12.11.06

Une minute assourdissante

19h59, ce samedi 11 novembre au stade Félix-Bollaert. Les « Sang et or » de Lens s’apprêtent à défier le stade rennais dans un match de championnat ordinaire. Dans les travées, 34 000 supporters passionnés chantent à tue-tête à la gloire de leurs héros. Convivialité, plaisir d’être ensemble et chaleur humaine sont les ingrédients utilisés par les c’htis lensois pour faire grimper la température.
Deux speakers, sortes de Laurel et Hardy des temps modernes, font monter l’ambiance dans les tribunes du meilleur public de France. « Est-ce que la tribune Delacourt est en formeeeeeeeeeeeeeee ? » Le public répond comme un seul homme, feignant d’oublier les tracas du quotidien. « Ouaihhhhhhhhhh ! »Les secondes s’égrainent : il n’en reste plus beaucoup avant que les attaquants rennais donnent le coup d’envoi. Petit à petit, l’excitation devient plus intense. Et soudain sonnent les 20h00 : l’arbitre met son sifflet à la bouche, le match commence. Pour ces milliers de supporters venus encourager leurs joueurs, c’est la délivrance. Pour des centaines d’autres venus au stade pour le plaisir, c’est l’incompréhension.
11 novembre 2006 : 88 ans que l’armistice de la Grande Guerre a été signé. 8 millions de morts, six millions d’invalides, des milliers de gueules cassées… Morts pour la France et pour la Liberté. Morts pour qu’un siècle après, on puisse jouer au foot tranquillement dans un stade de province. On aurait aimé une minute de silence en pareille occasion. Ni les arbitres, ni les joueurs ne semblent être perturbés par une telle omission. Score final : 0 à 0.

Samuel Duhamel