16.3.13

A la chasse aux mensonges

« Pas besoin d’intérêt pour mentir. Le plaisir suffit. » Amélie Nothomb

Je mens. Tu mens. Il, elle ment. Nous mentons. Vous mentez. Ils, elles mentent. Tout le monde ment. Du petit garçon de quatre ans à l’homme le plus puissant du monde, tout-le-monde-ment ! Vous pensez que je suis en train de mentir ? Vous avez tort. D’après le psychologue américain Paul Ekman, une personne « normale » ment en moyenne trois fois lors d’une conversation de dix minutes. Lors d’un premier rendez-vous, des amoureux peuvent mentir jusqu’à 33% du temps. 68% des Américaines reconnaissent avoir menti lorsqu’elles ont indiqué leur poids sur leur permis de conduire. 81% des Américains avouent mentir tous les jours. Enfin, 98% des jeunes mentent régulièrement à leurs parents…

Dès lors se pose une question : comment détecter les mensonges ? C’est l’objet – et le titre ! – du livre d’Eric Goulard, expert en communication comportementale et en reconnaissance des micro-expressions faciales. L’ouvrage se présente comme un guide pratique donnant les clés pour relever les innombrables petits impairs qu’une personne laisse échapper lorsqu’elle ment. D’après Joe Navarro, ancien agent du FBI et auteur de la préface du livre, le but est de « décoder le comportement des interlocuteurs afin de déterminer qui est là pour faire du mal, qui a des intentions cachées et qui est honnête ».

Le principe de base ? Se concentrer sur le non-verbal. Le psychologue américain Albert Mehrabian a prouvé que seulement 7% de la communication relevait du domaine du verbal (les mots utilisés). Les gestes représenteraient 55% et la voix 38% de la communication. Autrement dit, si vous affirmez à quelqu’un : « Je suis heureux ! » d’une voix tremblotante en étant prostré, le regard vide, les épaules voutées, votre interlocuteur pensera le contraire et il aura probablement raison. Eric Goulard rappelle le principe d’universalité des émotions primaires (tous les êtres humains manifestent joie, tristesse, colère, dégoût, peur et surprise de la même façon) et décline ensuite une méthode d’analyse pointue permettant de jauger l’honnêteté des personnes que nous rencontrons. Ecoute à 360°, observation assidue et surtout pratique du système P-R-A pour percevoir, reconnaître, analyser. Exemple : si lors d’un repas entre amis, une jeune femme se met soudainement à pleurer à l’évocation du prénom d’un jeune homme, pour comprendre ce qu’il se passe, il faut 1. percevoir la larme qui coule sur la joue rougie, 2. reconnaître l’émotion manifestée (tristesse, excitation...) et 3. analyser la situation (manifestement, le jeune homme ne laisse pas la jeune femme indifférente…).  

Concis, clair, pratique, Comment détecter les mensonges ?  intéressera d’abord et avant tout les professionnels de la communication et des ressources humaines et les étudiants en psychologie. Mais les simples curieux y trouveront également leur compte en découvrant quelques informations intéressantes comme celles-ci : les Bulgares disent « oui » en bougeant la tête de droite à gauche et de gauche à droite, nous avons 43 muscles faciaux et les journalistes français ont un sexe en moyenne deux fois plus long que leurs homologues australiens… Amélie Nothomb avait raison : mentir... quel plaisir !

Comment détecter les mensonges ?  d’Eric Goulard, préface de Joe Navarro, éditions Zen Business, 255 pages, 20 €

Samuel Duhamel