Ce ne sont pas seulement 37 anciens officiels de la compagnie pétrolière qui ont été jugés devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, c’est aussi un régime politique entier. Chefs de l’Etat coupables d’entretenir des relations amicales avec des dictateurs sanguinaires pour préserver l’intérêt de la France, ministres encourageant le pillage de l’Afrique au bénéfice d’une entreprise milliardaire, hauts fonctionnaires empêchant le travail efficace de la Justice… L’addition est salée pour « la patrie des droits de l’homme ».
A l’heure où les grands médias industriels dispensent des informations de plus en plus aseptisées, on ne peut que se réjouir de voir Nicolas Lambert revenir avec brio sur ce scandale d’Etat. Plus qu’une pièce de théâtre, c’est à un cours d’histoire et d’instruction civique que l’on assiste en allant voir Elf la pompe Afrique. A six mois des élections présidentielle et législatives, la leçon est salutaire…

Samuel Duhamel

Pour en savoir plus sur la pièce et découvrir les prochaines dates de la tournée : http://www.unpasdecote.org/

25.10.06

« Avec la pièce, je veux que les gens comprennent mieux le monde dans lequel on vit. »


Entretien avec Nicolas Lambert (auteur, metteur en scène et comédien de la pièce Elf, la pompe Afrique)
Pourquoi avoir décidé de suivre les quatre mois de procès des 37 anciens dirigeants d’Elf en 2003 ?A l’époque, je souhaitais faire un travail sur la justice et plus précisément sur cette monstruosité qu’est le système carcéral. Je suis donc allé voir plusieurs procès pour m’imprégner de l’ambiance, découvrir le rôle des juges, des avocats, du procureur… Et puis, je suis allé assister au procès Elf. Ca a été une grande surprise : cette affaire condensait une série impressionnante de problèmes et de dysfonctionnements à tous les niveaux (politiques, financiers, économiques…). Après le procès, j’ai abandonné une idée de spectacle que j’avais déjà commencé. Je devais faire une pièce sur le procès Elf, cette affaire s’imposait à moi. Je ne pouvais plus faire autrement.

Quels sont vos objectifs avec cette pièce ? Quels buts voulez-vous atteindre ?Mes ambitions avec Elf la pompe Afrique sont nombreuses. Je souhaite d’abord faire venir des gens qui ne sont pas habitués à aller au théâtre. J’ai joué dans des petites salles, des bistrots, des amphithéâtres pour qu’un maximum de citoyens puissent voir la pièce et apprendre ce qui s’est passé dans les arcanes de la société Elf pendant toutes ces années. Je veux aussi proposer au public une pièce de notre époque, une histoire qui les touche par sa contemporanéité. J’aime beaucoup Molière, Shakespeare ou Marivaux mais je trouve çà bien aussi de voir des pièces d’aujourd’hui, plus proches de nous. Autre objectif : faire en sorte que les spectateurs passent un bon moment. La pièce dure pas loin de trois heures, il est donc important qu’ils prennent du plaisir en me voyant jouer et en découvrant les horreurs qu’ont commises les personnages que j’interprète. Enfin, je souhaite vraiment que les gens sortent de la pièce armés d’autre chose que de l’information aseptisée qu’ils regardent à la télé. De grands groupes industriels ont fait main basse sur l’information et la culture. Moi, je veux que les gens utilisent leur temps de cerveau disponible pour autre chose que la publicité. Si les gens sortent du théâtre en comprenant davantage le monde dans lequel on vit, j’aurais réussi ma mission.

Dans votre pièce, de nombreux chefs d’Etat ou ministres en prennent pour leur grade. N’avez-vous pas peur que votre pièce dégoûte les spectateurs de la vie politique et conforte le sentiment partagé du « tous pourris » ?
Après avoir vu Elf la pompe Afrique, le risque d’être déçu de la politique et de nos représentants existe. Mais dans le même temps, à force de regarder des émissions de télé réalité ou de divertissement, le risque de rejet du politique existe aussi. Quelque part, assister à la pièce est un exercice pénible, c’est sûr… mais je n’en suis pas responsable. Je suis juste le rapporteur de ce qui s’est passé. Il faut maintenant tourner la page Elf et tenter d’en écrire une nouvelle. La pièce doit donner envie d’agir, de résister, de réfléchir… Il me semble de mon devoir de jouer des pièces qui permettent une prise de conscience. De Gaulle savait qu’Elf était une société corrompue qui pillait l’Afrique à l’avantage de quelques uns, il n’a pas bougé. Mitterrand non plus. Chirac non plus… Maintenant, nous aussi, nous savons. Et nous nous devons d’agir pour changer les choses.

A entendre certaines répliques, on a du mal à croire que toutes les phrases aient été tirées du procès. Comment les accusés ont-ils pu tenir des propos aussi ridicules ou irresponsables ?Les hautes fonctions, l’argent facile, le sentiment d’impunité… tout cela peut aboutir à de telles dérives. Mais la grande médiocrité de l’affaire Elf peut se comprendre : on peut être aveuglé par tant de fastes et d’apparats. La simplicité et la niaiserie des accusés montrent aussi qu’il n’est pas besoin d’avoir fait bac + 8 pour faire de la politique. Que des gens aussi bêtes et primaires aient occupé des fonctions aussi importantes montrent que la politique, l’économie, la diplomatie, ce n’est pas aussi compliqué que cela. Quand un homme politique décidé de vendre des armes à un dictateur en échange d’un pétrole bon marché, il est facile de comprendre que l’intérêt économique passe avant les droits de l’homme. Quand des hommes d’affaire ouvrent des comptes dans des paradis fiscaux pour ne pas imposés au mépris du droit international, il est facile de comprendre que l’intérêt économique passe avant les droits de l’homme. Aujourd’hui, le groupe Total est plus puissant que l’Etat français vu les profits pharamineux qu’il draine[1] et la dépendance pétrolière de notre société. Cela est aussi facile à comprendre mais cela doit nous poser des questions.

Après quatre mois de procès et deux ans de tournée, que vous inspirent aujourd’hui les principaux personnages que vous incarnez (Le Floch-Prigent, Sirven, Tarallo…) ?Rien de bien. Dans ma pièce, j’essaie de leur donner un maximum de sympathie, de les rendre humais, de montrer aux gens que ce ne sont pas des gros monstres. Ils ont fait d’immenses conneries mais chacun d’entre nous pourrait faire les mêmes sans vigilance et sans sens critique. Heureusement, je ne me laisse pas bouffer par mes personnages : j’ai beau vouloir les humaniser le plus possible sur scène, je vois toujours leur mauvaise foi, leur cynisme et leur médiocrité. Ces gens ont profité d’un système injuste qui les a servis pendant plusieurs années. Moi, j’ai envie de me battre contre ce système.

Pourquoi avoir décidé de camper autant de personnages seul ?Pour trois raisons : d’abord, j’ai fait la pièce à une époque où je voulais bosser en solo. Ensuite, j’étais le seul à avoir assisté au procès et il aurait été difficile d’expliquer à d’autres comédiens les gestes, mimiques et comportements des accusés sans qu’ils ne les aient vus. Enfin, j’ai joué la pièce des dizaines de fois sans être rémunéré pour des amis, des étudiants ou des associations que j’apprécie. Je ne sais pas si d’autres comédiens auraient pu ou voulu accepter cela.

Pensez-vous qu’Alfred Sirven ait été assassiné ?Aucune idée… mais vu le nombre de macchabées qu’a laissés l’affaire Elf derrière elle, je me dis que c’est possible !

Que peut-on faire pour que la France et Total aujourd’hui cessent de sucer le sang et les richesses des anciens pays colonisés et arrêtent de soutenir les dictatures sur place ?
Il faut informer, aller voir plus loin que ce que l’on dit dans les journaux télé, se poser des questions sur l’origine des informations que l’on reçoit, interpeller nos élus, soutenir des associations qui se battent pour assainir les relations franco-africaines et contre les mensonges d’Etat. En un mot, il ne faut pas se laisser endormir par le système. Mais attention : le système est fort, c’est une machine qui broie les libertés et les droits, qui préserve les privilèges de quelques uns, qui empêche le travail de la justice. Méfions-nous aussi de cette gigantesque industrie du divertissement qui veut nous endormir. Pourquoi les marchands d’arme et les grands industriels, qui détiennent les médias de masse, veulent-ils nous divertir avec leurs émissions débiles et leurs magazines voyeuristes ? Quels intérêts ont-ils à çà ?

Que vous inspire la mise en examen récente de Christophe de Margerie, numéro 2 de Total, pour complicité d’abus de biens sociaux et complicité de corruption d’agents publics étrangers ?L’affaire Elf semble se poursuivre. Espérons que, cette fois, le juge d’instruction [Philippe Courroye] puisse effectuer son travail sereinement et sans être menacé. Ca n’a malheureusement pas été le cas d’Eva Joly, la juge d’instruction de l’affaire Elf, l’a été pendant ses huit ans d’instruction… Alors restons debout, les yeux ouverts.

Propos recueillis par Samuel Duhamel
[1] Plus de 13 milliards d’euros en 2005

22.10.06

La pensée du jour

Une croissance indéfinie est impossible, nous n'avons qu'une seule Terre, mais une civilisation du bonheur est possible. Les solutions existent, mais l'opinion les ignore car les structures actuelles et les détenteurs du pouvoir économique et politique s'y opposent.

René Dumont

18.10.06

A utopia concreta da renda basica de cidadania

"Eu agora estou convencido de que o mais simples meio provará ser o mais eficaz – a solução para a pobreza é aboli-la diretamente por meio de uma medida amplamente discutida: a renda garantida."Martin Luther King
Where do we go from here? Chaos or community


Mais uma prova! Desta vez, é certo: os defensores da renda de existência não são ingênuos que não refletem. Pelo contrário, o livro Renda básica de cidadania: a resposta dada pelo vento, do senador e economista Eduardo Suplicy, mostra com brio que a implementação de um salário incondicional distribuído a cada um será a maior reforma social do século 21. Num estilo claro e didático, o autor da lei que instituiu a renda básica no Brasil explica as inúmeras vantagens de tal salário: eliminação da burocracia, desaparecimento do sentimento de estigmatização ou vergonha na hora de receber a renda, estímulo ao trabalho, aumento da demanda por bens e serviços, liberdade maior para os mais humildes frente a uma proposta de trabalho desumanizante...
Pois bem, por que os detendores de capital, os que não precisam trabalhar para viver, deveriam ser os únicos cidadãos a não cuidarem das suas condições de sobrevida?
Basta ver os nomes dos grandes filósofos, economistas e homens políticos que defenderam a renda de cidadania para se dar conta de que a idéia não é irrealista: Confucius, Thomas Paine, Condorcet, Yves Cochet e os prêmios Nobel de economia John Maynard Keynes, James Meade, John Tinberghen, Robert Solow e James Tobin. A renda básica dá a oportunidade de colocar o ser humano em primeiro lugar diante do economicismo ambiente.
A força do ensaio de Suplicy é mostrar o que seria a vida com a implementaçao de uma renda garantida para todos. Mais leve, mais igual, mais justa, mais simples..., a existência de cada membro da sociedade seria facilitada. Então, por que é que o poder político, em todos os países do mundo, não instala um dividendo social que permita a todos o atendimento de suas necessidades vitais? O Suplicy acaba o livro com essa frase: "O Brasil será melhor quando a renda básica de cidadania estiver em plena vigência". Após leitura, ninguém irá contestá-la.
Samuel Duhamel


Renda basica de cidadania : a resposta dada pelo vento, de Eduardo Suplicy, éditions L&PM Pocket, 8 Rs

9.10.06

La révolution manquée de Lula da Silva

Dans son œuvre majeure Dom Casmurro, l’écrivain brésilien Machado de Assis raconte le destin tragique de Capitú, une jolie jeune femme appréciée de tous pour sa générosité et son courage. Au fil des pages, les regards portés sur la belle évoluent : l’admiration laisse la place au doute, la reconnaissance à la frustration. Pourtant, Capitú affirme être restée la même et n’avoir jamais trahi son entourage.
106 ans après Dom Casmurro, l’histoire de Machado de Assis semble se répéter, dans la vie réelle cette fois. Capitú a laissé sa place au président Luiz Inácio Lula da Silva dans le rôle du héros controversé. Contrairement à 2002, le leader du parti des travailleurs (PT) ne fait l’unanimité ni chez les plus démunis, ni chez les intellectuels de gauche. Les critiques de la population sont d’autant plus violentes que l’espoir de voir l’ancien ouvrier métallurgiste construire un Brésil socialement plus équitable était immense. « Il a trahi son camp en menant une politique économique de rigueur et en perdant sa vocation sociale », assure Fabio Araújo, ancien électeur de Lula. Pour Cláudio Leal, journaliste politique au quotidien bahianais A Tarde: « Le président n’a pas tenu ses principales promesses et s’est embourbé dans plusieurs scandales de corruption extrêmement graves. En plus, il flirte de manière permanente avec le populisme : pendant la campagne, il est allé jusqu’à se comparer à Jésus Christ ! » Autre signe révélateur de la déception ambiante : deux des trois adversaires de Lula à la présidence de la République sont d’anciens membres du PT. La sénatrice Heloísa Helena a abandonné son ancien chef de file, le jugeant « autoritaire et trop libéral sur le plan économique ». Pour sa part, l’ancien ministre Cristovam Buarque a estimé que Lula avait complètement négligé le secteur éducatif depuis son arrivée au pouvoir.

Promesses non tenues Il est vrai que l’action politique de l’ancien syndicaliste pernambuco laisse perplexe : d’après le magasine Época (qui soutient le président Lula), sur les 700 promesses effectuées lors de la campagne de 2002, seules 360 ont été réalisées. Et les engagements non tenus ne sont pas sans importance : éradiquer la faim, diminuer le temps de travail, créer un système participatif pour le vote du budget fédéral, taxer les grandes fortunes, supprimer la corruption, taxer les entreprises recourant trop souvent aux contrats de travail précaires, refuser l’entrée de cultures OGM sur le territoire, éliminer le travail esclave… Rien de tout cela n’a été fait. Dans certains cas, la situation a même empiré comme le prouve la multiplication des affaires de corruption impliquant le PT (achat de votes au parlement fédéral, financement illégal de campagnes électorales, achat à prix d’or d’un dossier incriminant des adversaires politiques…).
Le 1er octobre, lors du premier tour de l'élection présidentielle, le président brésilien a obtenu pres de 49% des voix contre 41,5 pour son adversaire conservateur, Geraldo Alckmin. Mais contrairement a 2002, le soutien apporte a Lula n’a pas été enthousiaste. Pour la classe moyenne, le vote Lula était souvent synonyme de dépit. Quant aux plus pauvres, ils ont souvent choisi celui qui se présente comme le « candidat du peuple », le seul a vouloir faire en sorte que « chaque Brésilien puisse manger trois fois par jour ». Le bon score de Lula au premier tour s’explique autant par la faiblesse de l’opposition qu’aux réformes discrètes mais réelles de son gouvernement. Parmi ces dernières, la création d’un revenu garanti (Bolsa Família) pour les parents pauvres envoyant leurs enfants à l’école fait figure de « grand bond en avant ». Autre points positifs : une augmentation de 20% du revenu minimum (en valeur réelle), une legère inflexion du nombre d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté, la création de 5 millions d’emplois en quatre ans et le développement progressif du microcrédit. Par ailleurs, plus de 300.000 terrains ont été accordés aux familles de paysans sans terre. Une première dans un pays où l’agriculture industrielle règne en maître.

Lula, défenseur de l’économisme et de la croissance Bien loin de la révolution douce qu’attendaient les Brésiliens, le premier gouvernement Lula a permis au pays de conforter sa place dans le groupe des puissances dites émergentes (Chine, Inde, Russie…). « Plutôt que de critiquer la mondialisation néolibérale et de défendre un modèle d’échanges socialement et écologiquement plus harmonieux, Lula a voulu adapter son pays aux exigences de la compétition internationale », affirme l’économiste Paulo Nogueira de la Fondation Getúlio Vargas de São Paulo. Au prix d’une politique économique orthodoxe, le président a épongé la dette que le pays devait au FMI, réduit la dette publique et maintenu l’inflation sous les 5%. Par ailleurs, sous Lula, la croissance économique du pays a fait des bonds de 3% par an en moyenne (l’ancien ouvrier espérait 5% !). Mais pendant ce temps, les budgets de l’éducation et de la santé stagnaient… Entre 2002 et 2006, Lula a donc privilégié la santé économique de son pays au détriment du bien-être de sa population. Espérons que son deuxième mandat soit d’un autre acabit.

Samuel Duhamel

29.9.06

Une allocation universelle pour en finir avec la misère extrême

« Les conditions de vie se détériorent, les inégalités sociales s’accentuent, l’environnement se dégrade mais je reste persuadé qu’une civilisation du bonheur est possible.»
René Dumont

Sur la Terre aujourd’hui, trois milliards d’individus reçoivent 1,2 % du revenu global alors qu’un milliard d’habitants en reçoit 80%[1]. En 2005, les 500 personnes les plus riches concentraient autant de richesses que les 420 millions les plus pauvres[2]. La vérité des chiffres est cristalline mais de tels déséquilibres finissent par aveugler. Pourtant, jamais les écarts de revenus entre les serviteurs du capitalisme financier et les sans-grades des pays du Sud n’ont été aussi importants. Pour inverser cette tendance inégalitaire, des économistes (dont les Prix Nobel Jan Tinbergen, James Meade et James Tobin), des écologistes (André Gorz, Alain Lipietz, Yves Cochet…) et un mouvement social hétéroclite allant des communistes révolutionnaires aux catholiques conservateurs défendent l’instauration d’une allocation universelle. Egalement appelée revenu d’existence ou dividende social, l’allocation universelle a pour principe de ne laisser aucun individu sans ressources suffisantes pour se nourrir, se vêtir et se loger. Contrairement au Revenu minimum d’insertion, elle est accordée à tous les citoyens, de manière individuelle et sans contrepartie de recherche d’emploi.
Ses avantages sont innombrables : écologique, elle freine la croissance de la production industrielle et privilégie le « mieux-être » au « plus avoir ». Sociale, elle permet de s’attaquer à la grande pauvreté et libère l’individu de la crainte d’être exclu. Economique, elle allège le coût du travail et incite certains urbains à retourner à la campagne où la vie est globalement moins chère. Loin d’être utopique, l’allocation universelle peut être financée par une taxation accrue des activités polluantes, des combustibles fossiles, des transactions immobilières et financières et de la publicité. Pour le moment, seul le Brésil a osé franchir le pas en instaurant la bolsa familia (bourse familiale) en octobre 2003 puis en votant une loi instaurant la renda básica de cidadania (ou rente minimale de citoyenneté) en janvier 2004 [voir ci-dessous]. Mais d’autres pays comme l’Afrique du Sud, les Pays-Bas ou certains Etats fédérés américains prévoient de la mettre en place à plus ou moins long terme. A une époque où les budgets consacrés aux programmes sociaux se réduisent toujours davantage, voir l’allocation universelle s’immiscer dans le débat politique est porteur d’espoir. Gageons qu’il ne soit pas déçu.

Samuel Duhamel


[1] Rapport de l’Unesco (Organisation des Nations Unis pour l’éducation, la science et le culture), Lutter contre la pauvreté, 2005
[2] Rapport mondial sur le développement du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), 2005

Au Brésil, la bourse familiale profite à 11 millions de familles

« Si, à la fin de mon mandat, tous les Brésiliens ont de quoi manger trois fois par jour, j’aurais accompli la mission de ma vie. » Trois ans et demi après son discours d’investiture à la présidence de la République, Luiz Inacio Lula da Silva n’a pas atteint son objectif. Malgré une baisse sensible de la pauvreté, 14 des 190 millions de Brésiliens souffrent encore de la faim[1]. Pourtant, 55% de la population considère que c’est dans l’aide aux plus démunis que l’action de l’ancien ouvrier métallurgiste a été la plus efficace[2]. Etrange paradoxe…
L’explication tient en deux mots : bolsa familia (bourse familiale). Fruit de la fusion de quatre programmes d’aide sociale et du triplement du budget alloué à la lutte contre la faim, la bourse est un revenu individuel garanti aux familles dont les revenus sont inférieurs à 240 reals (100 euros) par mois. Deux conditions sont nécessaires pour toucher la bolsa familia : scolariser ses enfants et les faire vacciner contre les principales maladies infantiles. D’un montant de 15 reals (6 euros) par enfant et ne pouvant excéder 95 reals (39 euros) par foyer, la bourse profite aujourd’hui à plus de 11 millions de familles, soit un quart de la population brésilienne. Le succès de l’allocation dans l’opinion est tel que même les partis d’opposition en viennent à souligner ses mérites. « La bourse familiale est la réforme sociale la plus ambitieuse que le Brésil ait jamais connue », résume Waldir Pires, ministre de la défense du gouvernement Lula. « Avec un budget de 8,3 milliards de reals (3,5 milliards d’euros), c’est le plus grand programme de redistribution des richesses du monde. Grâce à la bourse, jamais l’écart entre riches et pauvres n’a été aussi mince au Brésil », complète Ricardo Mendonça, journaliste à la revue Época.
Mais le président Lula ne veut pas s’arrêter là. Le 16 septembre, il rappelait lors d’un meeting à Salvador de Bahia que le Brésil était encore « l’un des pays les plus inégalitaires au monde[3] » et que « l’Etat devait augmenter les transferts de revenus en direction des plus modestes ». Prochaine étape : instaurer un véritable revenu d’existence. Une loi créant la renda basica de cidadania (ou revenu minimum de citoyenneté), fixée à 40 reals (18 euros) par personne et par mois, a déjà été votée en janvier 2004. Son entrée en vigueur est prévue après les élections présidentielles d’octobre. Pour le député du Parti des travailleurs Eduardo Suplicy, initiateur du projet au Parlement fédéral, « la bourse familiale n’est qu’un début. Il faut maintenant accorder à chacun un revenu inaliénable lui permettant de vivre décemment. C’est le meilleur moyen d’éradiquer la pauvreté, de mieux redistribuer les richesses et de garantir la dignité et la liberté aux citoyens. » Mais l’instauration du revenu de citoyenneté prendra du temps. Marco Weissheimer, spécialiste des questions sociales au Brésil, estime qu’ « il faudra encore une dizaine d’année avant que l’allocation universelle soit distribuée à tous les citoyens. Un tel projet ne peut être mis en place que graduellement sous peine de creuser le déficit public.» Pour autant, après plus de quarante ans d’augmentation continue des inégalités entre Brésiliens modestes et fortunés, le pays semble enfin avoir trouvé la parade pour supprimer la grande pauvreté. Reste à savoir quand la mission du président Lula sera définitivement accomplie.

Samuel Duhamel
[1] Etude de l’institut brésilien de géographie et des statistiques, 2004
[2] Etude de l’institut de sondage Vox populi, juin 2006
[3] D’après le PNUD, le Brésil est l’un des trois pays les plus inégalitaires d’Amérique latine avec le Chili et le Paraguay.

Grâce au revenu garanti, Iracy ne se sacrifie plus pour sa famille

Dans les hauteurs de Lençois, une bourgade paisible de 9 000 âmes, située au fin fond de la région Nordeste – le plus pauvre du Brésil –, de petites maisons colorées fleurissent dans un océan de verdure. Dans l’une d’elles, Iracy Britto Almeida Paiva s’occupe seule de son petit-fils Patrick, 4 ans. Depuis six mois, la grand-mère de 53 ans reçoit une bourse familiale de 80 reals (32 euros) qui la soulage dans sa vie quotidienne : « Avant, j’avais des difficultés pour payer mes factures et acheter à manger. De temps en temps, je me privais pour mes enfants et petits-enfants. Mais aujourd’hui, avec la bourse familiale, c’est fini : je ne suis plus au centime près quand je fais mes courses. Pour moi et Patrick, l’horizon se dégage. »
La famille Almeida Paiva ne vit pas sur l’or pour autant : dans leur maison, vous ne trouvez ni téléphone, ni livres, ni appareils électroménagers. L’unique objet de valeur de la maison d’Iracy est une vieille télé couleurs qui trône au milieu du salon. Pour les loisirs, le budget familial est pratiquement nul. Pour se détendre, Iracy va de temps en temps à la plage ou regarde des novelas sur TV Globo. Mais ce sont surtout les visites régulières des amis et voisins qui égaient ses journées. « On compense notre absence de biens matériels par des relations accrues avec notre entourage. Il est impossible de sentir seul ici. Dans les moments difficiles, l’entourage nous pousse à aller de l’avant. », explique la mère de six enfants, tous âgés de plus de 22 ans.
Iracy reconnaît au président Lula le mérite de vouloir endiguer la pauvreté même si elle trouve le montant de la bourse trop bas. « La bolsa familia est davantage une allocation de complément qu’un véritable revenu. Mais avec cet argent, je sais où je vais, je me pose moins de questions : en fait, c’est autant une aide financière que psychologique », plaisante l’ancienne couturière.
A Lençois, près de 1 060 familles vivent dans des conditions similaires à celle d’Iracy et touchent un revenu garanti. D’après Cassia Alves, assistante sociale chargée du programme Bolsa Familia à la mairie de la ville, « la misère disparaît à l’œil nu dans les quartiers les plus défavorisés. Les gens souffrent moins de la faim, ils reprennent confiance en eux, prennent des initiatives. Vous n’entendrez personne ici dire que la bourse est une hérésie politique. » Malgré le succès de la bourse familiale, le devoir de solidarité doit continuer avec les familles modestes du Brésil. L’éradication de la famine et des maladies de la pauvreté est à ce prix.

Samuel Duhamel

Pour en savoir plus :
Livres :
- L’allocation universelle, de Yannick Vanderborght et Philippe Van Parijs, éd. La découverte
- Le revenu d’existence ou la métamorphose de l’être social, de Yoland Bresson, éd. L’esprit frappeur
- L’allocation universelle. Pour un revenu de citoyenneté, de Jean-Marc Ferry, éd. Cef
- Renda básica de cidadania : a resposta dada pelo vento, de Eduardo Suplicy, éd. LPM Pocket
- Bolsa Familia, de Marco Weissheimer, éd. Fundação Perseu Abramo

Sur la toile :
- Basic Income Earth Network : http://www.basicincome.org/
- Libérer l’avenir avec le revenu d’existence : http://chezsamuca.blogspot.com/2006/03/librer-lavenir.html

Uma campanha sem política

Domingo, 1º de outubro, será o dia mais importante para a política brasileira desde a eleição do ex-operário Luiz Inácio Lula da Silva à presidência da República, em 2002. Com cinco eleições previstas para a mesma data, o cenário político do país pode ser completamente modificado. Novos representantes, novos programas de educação e de distribuição de renda, nova política social e econômica... O futuro dos 190 milhões de brasileiros depende diretamente do veredicto das urnas.
No entanto, os candidatos não parecem levar o assunto a sério. Apesar da importância do que está em jogo, a campanha eleitoral não ultrapassou o espetáculo fútil e sem interesse. Numa verdadeira democracia, os dias que precedem o voto são de intenso debate e troca de idéias. As propostas dos candidatos são comparadas e julgadas pelos cidadãos atentos e conscientes da realidade política. No Brasil, ainda não é assim. A campanha se decide no terreno da afetividade e da intuição. A meta dos concorrentes não consiste em convencer, mas em seduzir o eleitor. Conseqüência direta: a política some e a campanha se transforma num gigantesco entretenimento, onde o vencedor é o que suscita maiores emoções à opinião pública.
Para atrair o eleitor-consumidor, todas as estratégias são usadas: candidaturas esquisitas ou espetaculares (Doutor X, Mamãe, Enéas), ações em família (na Bahia, os Magalhães, o casal João Henrique e companhia), além de canções e slogans simplistas (Lula: o candidato do povo, Buarque: o candidato da educação, Alckmin: o candidato da ética). Como nos filmes comerciais, a campanha eleitoral de 2006 usou também sangue e tiroteio para distrair os eleitores. Os candidatos tentaram assumir o papel do super-herói contra a quadrilha de inimigos malvados. Numa humildade sem limite, Lula se comparou a “Jesus” e a “Tiradentes”. Em resposta, o tucano Alckmin o comparou a um “diabo”. Para a comunista Heloísa Helena, o antigo metalúrgico “está mais para Judas ou Pilatos”. E, de acordo com ACM, o presidente não passa de um vulgar rato. Estamos a milhões de quilômetros de qualquer proposta para combater a fome ou ampliar investimentos em infra-estrutura.
A vontade do presidente Lula de não comentar os fracassos do seu primeiro mandato (redução da jornada de trabalho abortada, imposto sobre as grandes fortunas não foi implemantado, transgênicos entraram no Brasil...) e de não ficar e de não dar entrevistas à Associação dos Correspondentes Estrangeiros simboliza perfeitamente a ausência completa de debate político nessa campanha eleitoral.
Qualquer cidadão interessado pelo futuro do país e o melhoramento da vida dos seus habitantes há de se envergonhar deste imobilismo estéril. Na história, vários presidentes da Républica tais como Juscelino Kubitschek ou João Goulart mostraram que era possível conciliar promessas sérias e vingardistas durante a campanha e ação concreta sucedida durante o mandato. O próximo presidente do Brasil falhou a primeira fase ; esperamos que passará a segunda.

Samuel Duhamel

7.9.06

Nelson Rodrigues, o poeta da bola

Precisei de muito tempo para saber se ia escrever um artigo sobre Nelson Rodrigues na língua de Molière ou na de Camões. Finalmente, decidi redigi-lo no mesmo idioma de Rodrigues, que comentava o futebol como Pelé, Jairzinho ou Rivelino tocavam a bola: com graça, elegância e eficiência. Seus comentários eram mais que o retrato de um simples jogo de futebol. Quando Nelson falava da pelota de couro, a filosofia não estava longe. Uma filosofia doce que milhões de pessoas entendiam. O que ele dizia era o reflexo do Brasil da época (50-70). De uma certa maneira, Nelson era o seu país. Ouvi-lo falando do bandeirinha irresponsável ou do goleiro imbatível era entender o "jeito de ser" do brasileiro. E digo mais: o mérito dele consiste na compreensão vanguardista de que o futebol e Brasil eram dois amantes de um casal eterno.

O negócio parecia inconcebível quando o Uruguai derrotou o escrete canarinho, num Maracanã lotado, na Copa de 50. Naquele tempo, o Brasil era uma "terra de vira-latas", um país onde o futebol não se impunha como esporte e religião. Mudou rápido: as gerações douradas de 58, 62 e 70, as do "príncipe etíope de rancho" Didi, do Mané Garrincha ou do "rei crioulo" Pelé, trouxeram a luz. Essas seleções auriverdes deram ao brasileiro uma nova imagem de si mesmo. A confiança e o orgulho substituíram o medo e o complexo de inferioridade. Nelson ousou afirmar que os sucessos magníficos do Brasil futebolístico ajudaram o país a se constituir como nação. Uma análise óbvia e incontestável à leitura de À sombra das chuteiras imortais.

Claro, o Nelson tem também defeitos, notadamente o de acreditar que o povo brasileiro é um povo eleito, melhor do que os outros por essência. Às vezes, o comentarista esportivo previligiou a paixão subjectiva à análise imparcial. Em 1958, escreveu depois do jogo Brasil-França (5-2): "O árbitro comportou-se como um larápio. Não houve, em toda a história da Copa do Mundo, um roubo mais cristalino e cínico. Tivemos que fazer 3 gols para que valesse um". Eis a verdade: os "Bleus" de Kopa e Fontaine jogaram a partida inteira com nove jogadores... Naquele tempo, os substitutos não existiam e dois franceses estavam machucados. Mas a ma-fé do Nelson não é nefasta: pemite entender o espírito do tempo.

Talvez o melhor mérito de Nelson Rodrigues seja o de transformar o futebol em teatro: os jogadores são atores, o campo um palco, a bola o enredo... e ele o encenador mágico. O heroísmo, a tristeza, a honra, a vida e a morte: com Nelson Rodrigues, o futebol atingiu os requintes de uma obra-de-arte.

Samuel Duhamel

Nelson Rodrigues nasceu em Recife, Pernambuco, em 1912, e morreu no Rio de Janeiro em 1980. A maior parte da sua produção literária foi publicada originalmente em jornais como O Globo e Manchete Esportiva, onde escreveu de 1955 a 1959. Ele era um virtuose, um artista, um estilista do comentário. Via o futebol com "os olhos de um iluminado", definiu o jornalista Armando Nogueira. Consagrou-se como dramaturgo mas também escreveu romances, volumes de crônicas e memórias, tais como O casamento, A vida como ela é, O óbvio ululante, A coroa de orquídeas e À sombra das chuteiras imortais.

Palavras aladas, as melhores frases de Nelson Rodrigues:

- Brasil – União Soviética (2-0), 15/6/58, em Gotemburgo (Suécia): "O Garrincha foi driblando um, driblando outro e consta inclusive que, na sua penetração fantástica, driblou até as barbas de Rasputin."

- Botafogo – Fluminense (2-1), 10/7/58, no Maracanã: "Ontem, só houve em campo um nome, uma figura, um show: Garrincha. Didi, Zagalo e Nilton Santos pertencem à miserável condição humana. Garrincha não. Garrincha está acima do bem e do mal."

- Flamengo – Olaria (8-0), 22/8/58, na Gávea : "Depois do jogo, qualquer paralelepípedo sabe que Dida é um jogador de alta qualidade."

- Brasil – Chile (4-2), 13/6/1962, em Santiago (Chile) : "Garrincha foi a maior figura do jogo, a maior figura da Copa do Mundo e, vamos admitir a verdade última e exasperada: a maior figura do futebol brasileiro desde Pedro Álvares Cabral."

- O Globo, 4/6/70 : "E Gerson ? Quanta gente o negou? Quanta gente disse e repetiu: ‘Não tem sangue! Não tem coragem!’ O vampiro de Dusseldorf, que era especialista em sangue, se provasse o sangue de Gerson, havia de piscar o olho: ‘Sangue do puro, do puro, do escocês’."

- O Globo, 6/6/70 : "Amanhã jogaremos a Inglaterra. Eu sei que a Inglaterra é grande. Mas nos somos maiores, porque somos Brasil, imensamente Brasil, eternamente Brasil."

3.9.06

Le silence est d'argent, la parole est d'or

La dernière fois, c’était durant le pot de départ d’un collègue ou lors du baptême d’un petit cousin. A moins que ce ne fut pendant le mariage de la voisine… Mais après tout qu’importe : le schéma est inlassablement le même. Une cinquantaine de personnes, un gigantesque buffet où les toasts au saumon côtoient les petits pains beurrés, une ambiance détendue et… moi. Enfin vous. Ou plutôt nous ! On est tous passés par là : seul(e) à s’empiffrer de tomates cerises parce qu’on ne connaît personne et qu’on n’ose pas déranger ces gens au regard intelligent. Alors on feint de se régaler et on reprend une coupe de champagne. Noyé(e) au milieu de l’assemblée avec la bouffe comme bouée de sauvetage…


Heureusement pour vous et votre ligne, la solution existe ! Elle s’appelle Le grand art de la petite conversation (Small talk en anglais). Sorti aux éditions Leduc en juillet dernier, l’ouvrage de la conférencière américaine Debra Fine est un concentré de petites recettes à appliquer pour se sentir à l’aise dans une discussion. Et figurez-vous que ça marche ! Après l’avoir lu, on se sent prêt à converser avec tout le monde. La timidité disparaît, la confiance renaît et les masques tombent. Arrivé au denier chapitre, on se sent presque prêt(e) à convaincre Florence Parisot de l’impérieuse nécessité d'une société de décroissance.
Certes, quelques conseils comme « Lors d’une première rencontre, demandez à votre interlocuteur s’il apprécie les sports d’hiver » paraissent hors-de-propos. Mais l’analyse des ressorts de nos problèmes de communication est pertinente : incapacité de prendre des risques, peur d’être ignoré ou contré, absence d’imagination, écoute dilettante, phobie de prendre la parole en public… Debra Fine propose mille et un petits filons permettant de gagner en assurance et de donner à chaque discussion une saveur singulière.

En voici quelques-uns : 1. Considérer vos interlocuteurs comme des fins et non comme des moyens : même si vous avez besoin de l’aide de quelqu’un, parlez-lui sans arrière-pensée, c’est le meilleur moyen d’obtenir ce que vous souhaitez.
2. Souriez, tendez la main, soyez avenant.
3. Faites un effort pour vous souvenir des noms de vos interlocuteurs et rappelez le vôtre si vous ne les avez pas vus depuis plusieurs mois. Quand vous ne savez plus à qui vous vous adressez, ne jouez pas la comédie et demandez-lui son prénom.
4. Posez des questions ouvertes.
5. Laissez tomber les « quoi de neuf ? » et « qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » pour « quel a été le meilleur moment de ta journée ? » et « quels sont vos hobbies ? »
6. N’oubliez jamais que l’écoute se voit (montrer votre attention en opinant ou en hochant la tête).
7. Ne coupez pas la parole, ne prenez pas la parole en otage.
8. Trouvez de l’intérêt à tout (une bague, une veste, une parole… sont les témoins d’un souvenir, d’une humeur ou d’une conviction. Ils peuvent être le point de départ d’une conversation).

Certainement moqué ou dénigré par les rois de la tchatche, Le grand art de la petite conversation ravira les timides et les introverties qui voient dans l’échange oral une épreuve insurmontable. Alors finis les toasts au saumon et passez à l’action.


Le grand art de la petite conversation, de Debra Fine, éditions Leduc, 12 € 90


Samuel Duhamel

27.8.06

Portfolio : il y a un an, le drame d'Auriol

"Lorsque Nicolas Sarkozy arriva sur les lieux, il nous demanda si nous étions en situation régulière. Nous l'étions mais nos enfants étaient morts. Carbonisés." Kanouté Tapa, secrétaire général de l'association des victimes du 26 août







Un an après la mort des petits Mahamadou, Habi, Kadja, Gagny et des autres dans l'incendie de l'immeuble du 20, boulevard Auriol (Paris XIIIème), la question du logement insalubre reste toujours sans réponse dans la "patrie des droits de l'Homme". C'est pour dénoncer cet état de fait et se souvenir des 17 personnes dont 14 enfants disparus que plus de 300 citoyens se sont rassemblés ce 26 août, sur la parvis de la mairie du XIIIème. Un an après le drame, plus de trois millions de Français et d'étrangers restent mal-logés dans l'Hexagone.
Samuel Duhamel
"S'il y a bien un coupable dans l'incendie d'Auriol, c'est tout ce tas de gens qui n'ont pas de papier pour certains et qui s'entassent à Paris alors qu'il n'y a pas de conditions pour les loger."
Nicolas Sarkozy, le 26 août 2005, devant l'immeuble du 20 boulevard Vincent Auriol encore fumant

16.8.06

Interview d'Arno Klarsfeld

«Aucun mineur ayant des attaches en France ne sera expulsé»
Arno Klarsfeld, médiateur national (en charge des cas litigieux dans le cadre de la procédure de régularisation ouverte par la circulaire du 13 juin pour les familles d'élèves sans papiers)

A 3 jours de la date limite de demandes de régularisation, combien de dossiers ont été déposés en préfecture ?
Le ministre d'Etat a fait connaître sa projection le 24 juillet dernier : environ 6000 régularisations sur 20000 dossiers déposés en préfecture. Il a estimé qu'environ 30% des demandes des demandes seraient satisfaites. Je ne vois pas pourquoi cela changerait aujourd'hui. Ca sera peut-être un peu plus ou un peu moins mais on restera dans ces eaux-là.

Combien de cas litigieux avez-vous épluchés ?
On m'a envoyé environ 200 dossiers pour le moment. Ce sont généralement des demandes qui ne rentrent pas complètement dans le cadre de la circulaire ministérielle et qui nécessitent davantage d'attention. Je reçois des dossiers de genres différents. Certains ne rentrent pas dans mes prérogatives comme les demandes de regroupement familial ou de célibataire sans enfant... Mardi, Réseau éducation sans frontière m'a envoyé des demandes de régularisation pour trois familles : dans la première, le père a fait trois mois de prison, dans la deuxième, l'enfant a été scolarisé après septembre 2005 et la troisième est du ressort de la Convention de Dublin (droit d'asile). Quand je reçois des demandes de familles entrant dans le cadre de la circulaire et ne comportant aucune spécificité, je les renvoie directement à la préfecture compétente : je ne suis chargé que des cas litigieux.

Quels sont vos critères pour décider si, oui ou non, vous régularisez une famille ?Je ne décide rien du tout. Je ne fais qu’éplucher des dossiers, rencontrer les familles, comprendre leurs vies pour me faire une impression sur la pertinence de la demande. Ensuite, je transmets mon sentiment au Préfet, responsable des régularisations. C’est l’administration qui prend la décision finale. Moi, je ne suis que médiateur, c’est-à-dire celui qui fait le lien entre les familles en situation irrégulière et la préfecture. Toutefois, quand j’étudie un cas, j’ai une ligne directrice : il ne faut pas expulser les familles dont les enfants ont de fortes attaches en France. Les enfants n’ayant pas de lien avec le pays de leurs parents ne seront expatriés. Nous ne voulons pas déraciner les mineurs qui se sentent chez eux en France.

L’Espagne a procédé à 700 000 régularisations en 2005, l’Italie à 350 000 le mois dernier et s’apprête à accorder des papiers à un million d’étrangers irréguliers d’ici la fin de l’année. Avec ses 400 000 clandestins estimés, pourquoi la France ne fait-elle pas de même ? Pourquoi la France ne régularise pas massivement ?
L’Italie et l’Espagne étaient des terres d’émigration qui sont devenues des terres d’immigration. Par le passé, ces pays ont accueilli beaucoup moins d’étrangers que la France. Leur situation n’est donc pas comparable à la nôtre. Par ailleurs, ce sont des pays dont l’indice de natalité est faible et qui sont en recherche de main d’œuvre. La régularisation d’étrangers clandestins peut donc leur redonner du dynamisme. Mais même là-bas, je ne crois pas que la régularisation en masse soit la meilleure solution. A mon avis, l’Espagne et l’Italie vont au devant de graves problèmes d’intégration. Je tiens également à dénoncer la position démagogique des partis et associations d’extrême gauche qui tentent de nous faire croire qu’une régularisation massive est possible en France. Quand on dit « non » au traité constitutionnel européen parce qu’on a peur d’être envahis par des plombiers polonais et qu’on assure, quelques mois après, que faire régulariser tous les clandestins est une bonne solution pour la en France, on n’est pas crédibles.

Réseau éducation sans frontières (RESF) craint que les jeunes majeurs bénéficient de moins d’indulgence que les mineurs en vue d’une éventuelle régularisation. Certains parlent de « chasse aux lycéens ».Qu’en pensez-vous ?
Ca n’a aucun sens. Les jeunes majeurs qui sont en situation irrégulière seront expulsés. C’est tout. Il n’y a rien d’inhumain à renvoyer un jeune homme de vingt ans dans son pays d’origine si celui-ci est arrivé en France à quinze ans. Mais la situation des majeurs n’entre pas dans le cadre de ma mission.

Justement, êtes-vous déçu de ne devoir vous occuper que des cas litigieux concernant les mineurs ?
Absolument pas. Je suis allé voir Nicolas Sarkozy pour lui témoigner de mon intérêt pour les questions concernant les jeunes de moins de 18 ans. En me nommant médiateur national, le ministre d’Etat me pense compétent pour analyser les dossiers des mineurs. C’était mon objectif initial, j’en suis très satisfait. M’occuper des mineurs me prend déjà beaucoup de temps : je dois lire les dossiers, les transmettre aux préfectures, faire une travail de pédagogie auprès des familles, rencontrer les gens, faire des voyages… Ce travail sera bénéfique car il n’y aura pas d’expulsion de familles dont les enfants ont de fortes attaches en France.

Mais alors pourquoi vous prononcez-vous aussi sur des cas de jeunes majeurs comme celui de Jeff qui devrait être renvoyé au Nigéria ?
Simplement parce qu’on me l’a demandé. Quand on me questionne sur des cas comme celui-ci, je ne réponds pas en tant que médiateur national mais en tant que citoyen. Le cas de Jeff m’a interpellé car il n’a plus aucun lien dans son pays d’origine : plus de famille, plus d’amis. Il s’est créé une nouvelle vie ici : il a appris le français, réussit ses études, a une famille d’accueil… Certaines expulsions de majeurs peuvent également être injustes. J’essaie donc d’apporter mon soutien aux associations pour qu’il ne soit pas renvoyé. Je me satisfais d’ailleurs du contrat d’embauche qui lui a été proposé par la mairie du XIème. C’est un argument de plus pour qu’il reste ici.

Propos recueillis par Samuel Duhamel

7.8.06

Opprimés au Sri Lanka, les Tamouls manifestent pacifiquement en France

« Nous voulons la paix avec les Cinghalais ! Respectez nos vies ! Nous ne sommes pas de chair à canon ! » Les messages des 37 associations des Tamouls de France ont beau être limpides, ils ne sont pas entendus. Snobés par les médias, ignorés par l’opinion publique, dénigrés par les instances internationales, les Tamouls continuent de montrer patte blanche en manifestant dans les rues de Paris. Mardi 25 juillet, ils étaient plusieurs milliers sur le Champ-de-Mars à Paris pour dire « non » à la répression dont ils sont victimes au Sri Lanka.
Sur la pelouse jaunie par un soleil ardent, les Tamouls défilent pour la paix de la plus belle des manières : en dansant et avec le sourire. Sur une estrade montée pour l’occasion, un animateur appelle les participants à entonner des chants traditionnels. Les couleurs rouge et jaune du peuple tamoul, présentes sur les vêtements et les calicots, interpellent les touristes incrédules. Rires, ambiance bon enfant, plaisir d’être ensemble… On en oublierait presque les raisons du rassemblement.
Au milieu de l’assemblée, un cercueil en carton trône majestueusement. Il représente les 3 000 Tamouls exterminés par l’armée cinghalaise les 22, 23 et 24 juillet 1983, lors de l’épisode de « juillet noir ». Morts pour être nés, morts pour rien... Vingt-trois ans après, on ne peut pas oublier pareille cicatrice. Surtout dans le contexte actuel : le 29 mai dernier, le conseil de l’Union européenne a décidé de mettre les représentants tamouls des Tigres Libérateurs de l’Eelam (LTTE) sur sa liste des organisations terroristes.
Difficile de faire plus cynique ! Certes, les Tigres tamouls utilisent la violence, via les attentats suicides notamment, mais que faire quand ses droits sont bafoués, quand l’Etat sri lankais réprime dans le sang, quand l’espoir a fui ? Gare toutefois au manichéisme : si les indépendantistes tamouls ne sont pas tous des anges, le gouvernement sri lankais n’est pas composé uniquement de bureaucrates sanguinaires et véreux. Mais à voir les Tamouls de France manifester à l’ombre de la Tour Eiffel avec autant d’enthousiasme, on s’étonne de voir la communauté internationale agir de manière si arbitraire avec leurs représentants.
Au même titre que les Tchétchènes, les Kurdes ou les Palestiniens, les Tamouls sri lankais font partie de la catégorie des sans-grade : celle des nations sans Etat, celle des damnés de la terre... Puisse leur appel pour la paix et la liberté être un jour entendu.

Samuel Duhamel

Retour sur la « sale guerre » qui mine le Sri Lanka

1796 : après avoir été sous domination portugaise au XVIIème siècle et hollandaise au XVIIIème, l’île de Ceylan tombe sous le contrôle de l’Empire Britannique.

04 février 1948 : l’île de Ceylan obtient son indépendance. Avant leur départ, les Britanniques instaurent un régime parlementaire dominé par deux partis ethniques cinghalais. C’est le début de la discrimination anti-Tamouls.

1956 : le cinghalais, parlé par 70 % de la population, devient la langue officielle de l’île de Ceylan. La langue tamoule utilisée par 15 % des habitants est marginalisée.

Début des années 70 : devant les humiliations et les violences dont ils sont victimes, des Tamouls décident de créer les « Tamoul New Tigers », un groupe radical armé revendiquant l’indépendance du nord-est de l’île de Ceylan. Les TNT deviennent les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) en 1976.

1972 : proclamation de la République : l’île de Ceylan devient le Sri Lanka.

Juillet 1983 : après un attentat des LTTE tuant douze soldats cinghalais, le président sri lankais Jayavardne ordonne à l’armée sri lankaise de réprimer « dans le sang » la population civile tamoule : 3 000 morts, 3 000 blessés, 150 000 personnes déplacées, c’est l’épisode du « black July » (juillet noir).

1987 : sous l’égide de l’Inde, un accord de paix est signé entre gouvernement sri lankais et indépendantistes tamouls.

1988 : le tamoul devient la seconde langue officielle du pays.

Début des années 90 : continuant à être moins bien traités que les Cinghalais (discriminations dans la fonction publique, inégalités devant la justice…), les LTTE reprennent les armes pour obtenir l’indépendance. Ils commettent de multiples attentats sanglants perdant ainsi leur légitimité aux yeux de l’opinion publique mondiale.

Février 2002 : cessez-le-feu obtenu grâce à la mission de surveillance du Sri Lanka (Danemark, Suède, Finlande et Norvège). Les LTTE excluent tout démantèlement de ses troupes et ne renoncent pas à l’indépendance du nord du Sri Lanka.

Au total, ce sont plus de 60 000 personnes, en grande majorité tamouls, qui ont péri dans la sale guerre du Sri Lanka. Aujourd’hui, malgré les quelques concessions effectuées par les LTTE en 2003 et les efforts de la Norvège pour trouver une solution au conflit, l’espoir d’une paix durable semble inaccessible…

Samuel Duhamel

12.7.06

Vers une science élitiste... pour tous !

Si tu ne viens pas à la science, la science ira à toi ! Le message de l'association Paris-Montagne, qui regroupe une soixantaine d’élèves de l'Ecole Normale Supérieure (ENS) et de chercheurs reputés, est limpide. En organisant du 17 au 25 juillet un festival de sciences, au 45 rue d'Ulm (Vème), les futurs normaliens veulent partager leur goût de la connaissance avec le plus grand nombre. Ainsi, plus de 4.000 jeunes de 7 à 18 ans, issus de quartiers populaires de Paris et de la petite couronne, sont conviés dans les locaux de l’ENS sur la montagne Sainte-Geneviève à partir d'aujourd'hui pour étancher leur soif de savoir. « Nous voulons recréer des liens entre les élèves en difficulté scolaire et les sciences. C’est pour rendre accessible la science à tous, notamment aux enfants en difficulté scolaire, que nous avons organisé cette manifestation », raconte Livio Riboli-Sasco, président de Paris-Montagne. « Conscients de notre chance et des disparités économiques criantes de notre société, nous voulons tendre la main à des jeunes moins privilégiés. C’est naturel ! », poursuit Alice Richard, vice-présidente de l’association.

Et les activités seront nombreuses durant cette semaine de la découverte et de la solidarité. Dès aujourd’hui, vingt adolescents boursiers ou en Zones d’éducation prioritaire (ZEP) entameront une Science Académie décapante. Choisis pour leur motivation, les apprentis chercheurs vont s’initier aux pratiques de laboratoire et lancer une sonde météorologique. Tout un programme ! De mercredi à vendredi, des milliers d’adolescents en centres aérés participeront à des ateliers scientifiques autour de thèmes aussi divers que le réchauffement climatique, la géologie, la purification de l’eau ou les technologies mobiles. « Nous proposons aux enfants une grande diversité d’approches. Apprendre, ce n’est pas seulement lire ou écouter un professeur, c’est aussi le spectacle, le concert ou l’expérience pratique », explique Richard-Emmanuel Eastes, de l’association les Atomes Crochus, partenaire de l’évènement. Samedi, l’Ecole normale ouvrira ses portes aux citoyens intéressés pour d’autres ateliers ludiques avant d’accueillir un colloque sur le rôle de la science dans la société les 24 et 25 juillet. Et pour les amateurs de réflexion, des conférences sont animées tous les soirs par des invités prestigieux comme François de Closets ou Frédéric Courant.

Tisser des liens durables

Pour les organisateurs, le projet de vulgarisation de la science ne s’arrête pas le 25 juillet. Des contacts seront maintenus avec chaque jeune de la Science Ac’. Le but est de créer des clubs de sciences dans les établissements des adolescents concernés. « Ce que nous voulons, c’est dépasser les inhibitions, résume François Taddei, conseiller scientifique de Paris-Montagne. Nous aurons réussi notre mission quand la France de la science ressemblera à la France du foot avec des jeunes de toutes les origines et de tous les milieux ! » Nul doute qu’avec une telle équipe, les succès de la recherche nationale seront nombreux !

Samuel Duhamel

30.6.06

Zidane, o modelo francês

No sabado, o Brasil tenterà pôr um fim na carreira do Zinedine Zidane. O craque francês fez sonhar o pais inteiro desde 12 anos com a camisa azul nos ombros. Volta sobre uma carreira magnifica.

A história de amor entre Zidane e o povo francês começou em 17 de agosto de 1994. Desde as epopéias da equipe de Michel Platini entre 1982 e 86, o time tricolor decepcionava os seus torcedores. Incapazes de se classificarem para as Copas de 90 e 94, os franceses encadeavam fracassos. Naquela noite de agosto de 1994, a França perdia por 2 a 0 em casa contra a República Tcheca. Cansado pela falta de imaginação do seu time, o treinador francês Aimé Jacquet apelou a um novo jogador, pouco conhecido pelo público. O seu nome: Zinédine Zidane. E de repente, a luz brilhou... Em 25 minutos, o menino de Marselha marcou dois golaços e ofereceu o empate ao time tricolor por sua primeira seleção. A França possuía o seu novo gênio.
Após uma Eurocopa 96 mitigada, Zizou rumou à Juventus, onde progrediu constantemente. Na Itália, se mostrou incrivelmente regular na excelência. A cada saída no campo, parecia mais forte. Técnica, eficiência, elegância: o mestre dominava os seus adversários com uma facilidade desconsertante. Embasbacada pelo talento do médio francês, a estrela do basquete internacional, Magic Johnson, diria depois de um jogo de Zidane: “Ele é mais forte do que eu e Mickael Jordan juntos!” Entre 1997 e 2001, estava tão bom com os “ bleus” que os torcedores franceses não se perguntavam “Vamos ganhar?”, mas “De quanto vamos ganhar?”. Com os seus dois gols de cabeça na final da Copa do Mundo de 1998, mostrou que era mais “brasileiro” do que os jogadores da seleção de Zagallo. Dois anos mais tarde, durante a Eurocopa na Bélgica e na Holanda, Zidane atingiu um nível inigualado. Durante três semanas, fez um recital de futebol, eliminando Espanha, Portugal e Itália quase sozinho.
O craque francês ganhou tudo: Copa do Mundo, Eurocopa, campeonatos nacionais, taças diversas, títulos de melhor jogador FIFA, Bola de Ouro, título de melhor jogador europeu da história... Até 2003, só a Liga dos Campeoes lhe resistia. Mas após duas finais perdidas com a Juventus, uma outra oportunidade apresentava-se a ele com o Real Madrid. Na vitória sobre o Bayer Leverkusen, da Alemanha, Zidane marcou um gol digno de obra de arte. “Zidane, agradeço a sua mãe de ter dado luz a você!”, foi o comentário de um jornalista espanhol após o golaço! Ontem, nao sabemos o que disse depois do gol do gênio frente ao time ibérico…
Que importa o resultado do jogo de sabado, Zinédine Zidane deixará um vazio imenso no meio do futebol. Os seus torcedores do mundo inteiro já devem estar com saudades dos seus dribles, das suas fintas e de seus passes. Mas cuidado Brasileiros, o nosso gênio ainda nao se aposentou…

Samuel Duhamel

15.6.06

La précarité pour tous !

« La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? »
Laurence Parisot, présidente du MEDEF in Le Figaro Economie (30 août 2005)

On connaissait le « Wohlstand für alle ! » (L’abondance pour tous !) de l’ancien Chancellier ouest-allemand, Ludwig Ehrard, voici maintenant « le travail précaire pour tous ! » de Laurence Parisot. La phrase de la présidente du MEDEF est intéressante à double titre : elle permet d’abord de découvrir le fond de sa personnalité et de ses convictions, elle dévoile ensuite les principes iniques et égoïstes qui gouvernent notre société.
Il existe des phrases qui révèlent un comportement, une personnalité. Les entendre, c'est saisir le sens d'une action, c'est comprendre les motivations d'un combat, d'une lutte, d'un engagement. La citation de Laurence Parisot fait partie de ces phrases qui révèlent les âmes. Quand Martin Luther King dit : "Je fais un rêve, que mes quatre jeunes enfants habiteront un jour une nation où ils ne seront pas jugés pour leur couleur de peau mais par le contenu de leur caractère", Martin Luther King dit qui il est. Quand Gandhi dit : "Il y a assez sur terre pour répondre aux besoins de tous mais pas assez pour satisfaire l'avidité de chacun", Gandhi dit qui il est. Quand Alfred Sauvy dit : "un homme qui n'est pas informé est un sujet, un homme informé est un citoyen", Alfred Sauvy dit qui il est...
Quand Laurence Parisot dit dans le Figaro en août 2005 : "La vie, la santé, l'amour sont précaires. Pourquoi le travail échapperait à cette loi ?", elle dit qui elle est. Elle dit que l'Homme doit être au service de l'économie et non pas l'inverse. Elle dit que l'épanouissement de l'Homme n'est pas la finalité ultime de la société au contraire de l'augmentation du capital et de la compétitivité. Elle dit que la pauvreté et la précarité font partie de la vie d'une société : ce sont les dommages collatéraux de la course vers le "toujours plus". A partir de là, pourquoi combattre l’injustice et le sentiment de fragilité ? Elle chosifie le plus beau sentiment humain, "l'amour", pour en faire un état aseptisé répondant à une "loi". Elle refuse de voir le lien évident entre travail précaire et vie, santé et amour "précaires", comme si tout cela n'était pas lié. Elle dit que la passion de sa vie, c'est l'économiSME et qu'il devrait en être de même pour chacun si les gens veulent que leur état d’agent consommateur s'améliore un peu à la fin du mois.
Dans un deuxième temps, cette phrase est symptomatique de la pensée économique qui domine nos sociétés, celle qui régit le capitalisme contemporain. Vivre devient un combat, la précarité est un sentiment à ce point institué (institutionnalisé ?) qu'on ne le considère plus comme l'ennemi à combattre mais comme l'allié de la production, celui qui va aider les "précaires" à se dépasser, à offrir un peu plus de leur temps ou de leur santé.
Non, la précarité n'est pas une loi immuable. Non, l'amour n'est pas un sentiment précaire qui répond à une loi. Non, l'instauration de la précarité n'est pas bénéfique. Oui, il faut chanter la vie, défendre des services publics de santé de qualité pour éviter les sociétés déprimées et malades.
Si Laurence Parisot veut faire la guerre aux travailleurs et leur imposer la précarité comme unique horizon, pas étonnant de voir les syndicats et les partis de gauche faire la guerre au MEDEF. 158 ans après le Capital de Karl Marx et de Friedrich Engels, la guerre des classes n’a pas fini de sévir. A quand la trêve ?

Samuel Duhamel

22.5.06

Jacques Ellul, le visionnaire

« On ne peut créer une société juste avec des moyens injustes. On ne peut créer une société libre avec des moyens d’esclaves. »
Jacques Ellul



Il est des auteurs dont la sagesse et l’indépendance d’esprit sont telles qu’elles vous marquent à jamais. Jacques Ellul est de ceux-là. Pourfendeur du technicisme, apôtre de la non-puissance et précurseur de l’écologisme, Ellul garde, douze ans après sa mort, une influence fondamentale dans les milieux altermondialiste et libertaire. Il fait l’objet d’un nouveau livre universitaire dirigé par Patrick Troude-Chastenet, professeur de sciences politiques à l’Université de Poitiers. Entre hommage et synthèse d’une œuvre riche de soixante ouvrages, Jacques Ellul, penseur sans frontières ravira les lecteurs lassés par la violence et l’irresponsabilité de la société contemporaine.

Comment résumer en un livre le parcours intellectuel d’un des plus grands penseurs de notre temps ? En invitant plusieurs exégètes à écrire un chapitre sur l’œuvre d’Ellul, Patrick Troude-Chastenet semble avoir trouvé la bonne formule. L’addition des contributions des différents protagonistes (Alain Gras, Lucien Sfez, Jean Robert…) fait de Jacques Ellul, penseur sans frontières un livre complet, compact et stimulant. Quasiment tous les pans de la philosophie ellulienne sont évoqués : réflexion sur le droit, rejet de la politique, dangerosité des pratiques managériales, fourberies de la société de l’information, agressivité de l’art contemporain… Mais ce sont bien sûr la critique de « la société technicienne » et la création d’une éthique de la non-puissance, thèmes de prédilection d’Ellul, qui se voient accorder le plus d’importance.

Ellul, le contempteur du technicisme

« Qu’y a-t-il de plus absurde qu’une croissance illimitée dans un monde limité ? » La question laisse songeur. Pourtant, en ayant adopté la productivité, la compétitivité et l'efficacité comme valeurs de référence, le capitalisme avance toujours dans la même direction : celle du toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus vite ! Devant l’accroissement des capacités de production des entreprises manufacturières, la pensée d'Ellul tient un mot : STOP ! Pourquoi continuer dans cette voie si elle nous conduit dans une impasse : disparition des ressources fossiles, dégradation de notre environnement, misère et famine pour 45% de l’humanité… La solution aux maux de la Terre passe-t-elle vraiment par ce qu’on appelle le « progrès technique » et le "toujours plus" ?
Ellul remarque que plus les conséquences de la technique deviennent monstrueuses, plus celle-ci les nie avec arrogance et domination. Aujourd’hui, quel risque implique l’énergie nucléaire ? Une catastrophe occasionnerait des dizaines de milliers de morts[1] et une dette de plusieurs centaines de milliards d’euros pour l’Etat / les Etats concerné(s). Quel risque implique l’utilisation des OGM ? Outre les problèmes sanitaires, elle implique à long terme la fin de l’agriculture paysanne et l’uniformisation des cultures. Qu’implique la télévision ? Un vaste processus de désinformation conduisant à un rejet de la chose publique, à l’individualisation de la société et à la diminution du nombre de citoyens engagés. Qu’implique la multiplication des réseaux routiers et autoroutiers ? Outre la pollution atmosphérique occasionnant la mort d’environ trois millions de personnes par an dans le monde[2], elle est à l’origine d’un million de décès sur la planète par année[3] (rien que pour les accidents) et d’une marginalisation des transports alternatifs (marche, vélos, rollers…).
Pourtant, lobbys nucléaire et pro-OGM et industries télévisuelle et automobile n’ont jamais été aussi puissants…

Ellul, l’apôtre de la non-puissance

Pour enrayer cette dynamique, Ellul propose un retour à la simplicité volontaire, à une éthique de la responsabilité et à un refus de la puissance. En un mot, pour cet « anarchiste chrétien » comme il se définissait, la solution réside dans un changement de comportement de l’homme face à son environnement. L’homme ne doit plus domestiquer la nature comme le revendiquent les Claude Allègre, Luc Ferry et autres partisans du scientisme, mais la respecter pour ce qu’elle est, c’est-à-dire l’élément matériel supérieur duquel découlent les activités humaines. C’est seulement ainsi qu’il pourra se libérer du « tout technique », de ce diktat sociétal qui voit dans chaque innovation technique, un progrès. Le message d’Ellul tente donc de réveiller les citoyens, de leur donner l’envie et le courage de résister. Pour Ellul, les choses allant de soi n’existent pas. Rester debout les yeux ouverts, refuser les pseudo évidences, réinventer la démocratie « qui a cessé d’exister depuis longtemps »… voilà ce que nous inculque Jacques Ellul. Le lutte pacifique sera longue : commençons-la maintenant !

Samuel Duhamel

Jacques Ellul, penseur sans frontières, sous la direction de Patrick Troude-Chastenet, éd. L’Esprit du Temps, 367 pages, 21 euros



Pour aller plus loin :La technique ou l’enjeu du siècle, Paris, Armand Collin, 1954
Le système technicien, Paris, Calmann-Lévy, 1977
Le bluff technologique, Paris, Hachette, 1988
Anarchie et christianisme, Lyon, Atelier de la création libertaire, 1988

[1] D’après le CERI (Comité européen sur les Risques de l'Irradiation), le nucléaire civil et militaire aurait tué plus de 60 millions de personnes entre 1945 et 1989, soit environ 3.500 par jour.
[2] Serge Lepeltier, ancien ministre français du Développement Durable, affirmait dans Le Figaro en 2003 que « 30.000 personnes mouraient chaque année en France des suites de maladies liées à la pollution de l’air. » La pollution de l’air n’ayant pas de frontière, un calcul simple permet d’affirmer qu’elle tue 3 millions d’individus dans le monde chaque année.
[3] Le plein s’il vous plaît, Jean-Marc Jancovici, Alain Grandjean, éd. Seuil, 2006

L’allocation universelle : un rêve à portée de main ?

Défendue par Yves Cochet, l’un des deux candidats écologistes encore en lice pour l’élection présidentielle, l’allocation universelle (également appelée revenu d’existence ou dividende social) a le vent en poupe. Présentée comme la plus grande avancée écologique et sociale du XXIe siècle par ses partisans, elle offre à chacun un salaire minimum garanti, sans contrepartie de travail. Loin d’être une idée irréaliste ou un encouragement à la fainéantise, le revenu d’existence repose sur des arguments économiques, sociaux et philosophiques difficilement contestables. Yannick Vanderborght et Philippe Van Parijs en font la démonstration dans leur dernier ouvrage, L’allocation universelle.
« Impossible de penser l’avenir de la protection sociale, en Europe comme dans le reste du monde, sans évoquer l’allocation universelle, c’est-à-dire l’idée de verser sans conditions à tous les citoyens un revenu de base, cumulable avec tout autre revenu. » Le livre de Vanderborght et Van Parijs, professeurs à l’Université catholique de Louvain, tombe à point nommé. Dans une période agitée par les conflits sociaux et la défense d’intérêts particuliers, l’idée d’allocation universelle s’impose comme une réforme profitable à tous. Apparu à la fin du XIXe siècle, le revenu d’existence a été défendu par plusieurs Prix Nobel d’économie dont James Tobin, Jan Tinbergen et James Meade. Concrètement, le dividende social se différencie du revenu minimum d’insertion sur trois points : il est accordé de manière individuelle, à tous les citoyens et sans contrepartie. Permettant de s’attaquer à la pauvreté et de réduire le chômage, l’allocation universelle comporte également des avantages écologiques puisqu’elle freine la croissance de la production industrielle et privilégie le « mieux-être » au « plus avoir ».

Pour le moment, seul le Brésil a instauré – partiellement – une telle allocation. Nonobstant, de plus en plus de citoyens (écologistes, communistes, socio démocrates, libéraux de gauche ou même catholiques conservateurs) l’appellent de leurs vœux. En Belgique, Franck Vandenbroucke (ancien ministre des Affaires sociales) affirme qu’une « allocation universelle est peut-être la voie de la sagesse politique ». Aux Pays-Bas, l’ancien Premier ministre Wim Kok a émis l’idée d’une instauration d’un tel revenu. En Finlande, on remarque un soutien analogue de la part de l’ « Alliance de gauche », un rassemblement d’écologistes et de socialistes, ayant participé au gouvernement entre 1995 et 2003. Enfin, en France, Yves Cochet, candidat à la candidature verte à l’élection présidentielle de 2007, assure que « seul un revenu pour tous peut libérer de la crainte d’être exclu et permettre à chacun de construire son propre parcours ».

Si l’ouvrage de Vanderborght et Van Parijs éclaircit la définition et le contexte d’instauration de l’allocation universelle, il laisse toutefois quelques regrets. Les avantages d’un tel revenu, en termes de baisse du stress sociétal, éradication de la misère et création d’une société de consensus, sont oubliés. Rien n’est dit sur le coût monétaire d’une telle réforme et sur les différents moyens de la financer. Les nombreuses questions qu’on se pose en cours de lecture restent donc sans réponse : une augmentation de la TVA peut-elle financer à elle seule le dividende social ? A quel niveau doit-on fixer l’allocation universelle ? Sera-t-elle indexée au Produit Intérieur Brut ? A l’inflation ? Quelles incidences sur les allocations conditionnées existantes ?...

Le principal mérite du livre de Vanderborght et Van Parijs réside donc dans la présentation pédagogique de l’allocation universelle. Si les auteurs souhaitaient clarifier le concept de revenu d’existence et étudier ses conditions d’application concrètes, l’objectif est largement atteint. Mais le lecteur assoiffé de connaissances sur le sujet en voudra certainement davantage…

Samuel Duhamel

L’allocation universelle, de Yannick Vanderborght et Philippe Van Parijs, éd. La Découverte, 122 pages, 6 euros


Pour aller plus loin :
Libérer l’avenir avec le revenu d’existence, de Samuel Duhamel
Le revenu d’existence ou la métamorphose de l’être social, de Yoland Bresson, éd. L’esprit frappeur, 2000
L’allocation universelle. Pour un revenu de citoyenneté, de Jean-Marc Ferry, éd. Cerf, 1995
Basic Income Earth Network : http://www.basicincome.org/
Attention danger travail, réalisé par Pierre Carle, Christophe Coello, Stéphane Goxe, 2003

14.5.06

Trois questions à Udo Wolf

Vice-président du PDS de Berlin, Udo est le frère d’Harald, actuel sénateur PDS de l’économie, du travail et des femmes à Berlin.

Avec le WASG, un nouveau parti protestataire a vu le jour l’année dernière en Allemagne. Le PDS se fait-il dépasser sur sa gauche ?
Absolument pas. Le WASG reste un petit parti et la plupart de ses membres souhaitent travailler avec nous, même à Berlin. Mais ce parti a l’avantage de faire renaître l’espoir chez les sympathisants déçus par la gauche réformiste. Il représente un idéal à suivre et certains électeurs y seront sensibles. Malgré cela, le PDS reste le principal parti à la gauche du SPD en Allemagne.

Que pensez-vous de la candidature autonome du WASG pour des élections régionales de septembre ?C’est une catastrophe. Cette décision plombe la dynamique de fusion entre le PDS et le WASG. Pour moi, c’est une dérive sectaire et contre-productive puisqu’elle marginalise le WASG et crée de l’incompréhension chez nos sympathisants. Dans ces conditions, je ne vois pas comment Lucy Redler et ses colistiers pourraient dépasser les 2%.

La politique menée par le PDS à Berlin depuis 2001 n’a-t-elle pas une part de responsabilité dans le choix d’autonomie du WASG ?
Cette candidature indépendante provient d’une succession de malentendus. Par exemple, nous avons décidé de privatiser des appartements pour faire rentrer de l’argent dans les caisses du Land et investir dans des programmes sociaux. Le WASG n’a pas cherché à comprendre notre démarche. Pour eux, chaque privatisation est synonyme de recul social. En adoptant une telle posture, le WASG Berlin s’ancre durablement dans l’opposition.

Samuel Duhamel

Pâle ou vif, le rouge est à la mode à Berlin

Créé en janvier 2005 par des déçus de la gauche réformiste, le WASG (Alternative pour le travail et la justice sociale) cherche à fonder un pôle unitaire anti-libéral avec les anciens communistes du PDS (Parti du socialisme démocratique) en Allemagne. Mais à Berlin, la section locale du WASG ne veut pas s’unir avec le PDS régional. Pour les élections de septembre, ce sera du chacun pour soi !

Privatisation de 65.000 logements, suppression de 15.000 emplois dans les services publics, fin de la gratuité du matériel scolaire, instauration de postes payés un euro de l’heure dans l’administration… A quelques semaines des élections régionales, le bilan de la coalition « rouge – rouge » au pouvoir à Berlin depuis 2001, pourrait séduire les libéraux les plus orthodoxes. Il est pourtant l’œuvre d’un gouvernement de gauche, formé par le SPD (Parti social-démocrate) et le PDS. Contraint d’effacer une partie de la dette de la ville (estimée à 68 milliards d’euros, soit plus de trois fois le budget annuel), l’équipe du maire socialiste Klaus Wowereit a sacrifié de nombreux programmes éducatifs et sociaux. Résultat : de nombreux sympathisants socialistes se détournent du SPD, accusé de mener une politique antisociale. « A partir des années 90, la gauche réformiste allemande a accepté progressivement l’idée de déréguler et de privatiser pour économiser des fonds publics. Ce fut une grossière erreur ! », explique Holger Droge, ancien militant social-démocrate ayant adhéré au WASG.

Irréductibles
Jugeant les réformes de la coalition « rouge – rouge » catastrophiques, les 860 militants berlinois du WASG veulent présenter une liste autonome aux élections de septembre. Autour de la charmante candidate trotskyste Lucy Redler, le WASG berlinois entend restaurer l’image d’une gauche « rouge vif » : anti-capitaliste et redistributive. Figurent notamment au programme la renationalisation du service de l’eau, un revenu minimum à 10 euros de l’heure et la diminution du temps de travail sans réduction de salaire. Recueillant un faible score dans les enquêtes d’opinion, la candidature autonome du WASG berlinois dérange les délégués fédéraux du parti. Oskar Lafontaine, instigateur de l'alliance WASG - PDS au Bundestag, a ainsi annoncé vouloir sanctionner le WASG Berlin par des « mesures administratives » en cas de candidature autonome. Mais cela ne semble pas arrêter les militants indépendantistes : « Oskar Lafontaine doit comprendre que la politique du PDS berlinois s’oppose aux principes que défend notre parti. Accepter un traité de coalition avec eux signifierait accepter leurs erreurs et leurs compromissions avec le SPD. Nous ne pouvons pas faire cela ! », assure Lucy Redler, chef de file du WASG berlinois.

Victoire attendue du SPD
Les désaccords entre les deux formations de gauche radicale font les affaires de l’autre parti « rouge » berlinois, le SPD. Face à une CDU (Union pour une démocratie chrétienne) berlinoise minée par des scandales de corruption et l’absence d'un véritable leader, Klaus Wowereit voit son horizon politique se dégager. Apprécié par les Berlinois pour son ouverture d’esprit et son esprit d’initiative, l’élu socialiste obtiendrait près de 35% aux élections régionales, d’après les sondages. Ce score lui offrirait une latitude d’action suffisante pour construire une nouvelle coalition avec le PDS et/ou les Verts. Dix ans après la chute du mur, le rouge semble s’être définitivement trouvé une place au soleil dans la capitale allemande.

Samuel Duhamel

27.4.06

O mal-estar francês

Em menos de um ano, os franceses manifestaram, por três vezes, ira e insatisfação com as políticas dos seus dirigentes nacionais e europeus. O “não” à Constituição Européia, em maio de 2004, a revolta dos subúrbios em novembro de 2004 e as manifestações contra o Contrato Primeiro Emprego (CPE), em março de 2005, são sintomas da crise geral que atravessa o quinto poder econômico do mundo.

Um ano antes da eleição presidencial, a França sente-se mal. Nunca, na história recente do País, os indicadores socioeconômicos foram tão inquietantes. Cerca de 100.000 pessoas estão sem abrigo, a taxa de desemprego atingiu 9,8% e a dívida pública levantou vôo (1,138 trilhão de euros, ou seja, mais de R$3,004 trilhões). Pela primeira vez desde 1945, os franceses têm o sentimento de que a próxima geração viverá em piores condições sociais que a atual. As consequências politicas dessa crise foram sentidas pelo poder Executivo: pesquisas de opinião mostram que mais de 70% da população demonstra insatisfação com o presidente da República, Jacques Chirac, da UMP (União por uma Maioria Popular), partido de direita, e com o premiê Dominique de Villepin (UMP). A promessa de Villepin de “voltar a dar confiança aos franceses”, quando chegou ao governo, em junho de 2004, parece quase surrealista.

Com a sua trindade – liberalismo econômico, política de segurança e ajuda às igrejas –, Nicolas Sarkozy, atual ministro do Interior, é o mais cotado para suceder Jacques Chirac em 2007. Apesar do seu fracasso como ministro do Interior, com o crescimento da violência nos subúrbios, ele desfruta de boa popularidade. Sua vontade de “ruptura”, aliada a uma estratégia eficaz de comunicação e o apoio maciço do maior partido francês (a UMP), fazem dele um candidato competitivo.

De seu lado, a esquerda não lança nenhum programa alternativo. Os ambientalistas do Partido Verde são os únicos a apresentarem um programa radical, de instauração de renda básica de cidadania, saída da energia nuclear, divisão dos lucros do trabalho e projetos criadores de emprego. Mas não são bem retratados pelos meios de comunicação de massa.
Principal força política de oposição, o Partido Socialista (PS) não demonstra capacidade para satisfazer as expectativas do povo francês: sem projeto, sem líder e sem relações com outros partidos de esquerda, o PS brilha por sua falta de imaginação.
A alta popularidade de Ségolène Royal nas pesquisas confirma essa impressão. Mulher do primeiro-secretário do PS, François Hollande, ela não é apreciada por suas idéias, mas pelos valores que defende (família, saúde, defesa do meio ambiente) e, bem, pelo fato de ser mulher.

Neste quadro, os partidos extremistas podem se aproveitar da situação. Em 2002, Jean-Marie le Pen, líder nacionalista e racista da Frente Nacional (FN), atingiu o segundo turno da eleição presidencial – susto que pode ser repetido não só porque, hoje, ele tem mais apoio do que há quatro anos atrás, mas pelas deficiências dos projetos partidários à esquerda.
Há, outra vez, um mal-estar na França.


Samuel Duhamel, formado em Ciência Política no Instituto de Estudos Políticos de Lille, França