Paulo Coelho
Marine Le Pen
m’a fait bander ! Et plus d’une fois ! Incroyable… mais vrai. A son
corps défendant, la présidente du Front National m’a fait découvrir un genre
littéraire que je ne connaissais pas : la littérature érotique.
Explications : 6 décembre 2015, le FN réalise près de 41% au premier tour
des élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Bandant ? Pas
vraiment. Deux, trois duplex pour annoncer la nouvelle à des millions de
téléspectateurs/trices. Parmi elles : Apolonide Morfent. Ma prestation en
direct lui a plu visiblement. Elle m’envoie un message sur Twitter :
«@SamuelDuhamel, je t’aime ! » Une première dans mon humble carrière de
journaliste télé. Intrigué par cette affection soudaine, je m’abonne à son
compte. Je découvre qu’Apolonide est une libertine assumée, « 100% milf
intraitable » comme elle l’écrit sur le réseau social. Et elle aime tellement la
baise qu’en elle en écrit de courts romans. Parmi eux : La conception des
succubes.
C’est un
ouvrage de 62 pages qui raconte les aventures sexuelles de Mathilde, une trentenaire
célibataire, mère de deux enfants. Pardon d’être cru mais c’est un fait
incontestable : Mathilde aime la bite. Ou plutôt les bites. Dans cette histoire,
elle se fait ramoner le siphon (l’expression est de moi, je précise) une bonne
trentaine de fois et encore, j’en oublie probablement. Mathilde est expressément
polygame, surfe sur les sites échangistes et est experte en relations
sexuelles. A deux, à trois ou à beaucoup plus. Elle a essayé tout ce que vous n’avez
probablement jamais envisagé ou même imaginé, vous les « conventionnels ».
Car en fait,
ce livre, c’est d’abord l’expression d’une sexualité épanouie, bien que minoritaire.
Mathilde (comme Apolonide, sa créatrice) a longtemps vécu avec un compagnon « tyran
pathologique » qui la violentait quotidiennement. Une sale période. Dix
ans de coups et de frustrations, desquels ont tout de même germé deux charmantes petites
filles qui lui apportent un équilibre incomplet. Alors, il faut baiser !
Plutôt deux fois qu’une. Plutôt trois fois que deux. Et ainsi de suite. Du hard
vraiment hard. Qui conduit l’amateur pourtant un peu averti à faire des
recherches dans Google : « shibari » et « gagging »,
vous connaissiez ? Moi, non plus. Via son double de papier, Apolonide
Morfent tente de justifier ses pratiques échangistes radicales comme pour mieux
se convaincre qu’elles ne sont pas malsaines. Dans son livre, elle cite
certaines de ses références musicales : le refrain des Stooges « I
just wanna be your dog ! » ou Britney Spears et sa chanson « Slave for
you ». Jouir sans entrave. L’hédonisme à la sauce échangiste. Mathilde n’est
pas une « salope », contrairement à ce que certains de ses
partenaires peuvent lui dire en lui remplissant l’anus. Non, Mathilde est une femme qui aime le sexe
et les hommes. Une femme qui aime le sexe. Une femme qui aime. Une femme. Tout
simplement.
La conception
des succubes est un livre imparfait, pourvu de nombreuses fautes de français et
au style au mieux basique. Il n’a pas été édité en librairie et cela ne
constitue en rien un scandale. Mais il a deux mérites : 1. Compiler au fil
de ses 62 pages une liste exhaustive de synonymes de pénis (« verge »,
« manche », « bite », « chibre », « phallus »,
« membre », bâton », « ogive », « queue »…)
et surtout 2. Montrer l’envers du décor de l’univers libertin avec une somme de
détails qui transpirent le vécu. Vous m’avez fait bander, Marine Le Pen. Merci.
Samuel
Duhamel
La conception des succubes, récit subversif à conception philosophique d’Apolonide Morfent, 62 pages, 3 euros
http://www.youscribe.com/Search?quick_search=la+conception+des++succubes