27.9.10

Paris dans le bon wagon

Le Paris-Saint-Germain s'est facilement imposé hier soir sur la pelouse du stade Bollaert face à Lens (2 buts à 0). Les buts ont été inscrits par Yahia contre son camp puis par Nenê en toute fin de rencontre. Cette victoire à l'extérieur (la première en 2010 pour le PSG) permet aux joueurs d'Antoine Kombouaré de faire leur apparition dans le top 5 du championnat. Les Lensois, eux, restent relégables à la 19e et avant-dernière position.
Echos et réactions d'après-match :
Yahia, héros malheureux. Le défenseur lensois fêtait son 29e anniversaire ce soir. Il aurait souhaité remporter ce Lens-Paris en inscrivant pourquoi pas le but de la victoire... C'est le contraire qui s'est produit. L'international tunisien a inscrit le premier but parisien au terme d'une séquence digne du vidéo gag. Un anniversaire cauchemardesque...

Antoine Kombouaré, entraîneur du PSG :"Ce sont trois très bons points ce soir acquis dans la difficulté. On a fait une première mi-temps très décevante, Lens a bien commencé mais ensuite, on est montés en puissance. Et je pense que la victoire est méritée. On s'est procurés beaucoup d'occasions en seconde période. Mes joueurs ont bien réagi avec beaucoup de disponibilité. C'est notre première victoire à l'extérieur en championnat depuis décembre 2009 (déjà dans le Pas-de-Calais à Boulogne-sur-Mer 5-2). Il faut continuer cette série désormais. Je reste sur mes gardes toutefois. Nous somme dans le bon wagon au classement mais d'autres batailles sont à venir très prochainement. On est dans une période positive, ce n'est pas le cas à Lens, on le savait. On a su profiter d'une petite faute de la défense lensoise pour se détacher et notre discipline collective a fait le reste."

Alaeddine Yahia, défenseur du RC Lens :"On traverse une période noire, il faut continuer à travailler. On a bien commencé mais on n'a pas marqué ce soir. Il y a eu ce but malheureux mais il ne faut pas s'accabler sur notre sort. Ca fait sept matchs qu'on est en réaction. On ne marque jamais en première mi-temps. On est en Ligue 1 pas en division de district. On veut en faire trop. Il faut se défoncer maintenant. ll faut se prendre en main maintenant ou jamais. Il faut se donner un coup de pied au cul. On est inquiets. L'année dernière, on était aussi en grande difficulté. Quand tu joues le maintien et que tu ne gagnes pas à domicile, ça coince, ça pose problème. Par rapport à mon anniversaire, je m'en fous. On a cinq points après sept journées... comme Lyon. Je ne suis pas inquiet pour Lyon, pour nous oui. Il faut faire les efforts toute la rencontre. Il faut qu'on continue à se battre. Personne ne nous fait des cadeaux. On traverse une période noire."

Jean-Guy Wallemme, entraîneur de Lens :"Ca se complique ! On a été bons plutôt bons en première mi-temps. Mais notre début de deuxième mi-temps est très compliquée. Derrière, on a joué par à coups avec de longs ballons. On n'a pas su rivaliser avec les attaquants parisiens. On a eu quelques opportunités. On a pris des risques de manière désorganisée. Il y avait peut-être la place pour prendre un point ce soir. Il faut continuer à bosser, c'est la clé. Il y a un manque de confiance évident dans notre équipe. Il faut que cela change. Ce soir, on s'est mis en danger tout seuls. On n'a pas encore marqué en première mi-temps. On ne réussit pas à progresser, il est plus que temps d'avancer. On a les nerfs à vif, on le sait. On manque de lucidité. Il faut retrouver de la confiance au plus vite."
Propos recueillis par Samuel Duhamel

12.9.10

Les damnés de la terre agricole

Ils s'appellent Mohamed, Guilhermino, Naïma, Hassan ou Salah Abdel. Comme tant d'autres, ces ouvriers horticoles traversent chaque printemps la mer Méditerranée pour offrir leur force de travail à de riches exploitants agricoles occidentaux. Pendant cinq ou six mois, ils répètent sans cesse les mêmes mouvements pénibles pour que nous puissions consommer fraises, oranges et tomates à longueur d'année. Ces saisonniers sont invisibles. On ne les entend jamais dans les médias. Pourtant, très souvent, leur quotidien ressemble un enfer. Cadences infernales, heures supplémentaires non rémunérées, exposition permanente aux pesticides, licenciements abusifs... Leurs vies sont conditionnées aux profits de l'industrie qui les emploie. On pourrait les appeler les damnés de la terre agricole. Dans son livre, Patrick Herman les surnomme Les nouveaux esclaves du capitalisme.

En cinq chapitres, l'auteur décrit les conditions de travail de ces salariés précaires, presqu'exclusivement étrangers, dans différentes régions du bassin méditerranéen. Et cela fait peur ! Car la « modernisation de l'agriculture » est peu regardante de la dignité humaine ou de la préservation de l'environnement. Avant, travailler dans un verger ou dans un champ, c'était extraire le meilleur de la terre nourricière pour le vendre à un prix juste sur les marchés locaux. Depuis cinquante ans, cela veut dire produire plus, plus vite et moins cher pour gagner des marchés, accroître continuellement la dose d'insecticides et ne plus respecter les rythmes biologiques. Bienvenue dans le monde de l'agribusiness où les fermes ont perdu leur visage humain !

En se rendant sur les lieux de production, en interviewant les saisonniers, Herman constate que cette exploitation est encouragée par les Etats eux-mêmes. Plus personne en Europe n'accepterait de travailler dans des serres pour ses salaires ridicules, dans des conditions pénibles et avec des cadences élevées ? Alors, il faut aller chercher ailleurs. Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de Maghrébins, d'Ukrainiens ou de Sénégalais s'épuisent donc dans les champs espagnols ou français. L'agriculture figure en effet au premier rang des secteurs économiques gourmands en main-d'œuvre étrangère. Herman l'assure : « Ce ne sont pas les régularisations massives des sans-papiers qui créent l'appel d'air pour de nouvelles migrations, mais bien l'offre de travail permanente que proposent certains secteurs de l'économie. » En un sens, la venue des salariés agricoles étrangers sur nos territoires et la servitude dont ils ont victimes dans nos serres ne sont donc que les conséquences des impératifs de production de l'agriculture intensive.

Même si la démonstration d'Herman ne concerne que le secteur agricole, elle permettra peut être de réveiller les naïfs quant aux conséquences désastreuses du capitalisme libéral productiviste. A conseiller donc aux endormis mais aussi à tous ceux qui se sentent l'âme révolutionnaire sans trop savoir pourquoi !

Samuel Duhamel

Les nouveaux esclaves du capitalisme. Agriculture intensive et régression sociale : l'enquête de Patrick Herman, éditions au diable Vauvert, 407 pages, 2010, 23 euros