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En effet, les trajectoires de FHC et de Lula n’auraient pas pu être plus divergentes. Le premier appartient à une famille composée de généraux, de ministres de guerre, d’un sénateur, d’un préfet du district fédéral et d’un directeur de banque centrale. Le second avait un père analphabète et irresponsable, de ceux capables d’abandonner femme et enfants pour mettre enceinte une adolescente de 16 ans. Alors que la carrière de Cardoso était prédestinée (études de sociologie, professeur d’université, sénateur, ministre des Affaires Etrangères, Premier ministre
puis Président de la République), Lula a connu des hauts et des bas. Pendant longtemps, sa vie fut une pénitence. Le papa parti, il dût vivre avec ses sept frères et sœurs sans électricité durant toute son enfance. Très jeune, il dût travailler comme vendeur de cacahouètes ou comme cireur de chaussures pour aider sa famille à vivre. Il a connu le chômage, la solitude et la souffrance. Sa première femme est décédée le jour de l’accouchement de son premier enfant, mort-né. Il fut prisonnier politique durant la dictature militaire en raison de ses activités syndicales. Il a dû se présenter quatre fois à la présidentielle pour être enfin élu, alors que tout le monde s’attendait à le voir gagner dès sa première tentative[1]. Et FHC ? Alors qu’il ne voulait même pas se présenter, il fut élu deux fois dès le premier tour.
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O sapo e o principe mérite le détour tant son auteur connaît la politique brésilienne à la perfection. Certains détails sont croustillants. L’ouvrage permet de comprendre non seulement l’histoire de Fernando Henrique Cardoso et celle de Lula mais aussi l’Histoire du pays depuis 1954 et le suicide de Getulio Vargas. O sapo e o principe est donc un livre indispensable pour quiconque cherche à connaître le passé et le présent du pays du futur.
Samuel Duhamel
[1] Miriam, son ex-femme, avait alors affirmé dans une interview que le candidat du PT était intolérant, machiste et alcoolique. Cette accusation fut dévastatrice. Plus tard, une journaliste expliqua que le frère du candidat Collor (également qualifié pour le 2d tour) avait acheté le témoignage de Miriam pour 123 000 dollars.