7.8.06

Opprimés au Sri Lanka, les Tamouls manifestent pacifiquement en France

« Nous voulons la paix avec les Cinghalais ! Respectez nos vies ! Nous ne sommes pas de chair à canon ! » Les messages des 37 associations des Tamouls de France ont beau être limpides, ils ne sont pas entendus. Snobés par les médias, ignorés par l’opinion publique, dénigrés par les instances internationales, les Tamouls continuent de montrer patte blanche en manifestant dans les rues de Paris. Mardi 25 juillet, ils étaient plusieurs milliers sur le Champ-de-Mars à Paris pour dire « non » à la répression dont ils sont victimes au Sri Lanka.
Sur la pelouse jaunie par un soleil ardent, les Tamouls défilent pour la paix de la plus belle des manières : en dansant et avec le sourire. Sur une estrade montée pour l’occasion, un animateur appelle les participants à entonner des chants traditionnels. Les couleurs rouge et jaune du peuple tamoul, présentes sur les vêtements et les calicots, interpellent les touristes incrédules. Rires, ambiance bon enfant, plaisir d’être ensemble… On en oublierait presque les raisons du rassemblement.
Au milieu de l’assemblée, un cercueil en carton trône majestueusement. Il représente les 3 000 Tamouls exterminés par l’armée cinghalaise les 22, 23 et 24 juillet 1983, lors de l’épisode de « juillet noir ». Morts pour être nés, morts pour rien... Vingt-trois ans après, on ne peut pas oublier pareille cicatrice. Surtout dans le contexte actuel : le 29 mai dernier, le conseil de l’Union européenne a décidé de mettre les représentants tamouls des Tigres Libérateurs de l’Eelam (LTTE) sur sa liste des organisations terroristes.
Difficile de faire plus cynique ! Certes, les Tigres tamouls utilisent la violence, via les attentats suicides notamment, mais que faire quand ses droits sont bafoués, quand l’Etat sri lankais réprime dans le sang, quand l’espoir a fui ? Gare toutefois au manichéisme : si les indépendantistes tamouls ne sont pas tous des anges, le gouvernement sri lankais n’est pas composé uniquement de bureaucrates sanguinaires et véreux. Mais à voir les Tamouls de France manifester à l’ombre de la Tour Eiffel avec autant d’enthousiasme, on s’étonne de voir la communauté internationale agir de manière si arbitraire avec leurs représentants.
Au même titre que les Tchétchènes, les Kurdes ou les Palestiniens, les Tamouls sri lankais font partie de la catégorie des sans-grade : celle des nations sans Etat, celle des damnés de la terre... Puisse leur appel pour la paix et la liberté être un jour entendu.

Samuel Duhamel