26.1.10

Illich dans le texte

Voici une compilation subjective de citations d’Ivan Illich, un condensé de sa pensée. Elles décrivent avec minutie mais sans emphase la société conviviale à laquelle aspirait l’auteur autrichien.

« Il nous revient de combattre l’école publique et gratuite au nom de la véritable égalité des chances devant l’éducation. La jeunesse veut des institutions éducatives qui lui assurent vraiment l’éducation. Elle n’a pas besoin, elle ne veut pas de soins maternels, de certificats de garantie ni d’endoctrinement. »
In Libérer l’avenir, 1970

« L’esprit est conditionné au sous-développement lorsque l’on parvient à faire admettre aux masses que leurs besoins se définissent comme un appel aux solutions occidentales, ces solutions toutes faites qui ne leur sont pas accessibles. »
In Libérer l’avenir, 1970

« L’éducation véritable est l’éducation par laquelle la conscience s’éveille à de nouvelles possibilités de l’homme, l’éducation qui met l’imagination créatrice au service d’une vie plus humaine. Le sous-développement, au contraire, suppose une capitulation de la conscience sociale et l’acceptation des conditions préfabriquées.
In Libérer l’avenir, 1970

« Si l’on veut cesser de dépendre des écoles, ce n’est pas en investissant les ressources budgétaires dans un nouveau système destiné à "faire" apprendre que l’on y parviendra. Ce qu’il faut plutôt, c’est créer de nouveaux rapports entre l’homme et ce qui l’entoure qui soient source d’éducation. »
In Une société sans école, 1970

« Plus que la soif de carburant, c’est l’abondance d’énergie qui mène à l’exploitation. Pour que les rapports sociaux soient placés sous le signe de l’équité, il faut qu’une société limite d’elle-même la consommation d’énergie de ses plus puissants citoyens. »
In Energie et équité, 1973

« Le monde actuel est divisé en deux : il y a ceux qui n’ont pas assez et ceux qui ont trop ; ceux que les voitures chassent de la route et ceux qui conduisent ces voitures. Les pauvres sont frustrés et les riches toujours insatisfaits. Une société où chacun saurait ce qui est assez serait peut-être une société pauvre ; elle serait sûrement riche de surprises et libre. »
In La convivialité, 1973

« Les hommes n’ont pas besoin de davantage d’enseignement. Ils ont besoin d’apprendre certaines choses. Il faut apprendre à renoncer, ce qui ne s’apprend pas à l’école, apprendre à vivre à l’intérieur de certaines limites, comme l’exige par exemple la question de la natalité. La survie humaine dépend de la capacité des intéressés d’apprendre vite par eux-mêmes ce qu’ils ne peuvent pas faire. Les hommes doivent apprendre à contrôler leur reproduction, leur consommation et leur usage des choses. Il est impossible d’éduquer les gens à la pauvreté volontaire, de même que la maîtrise de soi ne peut être le résultat d’une manipulation. Il est impossible d’enseigner la renonciation joyeuse et équilibrée dans un monde totalement structuré en vue de produire toujours plus et de créer l’illusion que cela coûte toujours moins cher. »
In La convivialité, 1973

« La santé a cessé d’être cette propriété naturelle dont chaque homme est présumé doté tant que la preuve n’a pas été faite qu’il est malade, et elle est devenue ce rêve inaccessible, cette promesse toujours lointaine à laquelle chacun peut prétendre en vertu des principes de justice sociale. »
In Némésis médicale, 1975

« Nous vivons à une époque où l’apprendre est programmé, l’habiter urbanisé, le déplacement motorisé, les communications canalisées et où, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, presqu’un tiers des denrées alimentaires consommées proviennent de marchés éloignés. Dans une société sur-industrialisée à ce point, les gens sont conditionnés à obtenir des choses et non à les faire. Ce qu’ils veulent, c’est être éduqués, transportés, soignés ou guidés plutôt que d’apprendre, de se déplacer, de guérir et de trouver leur propre voie. »
In Némésis médicale, 1975