Photos : AFP, La Voix du Nord, E. Bride, S. Mortagne |
Daniel Percheron, Jean-Pierre Kucheida, Jacques Mellick,
Gérard Dalongeville… Les barons du PS artésien… Leurs histoires n’en forment
qu’une en réalité. Celle de la
fédération socialiste du Pas-de-Calais mise en lumière par Benoît Collombat et
David Servenay dans leur livre, La Fédé.
Les journalistes y racontent la corruption des élus, les détournements de fonds
publics, la cooptation, le favoritisme… Toutes les pratiques indignes
perpétrées par les dirigeants PS du département le plus rose de France
(15 000 militants soit 12% du total national).
Au-delà de l’irresponsabilité de quelques-uns, ce qui heurte
le lecteur, c’est l’institutionnalisation d’un système quasi mafieux. Création d’un
faux bureau d’études servant à financer illégalement le parti, nomination de
nombreux proches dans les cabinets d’élus, multiplication des fausses cartes PS
afin de faciliter les votes internes, attribution d’emplois fictifs à quelques
semaines d’une élection pour « convaincre » les électeurs concernés…
Et surtout éviction de quiconque cherche à dénoncer ces pratiques anti-démocratiques. Les journalistes
reviennent en effet sur le sort de ces « bannis », ces militants
sincères et bien intentionnés qui souhaitaient changer le système de
l’intérieur. Ils s’appellent Pierre Ferrari, Marie-Noëlle Lienemann ou
Anne-Sophie Taszarek. Et ont été voués aux gémonies par les tenants de la
fédération. Exclu du mouvement, insultés ou freinés dans leur progression au
sein du PS, les chevaliers blancs du parti rose se sont heurtés à une
forteresse imprenable. Forteresse dont les anciens secrétaires nationaux
François Hollande et Martine Aubry connaissaient forcément les déviances et les
excès. Et pourtant, il a fallu attendre bien tard (juin 2012) pour que la
fédération du Pas-de-Calais soit – enfin – mise sous tutelle par Solférino.
Fouillée, précise et
donnant toujours la parole aux personnes incriminées, l’enquête de Benoît
Collombat et David Servenay est un modèle du genre. Dommage que les deux
auteurs se perdent parfois dans des considérations un peu trop lointaines du
sujet initial (les dédales du fonctionnement du bailleur social de la Soginorpa
ou les conditions d’attribution du Grand Stade de Lille à la société Eiffage).
Malgré tout, on ne peut qu’encourager la lecture d’un livre qui cite
opportunément Victor Hugo, repris par Kucheida (page 69) : « Ceux
qui vivent, ce sont ceux qui luttent […] », disait le baron de Liévin. Pas de doute, les soldats roses du Pas-de-Calais
se sont trompés de combat.
Samuel Duhamel
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[1] Merci à Marcel et son orchestre de m’avoir aidé pour
le titre de cet article ! Pour les extraterrestres qui ne connaîtraient
pas les Marcel, voici un petit extrait d’une
de leurs interventions télévisées les plus célèbres. Promis, c’est la
dernière fois que je crée un lien vers une émission présentée par M. Drucker.