26.1.10

Ivan Illich, précurseur de l’écologie politique

« Un monde de demandes sans cesse croissantes n’est pas seulement d’une nature mauvaise, il devient tout bonnement l’enfer… »
Ivan Illich, Une société sans école, 1970

Et si le problème d’Ivan Illich avait été d’avoir eu raison trop tôt ? Et si son avant-gardisme avait été un inconvénient plus qu’un atout ? Lors de l’écriture de ses principaux essais (Energie et équité, La convivialité, Némésis médicale…), les sociétés occidentales sont encore bercées par le ronronnement de la croissance des Trente Glorieuses. Plein emploi, accès facilité aux innovations technologiques, porte-monnaie remplis…, le monde industrialisé surfe sur la vague du toujours plus. En France, René Dumont, le premier candidat écologiste à une élection présidentielle, récolte 1,3% des votes et bien des sarcasmes. Le club de Rome et son rapport Halte à la croissance ? est moqué, son catastrophisme dénoncé. A l’époque, l’écologie politique n’est qu’un courant marginal animé par des savants fous ou de doux rêveurs. C’est dans ce contexte que germe la pensée d'Ivan Illich.

Illich porte un regard radicalement critique sur le monde qui l’entoure. Il remet en doute ce qui est considéré comme allant de soi. Pour lui, la société industrielle et les institutions qui la composent (l’école, l’hôpital, la voiture…) ne constituent pas des modèles de développement. Au contraire. Elles sont incompatibles avec la société conviviale qu’il appelle de ses vœux, c’est-à-dire une société dont les fondements sont la recherche perpétuelle de l’épanouissement de tous les Hommes et non d’une minorité. Illich explique dès les années 70 que la généralisation du monde de vie occidental dans les pays du Sud est à la fois impossible financièrement et contre-productive humainement. Sa vie durant, il montre que l’école exclut plus qu’elle n’intègre, que la voiture nous freine plus qu’elle nous permet d’avancer, que l’hôpital nous rend malades plus qu’il nous soigne. Pour ses amis Valentine Borremans et Jean Robert, « Illich fut le plus lucide des critiques de la société industrielle. Ses thèses ont peut-être été oubliées, mais jamais elles n’ont été infirmées. Après elles, la société industrielle a perdu toute justification théorique. Elle ne tient debout que grâce à l’hébétude de ses membres et au cynisme de ses dirigeants. »

Et c’est en cela que la pensée d’Illich est aujourd’hui douloureuse à appréhender. Le lire, c’est se rendre compte qu’il avait raison trop tôt, que sa réflexion avait quarante ans d’avance au moins sur celle des penseurs politiques de l’époque et que les dérives de notre système économique mondialisé auraient certainement pu être corrigées si on l’avait écouté. Car aujourd’hui, de quoi a-t-on peur ? Qu’est-ce qui nous choque dans ce monde en 2010 ? L’injuste répartition des revenus qui font que 350 milliardaires gagnent autant que 4 000 000 000 d’oubliés. Illich dénonçait cette tendance naissante dès 1965. La destruction de l’environnement par et pour la recherche du profit maximal ? Illich a toujours critiqué la surabondance vantant les mérites de « la joie dans la sobriété » et de la recherche de « rendement social » plus que de « rentabilité industrielle ». La perte de sens et d’autonomie dans l’existence de l’Homme ? C’est justement en décrivant la société conviviale qu’Illich cherchait à faire de nous des citoyens acteurs de nos vies et non plus des consommateurs obnubilés par l’avoir.

Quelque part, qu’une société comme la nôtre ait pu laisser de côté une pensée aussi vive et foisonnante que celle d’Illich incite au pessimisme. Nous vivons sur une planète finie. A long terme, notre modèle économique est incompatible avec la poursuite d’une vie humaine sur Terre. Nous savons que des civilisations aussi intelligentes que celles des Mayas, des Incas ou des Aztèques ont disparu. Et nous avons, avec des penseurs comme Illich, les clés pour reconstruire une société sobre, joyeuse et tournée vers l’Homme… donc conviviale. Et pourtant, nous ne faisons rien ou si peu et l’écologie reste un courant politique parmi tant d’autres. La révolution des mentalités à laquelle Illich nous appelle ne se fera sans doute pas en un jour ; mais elle est indispensable pour que l’Homme du XXIe siècle sorte enfin de la caverne que Platon décrivait dans l’Antiquité. Le premier livre d’Ivan Illich est intitulé Libérer l’avenir. C’est sans doute la définition la plus simple mais aussi la plus ambitieuse que l’on puisse donner à l’écologie aujourd’hui.

Samuel Duhamel

Illich dans le texte

Voici une compilation subjective de citations d’Ivan Illich, un condensé de sa pensée. Elles décrivent avec minutie mais sans emphase la société conviviale à laquelle aspirait l’auteur autrichien.

« Il nous revient de combattre l’école publique et gratuite au nom de la véritable égalité des chances devant l’éducation. La jeunesse veut des institutions éducatives qui lui assurent vraiment l’éducation. Elle n’a pas besoin, elle ne veut pas de soins maternels, de certificats de garantie ni d’endoctrinement. »
In Libérer l’avenir, 1970

« L’esprit est conditionné au sous-développement lorsque l’on parvient à faire admettre aux masses que leurs besoins se définissent comme un appel aux solutions occidentales, ces solutions toutes faites qui ne leur sont pas accessibles. »
In Libérer l’avenir, 1970

« L’éducation véritable est l’éducation par laquelle la conscience s’éveille à de nouvelles possibilités de l’homme, l’éducation qui met l’imagination créatrice au service d’une vie plus humaine. Le sous-développement, au contraire, suppose une capitulation de la conscience sociale et l’acceptation des conditions préfabriquées.
In Libérer l’avenir, 1970

« Si l’on veut cesser de dépendre des écoles, ce n’est pas en investissant les ressources budgétaires dans un nouveau système destiné à "faire" apprendre que l’on y parviendra. Ce qu’il faut plutôt, c’est créer de nouveaux rapports entre l’homme et ce qui l’entoure qui soient source d’éducation. »
In Une société sans école, 1970

« Plus que la soif de carburant, c’est l’abondance d’énergie qui mène à l’exploitation. Pour que les rapports sociaux soient placés sous le signe de l’équité, il faut qu’une société limite d’elle-même la consommation d’énergie de ses plus puissants citoyens. »
In Energie et équité, 1973

« Le monde actuel est divisé en deux : il y a ceux qui n’ont pas assez et ceux qui ont trop ; ceux que les voitures chassent de la route et ceux qui conduisent ces voitures. Les pauvres sont frustrés et les riches toujours insatisfaits. Une société où chacun saurait ce qui est assez serait peut-être une société pauvre ; elle serait sûrement riche de surprises et libre. »
In La convivialité, 1973

« Les hommes n’ont pas besoin de davantage d’enseignement. Ils ont besoin d’apprendre certaines choses. Il faut apprendre à renoncer, ce qui ne s’apprend pas à l’école, apprendre à vivre à l’intérieur de certaines limites, comme l’exige par exemple la question de la natalité. La survie humaine dépend de la capacité des intéressés d’apprendre vite par eux-mêmes ce qu’ils ne peuvent pas faire. Les hommes doivent apprendre à contrôler leur reproduction, leur consommation et leur usage des choses. Il est impossible d’éduquer les gens à la pauvreté volontaire, de même que la maîtrise de soi ne peut être le résultat d’une manipulation. Il est impossible d’enseigner la renonciation joyeuse et équilibrée dans un monde totalement structuré en vue de produire toujours plus et de créer l’illusion que cela coûte toujours moins cher. »
In La convivialité, 1973

« La santé a cessé d’être cette propriété naturelle dont chaque homme est présumé doté tant que la preuve n’a pas été faite qu’il est malade, et elle est devenue ce rêve inaccessible, cette promesse toujours lointaine à laquelle chacun peut prétendre en vertu des principes de justice sociale. »
In Némésis médicale, 1975

« Nous vivons à une époque où l’apprendre est programmé, l’habiter urbanisé, le déplacement motorisé, les communications canalisées et où, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, presqu’un tiers des denrées alimentaires consommées proviennent de marchés éloignés. Dans une société sur-industrialisée à ce point, les gens sont conditionnés à obtenir des choses et non à les faire. Ce qu’ils veulent, c’est être éduqués, transportés, soignés ou guidés plutôt que d’apprendre, de se déplacer, de guérir et de trouver leur propre voie. »
In Némésis médicale, 1975

20.1.10

Ivan Illich, l’Epiméthée du XXe siècle

Lors de la création du monde, les dieux grecs demandèrent à Prométhée et Epiméthée d’accorder à chaque race des qualités suffisantes pour assurer l’équilibre de la Terre. Epiméthée se chargea de cette tâche. Il donna à chaque animal un atout pour pouvoir échapper à d’éventuels prédateurs. Certains furent créés lents mais imposants, d’autres petits mais rapides, d’autres encore vulnérables mais incomestibles. Mais lorsqu’il dût équiper l’espèce humaine, Epiméthée avait déjà distribué toutes les facultés que les dieux lui avaient confiées. Pour rattraper l’oubli de son frère, Prométhée alla voler le fer à Athéna et le feu à Zeus et les donna aux Hommes. Faute de capacités physiques, la faculté de l’Homme sera désormais dans l’ingéniosité et le savoir-faire technique.

Mais le vol du fer et du feu provoqua la colère de Zeus. Pour se venger de Prométhée, Zeus l’enchaîna au mont Caucase où son foie fut dévoré chaque jour par un aigle.
Et pour se venger d’Epiméthée, coupable d’avoir laissé l’Homme sans défense, Zeus créa Pandore, une femme sublime, généreuse et intelligente. Avant de l’envoyer sur Terre, il donna à la jeune femme une boîte qui contenait tous les maux de l’Univers comme la guerre, la famine ou le vice. Au fond de la jarre, cachée par la folie et la misère se trouvait une qualité que Zeus avait laissée là par erreur : l’Espoir. Lorsqu’elle arriva sur Terre, Pandore tomba éperdument amoureuse d’Epiméthée qui l’épousa malgré les avertissements de sa famille. C’est alors que Pandore ouvrit la boîte de Zeus et laissa échapper sans le savoir tous les maux de la Terre. Lorsqu’elle se rendit compte de son erreur, elle referma la boîte ; trop tard, seul l’Espoir demeura au fond.

Depuis lors, les Hommes en voulurent à Epiméthée, coupable d’avoir épousé la femme dispensatrice de tous les maux, et portèrent en héros Prométhée, libéré du mont Caucase par Héraclès. Ils organisèrent leur société autour du mythe prométhéen : désormais sera considéré comme progrès toutes les inventions permises par le fer et le feu. C’est dans l’accumulation de ces choses construites que l’Homme se réalisera. Très vite pourtant, une minorité douta de l’intérêt de cet objectif commun : pourquoi vouloir entasser toutes ces choses façonnées par la main de l’Homme ? La destruction de la nature pour la construction des biens humains est-elle vraiment salutaire ? N’y a-t-il pas un objectif de société plus noble ?

Et cette minorité se rappela de ce qu’avait fait Epiméthée : dans leurs yeux, il n’était pas celui qui avait oublié les Hommes mais celui qui avait cherché l’équilibre de la nature, il n’était pas l’époux de la semeuse de violence et de misère mais le mari de la gardienne de l’Espoir, il n’était pas celui qui cherchait à avoir plus mais celui qui perdit son âme par amour d’une femme. Epiméthée a défendu par ses actes un mode de vie différent basé sur un respect de l’environnement, l’amour du prochain et l’espoir d’un autre monde. C’est en cela qu’Ivan Illich fut un épiméthéen [1]. C’est en cela qu’Ivan Illich fut l’un des plus grands penseurs de notre temps.

Ivan Illich est né en 1926 à Vienne dans une famille qui dût déménager plusieurs fois, victime de l’antisémitisme du prince Paul de Yougoslavie puis de l’Allemagne nazie. Il étudia la théologie et la philosophie à Rome et devînt prêtre. Après cinq ans passés à New York dans une petite paroisse, il codirigea l’université catholique de Porto-Rico de 1956 à 1960. Il quitta son poste suite à un différend avec un évêque qui militait contre le port du préservatif. Illich fut d’ailleurs souvent en porte-à-faux avec les dogmes de l’église traditionnelle tant et si bien qu’il abandonna la prêtrise en 1969.

Cosmopolite et polyglotte (il apprit l’allemand, l’anglais, l’italien, l’espagnol mais aussi le tagalog, l’ourdou, l’hindi et le japonais), Illich créa le centre interculturel de documentation à Cuernavaca au Mexique en 1966. Via cet espace de formation, il voulait acquérir une influence suffisante pour convaincre le pape Jean XXIII de ne pas envoyer d’ecclésiastiques occidentaux en Amérique du Sud, craignant les conséquences d’une telle colonisation des pensées.

Auteur d’une vingtaine de livres critiques sur l’état du monde dans les années 1960-1970, Illich était un radical humaniste. Radical en cela qu’il s’est montré l’ennemi de toutes les certitudes, rejetant des institutions jugées salutaires par tous comme l’école, l’hôpital ou la voiture. Humaniste en cela que sa vie était toute entière tournée vers l’autre et n’avait d’autre but que de faciliter l’existence de chacun dans un souci d’équité, de justice et de partage.
Inventeur des concepts de « monopole radical » et de « contre-productivité », il a montré en quoi les organisations modernes, lorsqu’elles atteignent un seuil critique, s’érigent en obstacles de leur propre fonctionnement : ainsi la médecine nuit à la santé plus qu’elle ne la préserve l’école abêtit plus qu’elle n’élève, la vitesse fait perdre du temps, les communications empêchent le véritable échange…

Père de l’écologie politique au même titre que Jacques Ellul, André Gorz ou René Dumont, Illich a réussi sa vie durant à être en adéquation avec la rigueur de sa pensée. Son œuvre nous incite à quitter le confort relatif de la société industrialisée pour entrer dans une ère nouvelle, celle de la convivialité. Une ère où l’argent perd de sa valeur et où le contact humain devient l’élément clé de l’organisation de la société. Une ère où la production et l’accumulation ne sont plus érigées en objectifs ultimes mais où la poursuite d’une vie authentiquement humaine sur Terre pour aujourd’hui et pour demain devient le but recherché.

Illich est mort en 2002, à l’âge de 76 ans, des suites d’une tumeur qu’il a volontairement choisi de ne pas opérer et qu’il garda plus vingt ans. Il est parti dans son sommeil [2], heureux et apaisé. Il nous laisse une œuvre d’une richesse incomparable, semblable à la boîte de Pandore, en cela qu’elle ne contient qu’une chose : l’Espoir. C’est aussi en cela qu’Illich est le nouvel Epiméthée.

Samuel Duhamel

[1]Lire Illich l’épiméthéen par Dominique Michel ici.

[2]Lire le texte de Jacques Dufresne, La mort d’Ivan Illich ici.

17.1.10

Le PSG, nouvelle victime du LOSC

Lille a battu sans difficulté Paris (3-1) hier soir pour le compte de la 20e journée du championnat de France de Ligue 1. Les buts nordistes ont été inscrits par Obraniak, Balmont et Béria. C'est Mevlut Erding qui a réduit la marque en fin de rencontre pour le PSG. Avec ce nouveau succès, le septième consécutif en championnat, le LOSC conforte sa deuxième place. Les Parisiens, eux, perdent deux rangs et se retrouvent dixièmes.

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Echos et déclarations :
Antoine Kombouaré, entraîneur du PSG : "On a fait un début de match catastrophique, on a été battus dans tous les duels, on a joué à reculons. Ce but en début de match nous a mis en difficulté. On a plombé la suite de la rencontre sur les premières minutes. A la mi-temps, j'étais quand même confiant mais après on prend un deuxième but rapide. A 2-0, c'est plié. J'ai de la colère et de la frustration, on aurait pu revenir. C'est la première fois qu'on prend trois buts, c'est la première fois qu'on passe vraiment au travers cette saison. Lille ravage tout sur son passage. J'espère que mes joueurs vont relever la tête. Ce ne sont que trois points de perdus. Il faut battre Monaco mercredi. Ce soir, je dis "Bravo à Lille !" Le LOSC est une très grande équipe, l'une des plus belles d'Europe. A chaque fois, c'est trois, quatre buts... Mais en même temps, c'est la première fois qu'on rate totalement notre sortie. Maintenant, la force d'une grande équipe, c'est de réagir. C'est ce que j'attends de mes joueurs. Ce qui m'embête le plus, c'est qu'on ait défendu si-bas, on a été fébriles, on a eu les chocotes..."

Rudy Garcia, entraîneur du LOSC : "On reste sur deux victoires en 2010, on repart sur le même rythme qu'en 2009. On a joué à notre meilleur niveau sur un terrain très difficile. On a encore beaucoup marqué, on n'a pas été en difficulté. Je regrette ce but encaissé. Mais je suis content de ces trois points. Les joueurs prennent du plaisir à jouer ensemble. On sait que quoiqu'il se passe, ils vont donner le meilleur d'eux-mêmes. C'est encore un match abouti. Mais attention, Montpellier, Monaco et Lyon ont gagné. On va regarder Bordeaux-Marseille demain (aujourd'hui) tranquillement. On veut rester en haut mais c'est très serré. On continue à marquer malgré l'absence de Gervinho et d'Aubameyang. Mercredi, on va à Sochaux, ça va être serré ! Pour Hazard, il n'y a pas de souci, il a juste pris un coup, je pense qu'il pourra jouer mercredi. La force des joueurs, c'est de savoir breaké dans un match. Ils continuent toujours à aller de l'avant et savent très bien gérer le score. Mais encore une fois, notre équilibre est très fragile ; pour l'instant, ça tient !"

Mickaël Landreau, gardien du LOSC :"La belle série continue mais c'est très serré dans le haut de tableau. On est contents de notre parcours. Le terrain était lourd mais on a fait une belle prestation. Ca fait plaisir, on prend de plus en plus confiance, on aime jouer ensemble. Ce soir, c'est Obraniak, Balmont et Béria qui marquent, demain, ce seront d'autres joueurs. C'est notre septième succès, ce n'est pas par hasard. On va s'atteler à bien récupérer pour Sochaux maintenant. Il y a beaucoup d'envie chez nous, on cherche à chaque fois à effectuer beaucoup d'efforts. Mes retrouvailles avec Paris se sont bien passées. Ce n'est pas la même chose que lorsque je rejoue Nantes car j'ai beaucoup plus d'attaches là-bas."
Propos recueillis par Samuel Duhamel

23.12.09

Janot n'aura pas suffi !

Malgré une prestation exceptionnelle, Jérémy Janot, le gardien de Saint-Etienne, n'a pas réussi à empêcher la défaite de son équipe hier soir face au Racing Club de Lens (1-0). Le but a été inscrit sur pénalty à la dernière minute par le Brésilien Eduardo. Avec ce nouveau revers, les Verts restent engoncés dans le bas de tableau avec seulement 16 points à mi-championnat. Les Sang et Or, eux, sont maintenant dans le ventre mou avec 26 points acquis en 19 matchs. Avec une seule défaite lors de leurs neuf derniers matchs, ils peuvent espérer une deuxième partie de saison de toute beauté.

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Echos et déclarations

Jean-Guy Wallemme : "Janot a été exceptionnel, on savait qu'on allait avoir des occasions mais on a sans doute été trop maladroits. On l'a mis en valeur, lui aime ça, il est tonique, il va vite, mais c'est vrai qu'on a raté pas mal d'occasions, on a manqué de lucidité. On a joué dans ce qu'ils avaient préparé, Roudet a été cadenassé par Matuidi, on a eu du mal. On revient de loin, on a 26 points, je ne pensais pas qu'on allait avoir autant de points à la trêve. Il faut savourer maintenant mais aussi prévoir qu'il y a 7 matchs en janvier. On a pris pas mal de points en fin de match ces derniers temps (Marseille, Paris, Saint-Etienne), ça s'est joué au mental. Serge Aurier, c'est un choix ! Il a 17 ans, c'est un signe fort par rapport aux jeunes du centre de formation et Serge a fait son travail face à un Payet déroutant. Le 1er match est important dans une carrière, j'avais demandé à ses coéquipiers de bien l'entourer. La blessure de Boukari ? Son genou a tourné, je crains qu'il souffre d'une entorse. Le panenka d'Edu ? C'est un très gros risque, mais Edu savait que Janot allait plonger, ça fait plaisir !"

Première : Du haut de ses 16 ans et 363 jours, Serge Aurier a joué pour la première fois en L1. Le capitaine de la CFA du RC Lens a remplacé par Marco Ramos, suspendu.

Christophe Galtier : "C'était important de ramener un point d'ici, on a eu un premier quart d'heure difficile, Janot a été exceptionnel. On a trop subi en fin de match. C'est une grosse déception, les joueurs ont beaucoup donné. On a eu une entame de match très difficile, c'était tendu, on était recroquevillés, on a concédé des coups francs stupides. Je suis satisfaite de la deuxième période. On n'a pas assez percuté, tiré et centré mais c'est le lot des équipes en difficulté. Le chantier primordial, c'est d'avoir une assise défensive mais le chantier offensif est énorme aussi, par rapport à ce que j'ai vu ce soir, je ne peux pas être satisfait. Concernant les absents, Bayal sera absent encore deux mois et Sanogo reviendra mi-janvier. Par rapport à ces deux premiers matchs, au niveau des points, ce n'est pas satisfaisant mais au niveau de la combativité ey de la solidarité, c'était bien mais ça, c'est le minimum. Il faut avoir plus de sérénité. Je dois maintenant trouver les meilleures complémentarités possibles. Je vais sauver Saint-Etienne, je suis convaincu et déterminé."

Toifilou Maoulida : "J'ai eu deux occasions dans le match, tous les joueurs ont eu des occasions mais on n'a pas su les concrétiser, on aurait pu mener 3-0 à la pause mais Janot a été exceptionnel. On a arraché la victoire à la 92e minute. Le maintien n'est pas encore acquis. On va encore perdre des matchs, mais on va revenir forts même si notre calendrier va être difficile. On joue bien, c'est vrai, on gagne avec la manière. Notre état d'esprit a changé, on a pris conscience de nos qualités. Sur le pénalty, le ballon me tombe sur la main. L'arbitre a sifflé, je suis bousculé et je tombe. La victoire est méritée, les Stéphanois nous l'ont dit. On a eu de la chance. Bravo à Eduardo ! Il fallait avoir du culot."

Propos recueillis par Samuel Duhamel

16.12.09

Et maintenant, le froid pour les réfugiés de Calais !


Hier, le gouvernement français a renvoyé neuf Afghans dans leur pays d'origine, un pays en guerre et en déshérence. Une manière de convaincre ceux qui ne sont pas encore partis de rester chez eux. La méthode est connue, elle ne marchera pas. Quand on quitte sa famille, ses racines et ses amis, c'est qu'on a de bonnes raisons de le faire. Dans le Calaisis, malgré la pression policière, la destruction des squats et le dénuement qui les touche, les migrants sont toujours là. Ils sont afghans mais aussi irakiens, iraniens, palestiniens, érythréens ou égyptiens. Dorénavant, outre l'Etat policier et les passeurs, ils ont un autre ennemi à défier : le froid. Depuis 2002 et la fermeture du centre de réfugiés de Sangatte, aucun d'entre eux n'est tombé des conséquences d'un hiver trop rude. C'est presqu'un miracle. Les miracles arrivent rarement...
Samuel Duhamel

11.12.09

Lille, quatre à quatre

Hier soir, Lille a atomisé Saint-Etienne (4-0) pour le compte de la 11e journée du championnat de Ligue 1. Les buts ont été inscrits par Frau, Cabaye, Gervinho et Rami. C'est le quatrième succès de rang pour le LOSC à domicile, le troisième avec quatre buts marqués. Le LOSC est désormais huitième de Ligue 1 à seulement deux points de Montpellier, deuxième. Les Verts, eux, restent engoncés dans les bas-fonds du tableau à la dix-septième place. Ils ne comptent que trois points d'avance sur Boulogne-sur-Mer, actuel premier relégable.

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Echos et déclarations :
Alain Roche Antoine Kombouaré en observateurs : le directeur sportif et l'entraîneur parisiens étaient dans les tribunes du stadium ce soir. La raison est simple : le PSG accueille les Verts dimanche à 17h.

Quatrième succès consécutif à domicile pour le LOSC, le troisième avec quatre buts marqués (après Valenciennes 4-0 et Lyon 4-3).

Grâce à leur huitième but de la saison en L1, Frau et Gervinho montent sur la deuxième marche du classement des buteurs du championnat. Ils sont devancés par Nênê avec 10 buts.
Rudy Garcia, entraîneur de Lille : "On est sur une série intéressante, 15 points sur 18, on est vraiment installés dans la première moitié de tableau, il faudra maintenant être performant à Monaco. C'est un match accompli, on a mieux géré la deuxième période, on a été matures, intelligents. On a aspiré l'équipe de Saint-Etienne. J'ai aimé le comportement de mon équipe ce soir. Tout le monde a bien travaillé défensivement. Il faut se préserver du sentiment d'invincibilité. L'état d'esprit est excellent depuis le début de saison. On a bien su rebondir, on est une équipe jeune, enthousiaste, et en plus on sait maintenant se montrer patients. Sur le but d'Adil, il a fermé les yeux, je suis sûr (rires) non, en fait, il bosse les coups francs à l'entraînement, c'est bien !"
Alain Perrin, entraîneur de Saint-Etienne : "Après le 2e but, les joueurs ont baissé les bras. A 2-0, ils ont senti que la tâche était impossible. Ce n'est pas un match à oublier, il doit nous alerter sur notre situation, ça doit nous servir d'électrochoc. Si on joue comme ça au Parc dimanche, on aura la même punition. C'est inquiétant. Dans notre situation, on doit se battre jusqu'à la dernière minute, on ne doit pas se désunir comme ça. On va discuter, regarder le match pour voir quelles sont nos erreurs. On doit pas laisser filer un match comme cela. On a commis trop de fautes techniques. Mes joueurs ont peut-être été découragés. Si on veut garder notre place en L1, il faut changer d'attitude. On est inoffensifs, il y a trop d'approximations, ce n'est pas assez consistant pour inquiéter l'adversaire. C'est un problème de confiance, c'est sûr. On est dans une spirale négative. On a pas su relever le challenge. Je n'ai pas le sentiment que mes joueurs m'aient lâché, il faut faire davantage d'effort. Mes joueurs étaient vraiment motivés avant le match mais lorsque les choses ne se déroulent pas bien, on lâche ! Il n'y a pas de crise entre les joueurs, il y a une crise de résultats. On a trop de jeunes joueurs livrés à eux-mêmes avec nos nombreuses absences. Les absents pourraient rassurer nos jeunes mais ce n'est pas le cas. En partie, les solutions sont à l'infirmerie, on va essayer de bien préparer le mercato. On va faire l'inventaire des joueurs sur lesquels on peut compter !"
Propos recueillis par Samuel Duhamel

4.12.09

Paris en cinquième vitesse !

Le PSG a balayé l'USBCO mercredi soir lors du match en retard de la 14e journée au stade de la Libération.
Les Nordistes étaient pourtant bien entrés dans la rencontre et prenaient l'avantage peu avant la mi-temps grâce à une frappe surpuissante de Guillaume Ducatel.
Mais au retour du vestiaire, sous l'impulsion de Peguy Luyindula, les hommes de Kombouaré se sont révoltés inscrivant quatre buts en dix minutes (Chantôme, Luyindula et doublé d'Erding). Ramaré a réduit le score sur pénalty mais c'est Maurice, l'attaquant parisien, qui a permis aux joueurs de la capitale de l'emporter avec trois buts d'écart. Score final : 2-5 ! Les Parisiens gagnent cinq places au classement passant de la 12e à la 7e position. Les Boulonnais restent avant derniers.

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Décalarations d'après-match :


Laurent Guyot, entraîneur USBCO :"C'est une énorme claque qu'on prend ce soir. La déception est à la hauteur des espoirs qu'on avait à la mi-temps de ce match. On a tout perdu en quelques minutes, la rentrée de Luyindula nous fait mal. Va falloir être capables de rebondir dès dimanche contre Lens. On y cru pendant 60 minutes, on jouait avec de l'envie, on contenait les Parisiens mais après leur but, on a un peu craqué. Psychologiquement, c'est dur ! On est fragilisés, c'est sûr. Faut se remobiliser tout de suite, l'objectif maintien est toujours abordable."

Antoine Kombouaré, entraîneur PSG :"Mes joueurs se sont réveillés en deuxième mi-temps. On était incroyablement fébriles en première mi-temps, on a su retrouver du jeu avec des passes courtes. Le terrain était difficile, il faut dire que la défense de Boulogne a pris l'eau. Ce qui est rageant, c'est leur deuxième but, on doit pas le prendre, on n'a pas le droit de relancer l'adversaire comme ça. Peguy a fait une très bonne entrée, c'est bien. Quand on gagne, on garde beaucoup de positif. J'attends beaucoup de Peguy, il va vite, il peut garder les ballons, servir les attaquants. Clément Chantôme, décalé à droite, nous permet de revenir dans la partie, c'est bien aussi. Je ne vais pas m'enflammer pour autant. C'est notre deuxième succès de rang. Mais maintenant, c'est Bordeaux, ça va être dur ! Quand on est Paris, il faut essayer de figurer dans la première moitié. Je n'ai pas envie de parler d'arbitrage, je ne veux pas commenter le penalty pour nous. Il a été sifflé, tant mieux pour nous. On accumule de la confiance avant Bordeaux, c'est bien mais ce sera autrement plus dur ! Edel n'a pas eu grand chose à faire et ce qu'il a eu à faire, il l'a bien fait !"

Propos recueillis par Samuel Duhamel

25.11.09

Pour aider les aidants : la proximologie !


Lorsqu'une maladie grave frappe une personne, c'est tout son entourage qui est touché. Il faut alors repenser les liens entre les membres de la famille et apporter du réconfort et des conseils à la personne malade. Mais à force d'aider, les proches peuvent eux aussi se laisser déborder par la maladie et ne plus réussir à remplir leur rôle. C'est l'objet de la proximologie, une discipline qui étudie les relations entre les malades et leurs proches. Avec un constat simple : les personnes qui aident doivent, elles aussi, être aidées. Ci-dessus un reportage sur la proximologie diffusé sur M6 le 24 novembre lors du 12.50.
Samuel Duhamel

22.11.09

Lens progresse !

Au terme d'un match débridé, le Racing Club de Lens a battu l'Association sportive Nancy Lorraine hier soir (2-1). C'est pourtant les Nancéiens qui ont marqué les premiers grâce à Paul Alo Efoulou à la 53e. Mais les Nordistes se sont accrochés et ont égalisé par Jemma (80e) avant que Monnet-Paquet ne donne la victoire aux siens (84e). Au classement, Lens est 16e avec 15 points et Nancy 11e avec 17 unités.


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Déclarations d'après match :

Jean- Guy Wallemme, entraîneur de Lens : "Ca fait du bien d'autant qu'on méritait de gagner. Ca aurait été cruel de perdre ce match là, on est revenus dans un moment difficile.
On a fait 20 très bonnes premières minutes mais Nancy est difficile à manoeuvrer à l'extérieur, on a eu une belle réaction d'orgueil.
On est allés les chercher haut, on les a fait déjouer. C'est cruel d'avoir pris ce but mais on devait mieux négocier l'action qui amène le but. On a manqué d'efficacité notamment avec la barre de Romain Sartre. On a réussi à renverser le cours du match, c'est bien !
Maintenant, il faut optimiser cette victoire contre Marseille.
On a confiance dans notre jeu désormais même si leur but nous a fait mal. On est allés chercher la gagne alors qu'on avait pas beaucoup de réussite, c'est bien.
C'est important de gagner dans ces conditions, on a pêché dans la finition, on était trop alignés devant leur but.
C'est dans la continuité des matchs contre Lorient et à Sochaux. On fait 7 sur 9 sur ces 3 matchs et on aurait même pu faire 9 sur 9. Je pense qu'il y a quelques semaines, on aurait pas gagner ce match. Lens progresse !
Séb Roudet nous fait du bien, il a une belle capacité technique mais il faut le piquer dans son orgueil pour qu'il soit au top et ce soir, il l'était !
On espérait l'embellie qu'on connaît aujourd'hui, on est en adéquation avec ce qu'on fait avec l'entraînement. Rien n'est fini. Il nous reste des matchs difficiles jusqu'au 23 décembre. C'est pour ça que les points d'aujourd'hui sont très importants pour la confiance."

Pablo Correa, entraîneur de Nancy :"On vit des moments délicats, le contenu du match était bon mais on prend 0 point. C'est la suite de notre match à Saint-Etienne, on tient le choc, on tient le ballon et en 5 minutes d'absence, on perd le match. Pour moi, il n'y a pas de défaite encourageante, ce soir, c'est juste une défaite amère. La sortie de Paul Alo Efoulou, ça ne change rien ! Quand on joue bien et qu'on perd, ça m'emmerde. Quand on joue bien, je m'en fous. Ce qui compte, ce sont les points !
Les buts de Lens viennent d'une absence générale de notre équipe. On doit travailler là-dessus, on manque de maturité pour gérer moments forts et moments faibles.
Mon impression, c'est que c'est Nancy qui a donné la victoire à Lens !"

Propos recueillis par Samuel Duhamel

Wali Mohammadi, de Kaboul à Calais


Ci-dessus un reportage sur Wali Mohammadi, jeune migrant afghan devenu citoyen engagé français. Ce portrait a été diffusé sur M6 le samedi 21 novembre lors du 19.45. L'histoire de Wali, c'est l'histoire de ces millions d'Afghans qui préfèrent l'exil à la misère et à la guerre. Pour Wali, le voyage s'est bien terminé. Alors, pour rendre hommage aux personnes qu'il a cotoyées durant son périple et aux migrants qui n'ont pas eu la chance d'arriver à destination, il a écrit un livre De Kaboul à Calais. Un récit d'exil passionnant pour comprendre la situation en Afghanistan et les raisons qui poussent des minots de 15 ans à quitter leurs racines.
Samuel Duhamel
De Kaboul à Calais, de Wali Mohammadi et Geoffroy Deffrenes, éditions Robert-Laffont, 252 pages, 19 euros

28.10.09

Pour en finir avec l'atome !

"Il est criminel de développer une technologie qu'on ne maîtrise pas, surtout quand elle engage les générations à venir."
Théodore Monod, savant et naturaliste

On présente souvent l'énergie nucléaire comme une solution de compromis. Dangereuse ? Oui, mais elle assure notre indépendance énergétique. Produtrice de déchets radioactifs ? Oui, mais elle n'émet pas de gaz à effet de serre. Difficile à maîtriser ? Oui, mais sans elle, nos besoins en électricité ne pourraient pas être satisfaits.
L'atome serait un moindre mal, un pis-aller, une contrainte salvatrice. Ne tournons pas autour du pot : tout cela est faux ! Le nucléaire ne dispose d'aucun avantage spécifique dont les autres sources d'énergie ne pourraient prétendre. Le nucléaire est une énergie mortifère, polluante et coûteuse et surtout elle n'est en aucun cas indispensable pour assurer l'avenir énergétique de la France et du monde.

L'atome tue. L'Histoire nous l'a appris en août 1945 avec le bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki par le président américain Harry Truman. Mais le nucléaire civil est également une plaie pour l'humanité. Lors des catastrophes évidemment (l'explosion de réacteurs à Tcheliabinsk en 1957 et à Tchernobyl en 1986 ont entraîné la mort de centaines de milliers de personnes), mais pas seulement. Les matières radioactives (uranium, plutonium, tritium, césium, strontium...) nous contaminent en permanence. Lorsque ces matières sont présentes en masse dans notre environnement, elles nous irradient et provoquent des mutations au sein de notre organisme pouvant déboucher sur des cancers. En France, depuis l'installation de la première centrale en 1975, les cas de cancer de la thyroïde ont été multipliés par trois. Par ailleurs, différentes études sur la radioactivité montrent que les citoyens habitant à proximité de centrales nucléaires ont statistiquement beaucoup plus de "chances" d'attaper une leucémie. Cette contamination insidieuse a des effets dévastateurs. D'après les experts du CERI (comité européen sur les risques de l'irradiation), le nombre total de morts dues au nucléaire sous toutes ces formes depuis 1945 dépasse les 60 millions. C'est autant que le bilan des deux guerres mondiales réunies... Et ce chiffre pourrait gonfler davantage si d'aventure, des terroristes écrasaient un avion sur une centrale en activité. En France, les usines atomiques n'ont pas été conçues pour supporter l'impact d'un avion de ligne. D'après le World Information Service on Energy, si un tel appareil se crashait sur les bassins de refroidissement de l'usine de retraitement de La Hague, c'est l'équivalent de cinquante fois la quantité de radiations émise par Tchernobyl qui serait libérée...

Et si l'énergie nucléaire tue, c'est aussi par la faute des déchets radiocatifs qu'elle engendre. Car contrairement à ce qu'on entend parfois, le nucléaire pollue. Les déchets radioactifs sont toxiques et contaminent tout ce qui les touche. D'après l'Agence internationale sur l'énergie atomique, plus de 100 000 tonnes de matières radioactives ont été déversées en mer depuis 1945. Aujourd'hui, l'usine de retraitement de La Hague déverse chaque jour 650 000 litres d'eau contaminée dans la Manche. C'est considérable mais c'est pourtant douze fois moins que ce que rejette quotidiennement l'usine de Sellafield (Angleterre) dans la mer d'Irlande... Evidemment, cette pollution a un impact direct sur la biosphère : les homards pêchés en mer d'Irlande présentent ainsi un taux de radioactivité treize fois plus élevé que celui considéré comme acceptable pour la consommation. Autre problème : certains déchets radiocatifs ont une durée de vie quasiment infinie. Ils peuvent être dangereux pendant plus de 200 000 ans, ce qui veut dire que l'arrière-petit-fils de votre arrière-petit-fils pourrait être contaminé par des radiations émises aujourd'hui. Et ce sur près de 6 000 générations...
Le pire dans l'histoire, c'est que même l'argument préféré des nucléocrates ("au moins, l'atome n'émet pas de CO2 !") est inexact. L'énergie nucléaire émet des gaz à effet d'au moins deux façons. D'abord, de manière directe car chaque étape de production d'énergie nucléaire émet du dioxyde de carbone (construction des centrales, extraction et transport de l'uranium, transport des déchets de la centrale à l'usine de retraitement de la Hague puis de l'usine de retraitement à celle de réenrichissement située à... Tomsk en Russie). Puis, de manière indirecte car la France importe de l'éléctricité allemande, majoritairement d'origine fossile, lors de ses pics de consommation. L'énergie nucléaire n'a donc rien de durable, comme le revendiquent parfois ses défenseurs. Le retraitement des déchets ne peut pas être considéré comme un recyclage. Seuls 10% de l'uranium appauvri (déjà utilisé pour produire de l'énergie) peut être réutilisé après une étape de réenrichissement lointaine et dangereuse. Ceci explique sans doute pourquoi seulement trois pays (France, Grande-Bretagne et Japon) sur les trente-deux qui font fonctionner des réacteurs choisissent de retraiter leurs déchets.

Tout cela a un coût. Elevé évidemment. Le prix officiel d'un kilowattheure émis par une centrale nucléaire avoisine les trois centimes d'euro. Mais ce coût ne comprend pas le coût de l'investissement de départ, celui de la recherche, celui des dépenses publiques de sûreté, le coût du combustible, celui du retraitement, de la gestion des déchets, du démantèlement... Si bien que certains spécialistes estiment le coût réel du kilowattheure d'origine nucléaire a six ou sept centimes d'euro. Or, des modèles récents d'éoliennes ont permis de générer de l'électricité au prix de 2,4 centimes d'euro le kilowattheure. Et ce n'est pas tout ! Le nucléaire a également un coût social non négligeable. Aujourd'hui, en France, il concentre 90% des investissements en recherche énergétique contre seulement 2% pour les énergies renouvelables. Or, le nucléaire génère moins d'emplois que toutes les autres énergies. D'après le centre international de recherche sur l'environnement et le développement, pour un million d'euros investis, le nucléaire crée 19 emplois, contre 23 pour le solaire, 27 pour l'éolien, 47 pour le microhydraulique et plusieurs dizaines pour l'efficacité énergétique (consommer autant en produisant moins). Ces chiffres ne sont valables qu'en période dite normale, c'est-à-dire sans accident. Mais outre les conséquences humaines, le coût d'une catastrophe nucléaire serait apocalyptique pour les finances d'un pays comme la France. Pour mémoire, l'accident de Tchernobyl a coûté 240 milliards d'euros à l'URSS. Aujourd'hui, le coût d'un accident nucléaire majeur en France est évalué à environ 400 milliards d'euros. Soit plus d'un quart de la dette de l'hexagone...

Bonne nouvelle malgré tout : le nucléaire n'est en rien indispensable pour couvrir nos besoins en énergie. Une étude de l'institut pour l'énergie et la recherche environnementale, sortie en 2006, montre que la France, pays le plus nucléarisé au monde, pourrait sortir du nucléaire d'ici 2040 tout en réduisant de 40% ses émissions de gaz à effet de serre. Evidemment, cette mutation passe par des changements radicaux dans nos comportements mais aussi dans nos modes d'approvisionnement d'énergie. Il faudrait investir massivement dans les énergies renouvelables, miser sur les transports les moins polluants et augmenter notre efficacité énergétique. Mais cela est possible. Autre étude encourageante : celle de l'association Virage Energie en 2008. D'après elle, la région Nord-Pas-de-Calais peut sortir de l'ère de l'atome d'ici 2050 tout en couvrant ses besoins électriques et en divisant par quatre ses émissions de CO2, si des investissements massifs sont faits dans le solaire photovoltaïque, l'éolien terrestre et offshore, le bois et le biogaz. Bref, le nucléaire, à l'origine de seulement 8% de l'énergie vendue sur la planète, peut rapidement devenir de l'histoire ancienne si une volonté politique forte se fait entendre. Aujourd'hui, quasiment plus personne ne croit aux beaux discours des nucléocrates. D'après une étude récente de l'Union Européenne, 75% des Européens pensent que les tenants de l'industrie du nucléaire mentent. C'est vrai, ils mentent. Alors à quoi bon continuer à les écouter ?

Samuel Duhamel

Sources :
Agnès Sinaï, Yves Cochet, Sauver la Terre, éd. Fayard, 2003, Paris, p. 213-248
Laurent de Bartillat, Simon Retallack, Stop, éd. Seuil, 2003, Paris, p. 154-183
Philippe Quirion, "Sortie du nucléaire : y a du travail !", Ecorev, n°10, septembre 2002, Paris, p.39-43
Laure Noualhat, Eric Gueret, Déchets, le cauchemar du nucléaire, prod. Arte et La bonne pioche, 2009
Synthèse du rapport Virage Energie Nord-Pas-de-Calais, 2008
Rapport de l'Institure for energy and environmental research, 2006

23.10.09

Lille décidément bien tourné vers l'Europe !

Hier soir, Lille a largement battu le Genoa (3 buts à 0) dans le cadre de la 3e journée de la phase de poule de l'Europa League. Les buts ont été inscrits par Obraniak, Vittek et Hazard. Avec ce nouveau succès, le Losc prend seul les commandes du groupe B avec sept points contre trois pour leurs adversaires du soir. Valence, tenu en échec par Prague, est deuxième avec cinq points. Les Tchèques ferment la marche avec une seule unité au compteur.

Lille-Genoa_Samuel Duhamel.mp3

Echos et déclarations d'après match :

Et de 8 pour le LOSC ! Après leur succès face au Genoa (3-0), les Lillois viennent d'enchaîner leur huitième match consécutif sans défaite. Leur dernier revers remonte au 30 août dernier, c'était au Parc des Princes face au PSG (3 buts à 0). La tendance est tout autre pour les Italiens qui viennent d'encaisser leur 4e défaite en 5 matchs. Les Lillois sont par ailleurs toujours invaincus en 7 matchs d'Europa League cette saison (6 victoires, 1 nul).

Gian Gasperini, entraîneur du Genoa : "Notre équipe n'y était pas du tout tactiquement. En 1ere mi-temps, on était bien place jusqu'au but. On a eu quelques occasions mais en deuxième, on a tout raté. Le mérite en revient à Lille qui a bien joué vers l'avant, avec beaucoup de précision et de vitesse mais on a encore l'espoir de se qualifier puisqu'on va recevoir Valence et Lille à domicile lors de la phase retour. Sur le premier but, on n'a pas eu de chance avec ce poteau rentrant. On a aussi des soucis en attaque, c'est ma préoccupation majeure ! Lille a déroulé en seconde mi-temps, on a senti une équipe en pleine confiance. Lille a pris une option sérieuse pour la qualification, nous on doit faire le maximum mais ça va être très dur !"

Rudy Garcia, entraîneur du LOSC : "Je suis satisfait. C'était un match abouti. On a eu la réussite qu'il nous a manqué à Rennes. On a fait une super seconde période. Il y a beaucoup de satisfactions ce soir, notre prestation d'ensemble était de grande qualité. On a plus de réalisme en coupe d'Europe, Gênes n'a pas fermé le jeu, ça nous a aidé. Tactiquement, on a été meilleurs qu'eux. C'est une excellente préparation pour dimanche à Auxerre. C'est un match référence !"

Propos recueillis par Samuel Duhamel

13.9.09

Enfin une victoire lilloise en L1 !

Il aura fallu attendre la cinquième journée pour assister à la première victoire lilloise en championnat. C'est l'ancien banni, Pierre-Alain Frau, qui a donné la victoire au LOSC au terme d'une action collective de premier plan. Les Sochaliens n'ont jamais démérité mais ont dû s'incliner devant le réalisme nordiste. Au classement, Lille est seizième avec quatre points, Sochaux reste à la onzième place avec six points.

Echos et déclarations :
De Melo touché : l'attaquant brésilien du Losc Tulio De Melo a été contraint de céder sa place à la 42e minute du match contre Sochaux. De Melo est sorti suite à une blessure au genou droit qui avait déjà cédé en 2006 (rupture des ligaments croisés). Depuis De Melo a gardé une certaine fragilité au niveau du genou et a rechuté à de nombreuses reprises ces dernières saisons. Rebelote aujourd'hui. L'ancien Manceau est sorti en se tenant la tête entre les mains, signe que la blessure doit être grave. Il a été remplacé par Pierre-Alain Frau.
Francis Gillot : "Il faut reconnaître la supériorité de Lille. Lille a été plus athlétique que nous. On n'a pas fait un mauvais match mais on n'a pas été très bons non plus. On a eu subi un gros impact physique des Lillois. Le fait de ne pas avoir pu s'entraîner pendant 15 jours nous a pénalisés. Le but déclenche tout, j'étais sûr que le premier qui marquait gagnait. Il y avait peut-être un pénalty pour nous à la fin mais la logique a été globalement respectée. Certains joueurs étaient fatigués après la trêve internationale. Sur l'ensemble du match, ils méritent de gagner. C'est une équipe européenne. Ils ont la puissance, le gabarit, la vitesse. Nous avec Boudebouz, Butin, Nogueira, on est un peu légers mais ils sont jeunes, il faut leur laisser le temps de progresser."

Frau a inscrit son premier de la saison pour son premier match. Il était entré à la 42e minute à la place de De Melo qui souffre d'une entorse du genou.

Rudy Garcia :"On a enfin démarré notre championnat. On a eu beaucoup d'occasions, on aurait pu inscrire un 2e but. Les garçons ont été admirables, on s'en est sortis par le jeu. Je suis content pour le président. Ce n'est qu'un match de gagné. On souhaite maintenant faire une série. Un match se gagne à 14 joueurs, les remplaçants ont été très bons ce soir : bravo à Frau, Aubameyang et Vittek. On a besoin de tout le monde. L'état d'esprit est bon, pourvu que ça dure. Ce soir, j'ai aligné 4 joueurs à vocation offensive, c'est un de plus que d'habitude mais on devait absolument gagner. Ludovic Butelle a également très bon, la défense aussi."
Propos recueillis par Samuel Duhamel

30.8.09

Un petit point pour l'AJA

Ca y est, il est arrivé ! Il aura fallu attendre 36 matchs pour voir le premier 0-0 de la saison 2009-2010. Boulogne-sur-Mer et Auxerre n'ont pas réussi à se départager au terme d'une rencontre de qualité moyenne. Si l'AJA n'a toujours pas marqué dans ce championnat, les hommes de Jean Fernandez récoltent leur premier point de la saison. Un moindre mal car ce sont eux qui se sont procurés les occasions les plus franches. Mais à l'image de Daniel Niculae, les Bourguignons sont trop brouillons devant la cage adverse pour gagner des matchs. Au classement, Boulogne est désormais 8e, Auxerre 18e.

Boulogne - Auxerre.mp3

Echos et déclarations :

Jean Fernandez, entraîneur de l'AJA : "Ca nous fait du bien de prendre un point, c'est un nul équitable. On avait peur en première mi-temps mais on a bien fermé les espaces. En deuxième mi-temps, on a pris plus de risques mais ça n'a pas payé. C'est un petit point mais dans la situation où on est, ça nous fait du bien !Les joueurs ont été un peu gênés par le vent mais le problème principal, c'est d'abord un problème de confiance, on ne se crée pas assez d'occasions. On doit faire le dos rond pendant quelques semaines avant le retour de Jelen et de Licata. Sans eux, c'est difficile !"

Laurent Guyot, entraîneur de l'USBCO : "Je suis satisfait du point du nul parce qu'on avait face à nous une belle équipe. Ils manquent d'efficacité mais je ne suis pas inquiet pour eux.Nous, on n'a pas été très tranchants. On a eu beaucoup de mobilité en deuxième mi-temps, on a pêché dans la transmission. On s'était dit qu'il fallait six points après cinq matchs, on en a sept après quatre rencontres donc on est en avance sur notre tableau de marche."

Guillaume Borne est sorti à la mi-temps, il ne sentait pas bien et a dû céder sa place. "J'espère que ce n'est pas la grippe A, on va surveiller les symptomes." a déclaré en rigolant Laurent Guyot.

Anthony Lecointe a remplacé Guillaume Borne, il disputait là son premier match en L1.

Benoît Pedretti, milieu de l'AJA : "On s'est rassurés avec ce point du nul. En attendant le retour de nos attaquants, on voulait prendre au moins un point pour casser leur série de victoire. Tant que nos attaquants Jelen et Licata ne sont pas là, c'est compliqué, donc on fait ce qu'on peut. Mais en même temps, on aurait pu gagner, je ne sais pas si c'est lié à la qualité de nos joueurs, à la confiance ou à l'adversaire mais on manque d'efficacité devant le but. C'est un problème récurrent !"

Propos recueillis par Samuel Duhamel

24.8.09

Le LOSC ne décolle pas !

A la suite d'un match animé, Lille et Toulouse se sont quittés sur un nul (1-1). C'est le Slovaque de LOSC, Robert Vittek, qui a ouvert la marque à la 44e minute. Cheikh MBengue a égalisé pour Toulouse à la 74e. Après 3 journées, Lille ne compte qu'un point et accusent déjà six unités de retard sur le peloton de tête. Les Toulousains, eux, sont dans le ventre mou du championnat avec six unités.

Losc - TFC.mp3
Vous pouvez écouter les meilleurs moments de la rencontre en cliquant sur le lecteur ci-dessus.

Echos et déclarations

Pour son 26e match en L1, MBengue a inscrit son premier but.

Alain Casanova, entraîneur du TFC : "Ils ont mieux joué que nous, ils étaient davantage déterminés au début. On a commis trop de fautes et puis progressivement, lors de la deuxième mi-temps, on a été plus solides, on a montré beaucoup de bonne volonté. Sur l'ensemble de la deuxième mi-temps, on mérite l'égalisation. J'ai fait rentrer Pentecote pour qu'on puisse arracher la victoire, je n'ai pas voulu me contenter du nul mais l'équipe de Lille est très performante, elle nous a agressés tout le match. Un nul reste un bon résultat, le mental de mon équipe m'a plu. On est logiquement récompensés !"

Rudy Garcia, entraîneur du LOSC : "On aurait dû doubler la mise mais même si on n'a pas réussi, ça ne remet pas en cause la bonne prestation des joueurs : je suis déçu pour eux !
On a joué face à une superbe défense. Ils défendent très bien, ils se projettent vite vers l'avant. On a bien tenu Gignac mais ça n'a pas suffi. On a un point après 3 matchs comme l'année dernière. Notre état d'esprit, notre combativité, notre esprit de corps nous permettra de gagner des matchs rapidement. Notre prochain match en championnat, c'est à Paris, c'est difficile mais bon, ce soir, on a eu un très bon niveau de jeu, je ne suis pas inquiet. Au niveau de l'envie et de la maîtrise collective, ça a été notre meilleur match de la saison pour l'instant."

Florent Balmont, milieu du LOSC : "On voulait gagner, on est très frustrés, on avance pas au classement mais on ne doit pas s'inquiéter, va falloir continuer à bosser. On avait fait le plus dur en marquant. On prend un but vraiment con en plus, on a parfaitement muselé Gignac, c'est décevant."

Rio Mavuva, milieu du LOSC : "On a fait notre meilleur match de l'année, on a pas été en danger, on a manqué de réalisme. En 3 matchs, on a mis que 2 buts pourtant on a les occasions. Défensivement, c'est pas trop ça, on a pas encore trouvé le bon équilibre. Ce soir, on a quand même l'impression d'avoir laissé filer deux points."

Propos recueillis par Samuel Duhamel

16.8.09

Ils sont de retour !

Quinze mois après leur dernier match à Bollaert en Ligue 1, les joueurs lensois ont redonné le sourire à leurs supporters en s'imposant facilement contre une équipe d'Auxerre trop limitée (2-0). Les buts ont été inscrits par les deux ailiers Kévin Monnet-Paquet et Razak Boukari. Après deux journées de championnat, le RC Lens est en milieu de tableau avec trois points. Les Auxerrois, qui viennent d'enchaîner deux défaites, sont relégables.

Vous pouvez réécouter les meilleurs moments de la partie en cliquant ci-dessus.

Echos et déclarations d'après match :

Jean Fernandez (entraîneur de l'AJ Auxerre): "On mérite de perdre, on a été en dessous de tout, je ne pense que l'arrivée d'un nouveau joueur changera quelque chose à notre situation. Sur le 2e but (Hengbart blessé, Boukari en profite marquer), on doit se replacer plus vite. On ne peut pas se plaindre, on connaît le réglement ! Les solutions sont à l'intérieur du groupe. On a des blessés, des buteurs, quand ils vont revenir, je pense qu'on va se refaire une santé, on a un groupe de qualité. L'année dernière, on avait mal commencé et on a terminé huitièmes derrière les grosses équipes donc je ne suis pas inquiet. Niculae ? Il a fait une super saison il y a deux ans, depuis il a du mal. On essaie de le mettre dans les meilleures conditions, il est capable de s'imposer et de nous marquer des buts cette saison."

Mecha Bazdarevic était dans les travées de Bollaert ce soir. Deux raisons à cela : Grenoble joue demain à Boulogne-sur-Mer et surtout Grenoble accueillera Lens la semaine prochaine.

Kamel Chafni (milieu de l'AJ Auxerre) : "On a fait une bonne première mi-temps, mais le but nous a mis dedans, on a jamais su vraiment réagir. Quand on pousse trop, on s'expose. Sur le deuxième but, je n'avais pas vu que Cédric était blessé, on a continué à jouer mais Boukari fait un exploit, on ne pouvait rien faire. Il faut s'accrocher, ne pas perdre espoir. On a donné un but à Sochaux, un ce soir à Lens : l'année dernière, on était forts défensivement, en ce début de saison, on est plus friables ! Dans le jeu, à certains moments, on était pourtant mieux qu'eux mais ce but nous a fait vraiment très mal !"

Jean-Guy Wallemme (entraîneur du RC Lens) : "C'était important de réagir après la défaite de Bordeaux où on aurait pu obtenir un point. On a reproduit certaines actions positives malgré des moments de fébrilité. Leurs occasions sont davantage liées à des erreurs individuelles. La seconde mi-temps était plus encourageante, Auxerre n'a pas su profiter de nos erreurs. Après le deuxième but, on a eu une maîtrise intéressante. C'est rassurant de prendre 3 points mais on peut mieux faire ! On a besoin d'un milieu de terrain et d'un défenseur. Vignal et Veselinovic vont nous quitter mais on doit encore vendre pour recruter. Mounier n'est pas forcément le joueur dont nous avons besoin, c'est plus un ailier qu'autre chose. Le but de Monnet-Paquet, c'est une bonne chose, il a besoin de se libérer, il en a besoin, il n'avait plus marqué depuis 8 mois. Il a encore une grosse marge de progression, il ne s'est pas totalement libéré. A lui de défendre le statut de grand espoir qui est le sien !"

Propos recueillis par Samuel Duhamel

10.6.09

Le petit Nicolas n'a pas grandi

41 ans de régime autoritaire.
41 ans de corruption, de népotisme, de simulacres d’élections.
41 ans de violences envers une population meurtrie.
41 ans d’enrichissement personnel sur le dos d’un peuple déshérité.
41 ans de petits arrangements entre amis fortunés et intéressés.
41 ans d’attente pour les Gabonais.
Albert-Bernard Bongo est mort. « Enfin !», diront certains. Tous les citoyens du monde, défenseurs des droits de l’homme, de la paix et de la démocratie, y voient l’espoir d’une société plus juste à Libreville.
Le petit Nicolas, lui, a exprimé sa « tristesse » et son « émotion ». Il déplore la perte d’ « un grand et fidèle ami de la France, un chef d’Etat qui avait su gagner l’estime et le respect de l’ensemble de ses pairs, notamment par ses nombreuses initiatives pour la paix sur le continent africain. »
Le petit Nicolas n’a eu pas le courage de dire que Bongo était le doyen des dictateurs africains, qu’il a instauré un régime de parti unique en 1968 et ne l’a retiré qu’en 1990 sous la pression populaire. Il y a deux ans, le petit Nicolas a dit que « l’homme africain n’était pas assez entré dans l’Histoire. » Aujourd’hui, il regrette la mort d’un autocrate, homme clé de la Françafrique.
Cette fois, c’est sûr, le petit Nicolas n’a pas grandi.

Samuel Duhamel

17.3.09

Mesrine par Mesrine

« Quand on fait le métier que je fais, la moindre imprudence peut coûter la vie et, pire encore, la liberté. »
Jacques Mesrine

Un appétit incommensurable pour la vie… dans un livre intitulé L’instinct de mort. Etrange paradoxe que nous livre Jacques Mesrine, l’ancien ennemi public numéro 1, dans sa biographie écrite en 1976, trois ans avant son exécution par l’antigang à Paris. Etrange mais aussi logique : l’existence du tueur carnassier ne fut qu’une ode à la liberté, à la volonté de vivre pleinement sa vie, sans contrainte et en acceptant les conséquences.

Mesrine était un personnage complexe et fascinant : franc-tireur égoïste, il savait se plier en quatre pour ses amis quitte à y laisser sa peau. Hors-la-loi permanent, il ne dérogeait jamais aux règles de son milieu, celui des gros calibres, des vols et des règlements de compte. Brute épaisse, il avait une réflexion aiguisée sur la vie et montrait par ses coups insensés l’étendue immense de son intelligence. Mesrine, ce sont des centaines de braquages de banques réussis, probablement des dizaines de meurtres prémédités, huit années passées en détention dans la souffrance et la solitude. Mesrine, c’est aussi l’audace incarnée, quatre évasions de prison, une vie de bohème à travers le monde dans le luxe et la volupté. C’est la vie sans limite qui s’offre à la mort certaine.

Dans son livre, le Grand Jacques se raconte sans fioriture. On redécouvre le tueur, le braqueur, le kidnappeur. On fait la connaissance d’un poète insoupçonné qui dompte les mots et vous les offre comme des caresses. Cinquième phrase : « L’ombre des barreaux se reflète sur les murs délavés des cellules comme pour y emprisonner la seule évasion que représente le rêve. » Danton avant d’être guillotiné ? Non ! Mesrine à la prison de la Santé. Une sensibilité à fleur de peau, une haine viscérale pour l’humiliation et l’injustice et pourtant une indifférence froide devant le sang qui coule. Tel était Jacques Mesrine. Tel est le portrait qu’il dresse de lui-même. L’instinct de mort est donc un formidable roman d’aventures écrit à la première personne. Avec l’auteur, on voyage dans les hôtels quatre étoiles de Palma de Mallorca en Espagne, dans le Grand Nord canadien, sur les plages de sable fin du Venezuela. Mais on est aussi souvent enfermé dans une cellule de 9 mètres 2 où on attend seul que le temps passe, où l’on prend des coups sans pouvoir rugir en retour.

Dense, poignant, fascinant, L’instinct de mort est un récit qui vous frappe la gueule comme son auteur savait le faire. Il raconte le flux tourmenté de douze années de vie, de survie et de flirt avec la mort. Par son livre, Mesrine nous surprend, nous prend à contre-pied encore une fois. Mais surtout, il nous indispose car la vie du tueur romantique qu’il était n’est que le reflet d’une société dans laquelle il n’a jamais pu s’insérer. Mesrine représente l’échec de notre mode d’organisation sociale. C’est peut-être en cela qu’il est le plus passionnant.

Samuel Duhamel

L’instinct de mort de Jacques Mesrine, éd. Flammarion, 392 pages, 2008, 21 €







Les mots de Mesrine
Précis avec les armes, Mesrine l’était aussi avec les mots. Tout au long de son autobiographie, il jalonne ses aventures de phrases somptueuses ou de formules adéquates. Sans le savoir peut-être, Mesrine était un grand écrivain. Ces quelques citations en sont la preuve.

« Seigneur, protège-moi de mes amis… mes ennemis, je m’en charge. »Une phrase que Mesrine répétait souvent à qui voulait l’entendre et qui prit du sens le jour où son collègue Pierre Verheyden le balança à la police. Cette trahison allait lui coûter cinq années de prison avant son évasion de la prison de la Santé en mai 78 avec François Besse.

« Celui qui entrait en prison sans argent ressortait dans les mêmes conditions et n’avait comme seule solution que de commettre un autre délit pour vivre. Psychologiquement, la détention est destructive ; pas d’éducateur pour ceux qui auraient voulu apprendre un métier, pas de service social et des soins médicaux quasiment inexistants. La société nous encageait et faisait de notre détention beaucoup plus un règlement de comptes qu’une dette à payer avec espoir de s’en sortir un jour. »
Durant toute sa carrière, Mesrine n’eut de cesse de critiquer les conditions de détention en France et au Canada. Militant pour la suppression des quartiers de haute sécurité dans les prisons, il obtînt avec d’autres la fermeture de l’Unité spéciale de correction (USC) du Canada, la prison la plus dure du pays.

« Nous savions que ce que nous avions décidé d’entreprendre était presque impossible. […] Il fallait être fou pour tenter un coup pareil… ou fidèle à ses amis et aux promesses faites. C’était notre cas. »Quelques jours après s’être évadés de l’USC du Canada, Mesrine et son collègue Mercier sont retournés à la prison pour y libérer tous les prisonniers. Face à eux des gardiens armés, des patrouilles de police, des murs infranchissables et du barbelé. Une chance sur un million de réussir. Ils y sont quand même allés juste pour tenir leur promesse. Les deux hommes furent blessés par balle… mais ne réussirent pas leur pari.

« Le passe-temps de certaines personnes, c’est le golf, le ski… Moi, je relaxe sur l’attaque à main armée… Je ne vis que pour le risque. Je sais que c’est con, mais j’aime risquer ma peau. J’ai dépassé le stade de la peur, je ne sais plus ce que c’est… Je suis dangereux pour cette simple raison. »
En plus de cent braquages de banque, Mesrine ne s’est jamais fait arrêter par la police.

« Le milieu n’est pas le monde de l’honneur et de l’amitié à toute épreuve comme trop de films le montrent à tort. Les hommes, les vrais, sont rares. A la vérité, c’est le monde de l’embrouille, de l’enculade, du m’as-tu-vu, de l’orgueil démesuré, un monde de frimeurs. »
Si Mesrine a violé la loi à d’innombrables reprises, il a toujours respecté les règles de son milieu : aide aux amis en difficulté, mise à mort sauvage pour les traîtres, bouche cousue devant la police…

Le principe de la douane m’a toujours fait sourire, car j’ai toujours voyagé avec une arme dans ma valise et je n’ai jamais subi de contrôle. »
De l’audace, un talent d’acteur certain, le sens du déguisement, le verbe facile, c’est aussi cela être l’ennemi public numéro 1.

« Au Québec, j’allais devenir un des pires criminels que la province ait connus. J’allais y kidnapper un milliardaire, y être accusé d’un meurtre que je n’avais pas commis, être acquitté de ce même meurtre, condamné à onze ans de pénitencier pour attaque à main armée, m’évader, être repris, tenter d’autres évasions… puis réussir l’évasion impossible du plus dur pénitencier canadien, attaquer des banques, avoir des fusillades avec la police, abattre des gardes provinciaux, y régler des comptes et, pour couronner le tout, attaquer un pénitencier fédéral pour tenter d’y libérer des amis… Et malgré cela, ma tête mise à prix, je réussis à quitter le pays. »





3.3.09

Zidane, la face cachée

« J’ai 26 ans et je possède tout : une femme, des enfants, de l’argent et une carrière exceptionnelle. Ma vie est terminée. »
Zinedine Zidane, automne 1998

C’est une arabesque, une icône, un rêve matérialisé. C’est un trait de génie dans une forêt de jambes maladroites. C’est un artiste contemporain qui jouait du ballon comme d’autres du pinceau. C’est un but incroyable, une frappe pure, une tête glorieuse, un titre majeur. C’est l’espoir quand l’audience se résigne. C’est la joie d’avant match et d’après victoire. C’est l’insensé qui se réalise. Voilà ce qu’est Zidane.

On le connaît tous. A notre insu, il est entré dans chacun d’entre nous. Il a atteint un tel niveau d’excellence que même les footballophobes ont été contraints de s’intéresser à son cas. Et pourtant, qui connaît vraiment Zidane ? Qu’y a-t-il derrière cette image d’Epinal, derrière ce garçon timide devenu roi du ballon rond ? C’est à ces questions qu’a voulu répondre la journaliste Besma Lahouri dans son enquête, Zidane, une vie secrète. Le livre s’arrête sur les nombreuses parts d’ombre de l’ancien capitaine des Bleus. Reposant sur 40 chapitres très courts, il révèle quelques anecdotes affriolantes sur la vie sportive du natif de la Castellane (Lors de la finale du mondial 2006, Domenech avait prévu de le sortir cinq minutes avant la fin du match… - Lorsque l’arbitre lui montre le rouge, il demande à Zidane : « Que s’est-il passé ? » et l’idole de répondre : « Le rouge, je le mérite ! Ne vous inquiétez pas. » - Zidane change de numéro de portable tous les six mois pour ne pas être harcelé au téléphone - Il a gagné 80 millions d’euros en 17 saisons, soit une moyenne de 13.000 euros par jour pendant 6 200 jours…).

Mais surtout, il met en lumière l’après carrière du meneur de jeu : ou quand l’artiste devient homme d’affaire. Car aujourd’hui, Zidane, c’est une marque qui rapporte. Pour lui d’abord (environ 3,5 millions de contrats publicitaires par an). Pour de nombreuses sociétés surtout : Danone, Adidas, Orange, Grand Optical et une petite demi-douzaine d’autres entreprises profitent de son image de gendre idéal pour apparaître tendance aux yeux de l’opinion et remobiliser les troupes quand il y a lieu de le faire. Avec le temps, Zidane est devenu un habile négociateur. Riche comme Crésus, il ne lâche pourtant pas le moindre euro lorsqu’il s’agit d’utiliser son image à des fins commerciales. Dans la vie comme sur le terrain, Zidane sent les coups et sait jouer juste quand il y a beaucoup d’argent en jeu.

Malgré ces révélations, l’ouvrage de Besma Lahouri nous laisse un peu sur notre faim. D’abord parce que très peu d’anciens coéquipiers (pour ne pas dire aucun) n’ont voulu témoigner. Ensuite parce qu’il ne fait que survoler de nombreuses parties de sa personnalité (comment évoquer son caractère boute-en-train en 3 pages et demi ?). Il est surtout truffé d’erreurs sur l’historique de sa carrière sportive (voir ci-dessous). Dès lors, on se demande si les deux cambriolages dont ont été victimes l’éditeur puis la meilleure amie de Besma Lahouri n’en révèlent pas un peu plus sur Zinedine Zidane que le contenu-même de l’enquête[1]

Samuel Duhamel

[1] Simple hasard ou vraie tentative d’intimidation, deux proches de la journaliste se sont fait dérober leur manuscrit à quelques semaines de la parution de l’ouvrage.





Zidane, une vie secrète de Besma Lahouri, éd. Flammarion Enquête, 2008, 20 €


Une enquête truffée d’erreurs

Zidane, une vie secrète n’a pas été écrit par une spécialiste mais par une journaliste indépendante s’intéressant au phénomène Zidane. Malheureusement cela se voit ! Voici la liste de confusions ou approximations contenues dans le livre.


« En Corée et au Japon, les Bleus n’avaient même pas franchi le deuxième tour. » (page 53)
En fait, ce n’est pas le deuxième tour qu’ils n’ont pas franchi mais bien le premier.

« …alors qu’on croyait la Coupe du monde 2006 jouée d’avance. » (page 53)
Ah oui ! Pour qui ?

« La roulette, c’est cette action qui consiste à enrouler le ballon du pied derrière son dos avant de le lancer en l’air. » (page 55)
Faux. La roulette est un dribble consistant à éliminer un adversaire en roulant sur le ballon tout en effectuant une rotation de 360°, de telle sorte qu’à la fin du geste, le joueur se retrouve exactement dans la même position qu’au début du dribble mais avec l’adversaire derrière lui.

« A la surprise générale, David Ginola et Eric Cantona, les deux chouchous du football français, n’ont pas été retenu pour la Coupe du monde 98. » (page 84)
Cette simple phrase contient à la fois une confusion, une approximation et une erreur. Lahouri confond d’abord tacitement Euro 96 et Coupe du monde 98. En 1996, Ginola et Cantona éblouissent de leur talent la Premier League (le championnat anglais). Beaucoup d’observateurs ne comprennent pas pourquoi Jacquet ne les sélectionne pas pour l’Euro anglais. Toutefois, et c’est là que survient l’approximation, cela ne constitue pas une « surprise générale » car Jacquet a toujours été fidèle à ses convictions : il ne sélectionnera pas ces deux attaquants doués certes, mais aussi difficilement gérables. Enfin, l’erreur, c’est qu’en 1998, Eric Cantona n’est plus un joueur mais un retraité du football.

« Sélectionné pour les phases qualificatives du Mondial 94, il s’est fait remarquer en marquant deux buts. » (page 85)
Faux. La première sélection de Zidane intervient en match amical le 17 août 94, soit après la Coupe du monde. Il marque alors ses deux premiers buts contre la République tchèque.

« [Lors de la séance des tirs aux buts du Mondial 98 contre l’Italie,] Blanc creuse l’écart à nouveau. » (page 90)
Comment peut-il creuser l’écart alors que les deux équipes sont alors à égalité 3-3 ? Blanc ne creuse pas l’écart, il redonne un but d’avance à la France.

«[Lors de la séance des tirs aux buts du Mondial 98 contre l’Italie,] Barthez a arrêté deux buts. » (page 91)
Là-encore, une approximation et une erreur. Les gardiens n’arrêtent pas des buts mais des frappes ou des ballons. Par ailleurs, Barthez n’a stoppé qu’une seule frappe, celle d’Albertini. Le tir de Di Biagio a lui été dévié par la transversale.

« En demi-finale contre la Croatie, la France est menée 1-0 à la mi-temps. » (page 92)
Faux. A la mi-temps, le score est de 0-0.

« France – Brésil : voilà une affiche alléchante pour la finale. Brazil, Brazil ! » (page 93)
Pourquoi s’obstiner à écrire Brasil avec un « z » alors qu’on l’écrit avec un « s » en portugais.

« Jacques Chirac réserve aux champions un accueil enthousiaste, les félicitant d’avoir gagné le championnat de France. » (page 101)
Faux. Chirac commet en effet une erreur. Mais il présente le trophée comme la Coupe de France et non le Championnat de France.

« Michel Platini a été nommé deux fois meilleur joueur de tous les temps par France Football. » (page 215)
Encore faux. France Football a attribué à trois reprises le Ballon d’or de meilleur joueur européen de l’année à Platini. Par ailleurs, Platoche a été élu footballeur français du siècle puis meilleur joueur de l’histoire des Bleus par le bi-hebdomadaire.

« Pierre Ménès mesure 1 mètre 90 pour 100 kilos. » (page 224)
10 centimètres de moins et 25 kilos de plus, voilà à quoi ressemble Pierre Ménès.
NB : Besma Lahouri a corrigé la grande majorité de ses erreurs dans l'édition de poche, après en avoir pris connsaissance sur ce blog. C'est tout à son honneur !