Privatisation de 65.000 logements, suppression de 15.000 emplois dans les services publics, fin de la gratuité du matériel scolaire, instauration de postes payés un euro de l’heure dans l’administration… A quelques semaines des élections régionales, le bilan de la coalition « rouge – rouge » au pouvoir à Berlin depuis 2001, pourrait séduire les libéraux les plus orthodoxes. Il est pourtant l’œuvre d’un gouvernement de gauche, formé par le SPD (Parti social-démocrate) et le PDS. Contraint d’effacer une partie de la dette de la ville (estimée à 68 milliards d’euros, soit plus de trois fois le budget annuel), l’équipe du maire socialiste Klaus Wowereit a sacrifié de nombreux programmes éducatifs et sociaux. Résultat : de nombreux sympathisants socialistes se détournent du SPD, accusé de mener une politique antisociale. « A partir des années 90, la gauche réformiste allemande a accepté progressivement l’idée de déréguler et de privatiser pour économiser des fonds publics. Ce fut une grossière erreur ! », explique Holger Droge, ancien militant social-démocrate ayant adhéré au WASG.
Irréductibles
Jugeant les réformes de la coalition « rouge – rouge » catastrophiques, les 860 militants

Victoire attendue du SPD
Les désaccords entre les deux formations de gauche radicale font les affaires de l’autre parti « rouge » berlinois, le SPD. Face à une CDU (Union pour une démocratie chrétienne) berlinoise minée par des scandales de corruption et l’absence d'un véritable leader, Klaus Wowereit voit son horizon politique se dégager. Apprécié par les Berlinois pour son ouverture d’esprit et son esprit d’initiative, l’élu socialiste obtiendrait près de 35% aux élections régionales, d’après les sondages. Ce score lui offrirait une latitude d’action suffisante pour construire une nouvelle coalition avec le PDS et/ou les Verts. Dix ans après la chute du mur, le rouge semble s’être définitivement trouvé une place au soleil dans la capitale allemande.
Samuel Duhamel