Raphaëlle Bacqué, journaliste au service politique du Monde, auteur avec Ariane Chemin de La femme fatale
La démocratie des sondages. Voilà ce qui a porté une femme politique élégante et ambitieuse aux portes de l’Elysée. En politique, de bons sondages, ç’est utile, mais pour devenir la première Présidente de l’Histoire de France, cela ne suffit pas. Tel est le constat sévère mais juste que dressent les journalistes Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin dans leur excellente enquête sur Ségolène Royal.
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Mais surtout on découvre comment l’ancienne ministre de la Famille a perdu une élection qu’elle aurait dû gagner. La campagne de Royal, c’était avant tout la campagne d’une femme seule qui n’a pas eu confiance en son entourage. La candidate s’est construite politiquement en éliminant ses proches, jamais en les rassemblant. Rejet de son compagnon, François Hollande, premier secrétaire du PS, rejet des éléphants, Fabius et DSK, qu’elle n’a jamais souhaité rappeler
après leur défaite lors de la primaire, rejet du PS dans son ensemble. Les erreurs furent nombreuses : la fameuse « bravitude » chinoise, les gaffes médiatiques en tout genre, l’éloignement de sa conseillère en environnement lors de l’annonce de la non-candidature d’Hulot, sa trop grande fragilité dans domaines importants comme la politique étrangère ou l’économie… Royal avait des failles. Elle n’a pas voulu s’en rendre compte
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Samuel Duhamel