27.7.08

Une enquête politique royale

« Si Hollande et Royal avaient réussi à travailler ensemble, ils auraient été imbattables. Il tenait le parti, elle avait le charisme et la popularité. Ils ne pouvaient que réussir. Mais leur mésentente les a plombés. »
Raphaëlle Bacqué, journaliste au service politique du Monde, auteur avec Ariane Chemin de La femme fatale
La démocratie des sondages. Voilà ce qui a porté une femme politique élégante et ambitieuse aux portes de l’Elysée. En politique, de bons sondages, ç’est utile, mais pour devenir la première Présidente de l’Histoire de France, cela ne suffit pas. Tel est le constat sévère mais juste que dressent les journalistes Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin dans leur excellente enquête sur Ségolène Royal.
Le livre revient sur la folle envolée de la députée des Deux-Sèvres dans les enquêtes d’opinion, quelques mois avant l’élection présidentielle de 2007. Avec précision, minutie et en évitant d’éventuels détails scabreux touchant au privé ou à l’intime. Dans La Femme fatale, ce sont les arcanes du pouvoir qui sont mis en lumière. On y apprend quelques informations croustillantes sur la manière dont le couple Royal – Hollande s’est désagrégé à mesure qu’avançait la campagne ou sur la haine mutuelle que se portaient Royal et Strauss-Kahn.
Mais surtout on découvre comment l’ancienne ministre de la Famille a perdu une élection qu’elle aurait dû gagner. La campagne de Royal, c’était avant tout la campagne d’une femme seule qui n’a pas eu confiance en son entourage. La candidate s’est construite politiquement en éliminant ses proches, jamais en les rassemblant. Rejet de son compagnon, François Hollande, premier secrétaire du PS, rejet des éléphants, Fabius et DSK, qu’elle n’a jamais souhaité rappeler après leur défaite lors de la primaire, rejet du PS dans son ensemble. Les erreurs furent nombreuses : la fameuse « bravitude » chinoise, les gaffes médiatiques en tout genre, l’éloignement de sa conseillère en environnement lors de l’annonce de la non-candidature d’Hulot, sa trop grande fragilité dans domaines importants comme la politique étrangère ou l’économie… Royal avait des failles. Elle n’a pas voulu s’en rendre compte
L’analyse de Bacqué et Chemin est d’une clairvoyance admirable. Le souci du détail est proprement hallucinant, la distance éclairée avec laquelle les journalistes énumèrent les faits est un modèle du genre. Leur enquête politique se lit comme un roman dont on connaît la fin. Une fin finalement sans surprise quand on analyse d’aussi près le parcours politique de Royal, la femme fatale.
Samuel Duhamel
La femme fatale, de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, éd. Albin Michel, 240 pages, 18 euros

10.7.08

Domenech, entraîneur sans succès

Comment peut-on devenir (et rester) sélectionneur de l’équipe de France en étant buté, agressif et surtout inefficace ? La question se pose à la lecture de Domenech, la biographie qu’a consacrée Joël Domenighetti à l’entraîneur des Bleus. L’ouvrage revient sur les principales étapes de la vie de l’ancien latéral droit lyonnais : de sa jeunesse catalane jusqu’à la préparation de l’Euro 2008, en passant par son époque patte d’éph’, grosse moustache et « tacles à la hanche », ses échecs répétés comme entraîneur et sa courte carrière de comédien. Son caractère complexe (la fierté des origines, la provocation dans le sang, l’assurance de façade troublée par le doute intérieur…) est disséqué par ses proches, ses collègues et ses adversaires. Domenech, lui, ne dit rien ou presque. Il s’était engagé à donner trois interviews au journaliste de l’Equipe. Il n’en accordera qu’une seule. Absent lors des rendez-vous importants. Un rituel pour le sélectionneur…
Car qu’on l’admire ou qu’on le déteste, Domenech est un éternel perdant. Non pas un perdant héroïque, presque romantique comme le furent Hidalgo en 1982, Zoff en 2000 ou Van Basten en 2008. Non, Domenech est juste un perdant sans talent. Le constat est amer mais il est validé par les faits avancés par l’ouvrage. Le joueur a certes réalisé une carrière admirable ponctuée par deux titres de champion de France, deux coupes nationales et huit sélections chez les Bleus. Mais que dire de l’entraîneur ? Lorsqu’il arrive à Mulhouse, il veut faire monter le club en D1. Trois essais, trois échecs ! Son successeur, Didier Notheaux, réussira lui du premier coup. A Lyon, il achève sa carrière d’entraîneur de club avec une 16e puis une 14e place. Des performances médiocres qui lui permettent d’accéder directement au poste de sélectionneur des Bleuets. Là, c’est l’escalade : aucun succès en six participations à l’Euro Espoir, pas de qualification pour les JO de Sidney, pas de qualification non plus pour les JO d’Athènes. Des résultats consternants qui font de lui le sélectionneur actuel des Bleus.
En 23 ans de carrière d’entraîneur, Domenech a remporté 4 titres : champion de D2 avec Lyon, deux fois vainqueur du tournoi de Toulon et vainqueur du tournoi de Casablanca avec les Espoirs. C’est peu. A la lumière de du fiasco des Bleus lors de l’Euro 2008, la question se pose toujours : comment peut-on devenir (et rester) sélectionneur de l’équipe de France en étant buté, agressif et surtout inefficace?
L’ouvrage de Domenighetti ne répond pas à la question. Mais il a le mérite de la poser tacitement. C’est déjà pas mal.
Samuel Duhamel
Domenech, de Joël Domenighetti, éd. Du Moment, 177 pages, 19,95 euros

25.2.08

C'est çà la gauche !

« Jaurès disait : le courage, c’est de choisir un métier et de bien le faire, quel qu’il soit. […] Je me sens l’héritier de Jaurès. »
Nicolas Sarkozy, le 13 avril 2007 à Toulouse

Nicolas Sarkozy est un menteur et un usurpateur. Rien de nouveau sous le soleil ? En fait si, puisque ce constat est tiré par Jean Jaurès lui-même, dans Jaurès, Rallumer tous les soleils (éd. Omnibus). Dans ce recueil exhaustif d’écrits et de discours, le député de Carmaux se dévoile sans détour : humaniste, anti-capitaliste et citoyen du monde… Aucun risque d’avoir un regard faussé sur l’élu du Tarn : tous les mots imprimés dans le livre sont les siens. Pas d’analyses, pas de commentaires : juste la puissance irrésistible de la pensée jaurésienne. En 941 pages, de la fin de son adolescence jusqu’à son dernier discours, on suit pas à pas l’évolution de la pensée fourmillante et « résolument optimiste » d’un Jaurès toujours préoccupé par le sort de ses semblables.

Car le jeune député du Tarn n’a pas été tout de suite un socialiste révolutionnaire. Jaurès s’est construit intellectuellement dans les idéaux démocratiques de Danton et de la Révolution Française. Les premières années de la IIIe République et l’apparition du suffrage universel sont pour lui un aboutissement : politiquement, tous les hommes sont désormais égaux. Mais la lutte ne s’arrête pas là : les inégalités économiques et l’injustice sociale vont le contraindre à s’engager davantage. La gauche révolutionnaire devient son camp, le réformisme radical, sa méthode. Il n’oublie pas pour autant ses premières amours. Si Jaurès assume son socialisme, il reste presque amoureusement attaché à la République. Pour lui, les deux postures sont indivisibles. Et il s’efforcera, durant toute son existence, de concilier l’impératif démocratique et la nécessité de panser le monde, d’en faire un endroit plus juste et plus acceptable pour les prolétaires.

Mais ce qui frappe chez Jaurès, c’est surtout la profondeur de son esprit. Le style est riche, précis et imagé. Jaurès, c’est l’éloquence incarnée. C’est une pensée vive et épurée car confrontée en permanence au réel et à tous les pans du savoir. Jaurès était un spécialiste de tout ce qui avait un lien avec le sociétal: parlez-lui de la Révolution Française et il s’embrase, évoquez le combat des suffragettes et son cœur s’accélère, soufflez-lui à l’oreille « la dialectique hegelienne chez Marx » et il devient intarissable. Savoir, comprendre pour agir… voilà le triptyque humaniste qui animait l’ancien élève de l’Ecole normale supérieure.

On connaissait Jaurès, député socialiste puis journaliste, on rencontre un Jaurès historien de la Révolution française, avocat d’Alfred Dreyfus, romancier du réel lorsqu’il se prend à imaginer, avec un siècle de retard, l’improbable plaidoyer de Louis XVI lors de son arrestation ! On le découvre aussi fin politologue, tribun magnifique et visionnaire des grandes tragédies du XXe siècle. Lire Jaurès, c’est donc rentrer dans une intelligence supérieure, entre l’utopie des transformations à accomplir et la conscience réaliste de l’état du monde au tournant des XIXe et XXe siècles.

Parce qu’il s’arrête sur de brûlantes questions d’actualité (laïcité, dérives du capitalisme, droit des femmes, imbécillité de la guerre…), parce qu’il est le fruit d’un humaniste convaincu qui n’a jamais dérogé à ses principes (solidarité, sens des responsabilités, refus de l’injustice…), parce que la gauche contemporaine a oublié ce qu’est la Gauche, il est urgent de lire ou relire Jaurès. Il est urgent de rallumer tous les soleils…

Samuel Duhamel

Jaurès, Rallumer tous les soleils, anthologie des écrits et des discours de Jean Jaurès, choisis par Jean-Pierre Rioux, éd Omnibus, Paris, 2005, 28 €

Pour aller plus loin : - Société d’études jaurésiennes : www.jaures.info/welcome/index.php
- Fondation Jean Jaurès : www.fondatn7.alias.domicile.fr

Jaurès, pour l'Humanité

La barbe mal taillée, le cheveu court brossé en arrière et un regard bleu acier qui vous glace le sang quand il vous fixe… De prime abord, Jean Jaurès a plus l’air d’un bûcheron suédois en quête de troncs que d’un éminent responsable politique. Il le sait mais n’en a cure. « De toute façon, ils n’ont ni peigne, ni mousse à raser au paradis alors je laisse pousser… Disons que c’est la seule négligence que je m’octroie. »
Pour le reste l’ancien député de Carmaux se veut intransigeant. Quand certains à l’extrême gauche voient en lui un élu trop prudent et calculateur (Guesde, Vaillant, Lafargue) Jaurès s’emporte : « Oui, je suis réformiste car la réforme, c’est l’œuvre commençante de la révolution. Je ne suis pas un modéré, je suis […] un révolutionnaire. » Pourtant, les disputes avec les collectivistes[1] ont souvent été violentes. Différences de stratégie pour aboutir à la révolution, degrés de radicalité diverses dans l’échelle du socialisme, visions opposées dans l’affaire Dreyfus… Tout ou presque semblait les opposer. Mais quand on lui parle de ses dissensions au sein du socialisme français au tournant des XIXe et XXe siècle, Jaurès rigole : « Je suis toujours surpris de voir à quel point les journalistes dramatisent des différences de point de vue au sein des partis politiques. Dès qu’on sort du rang, dès qu’on soumet une idée neuve, on nous reproche de mettre le bazar, de mettre l’unité du parti en danger. Adhérer à un parti, c’est se reconnaître dans son idéal. Ensuite, il y ait des débats contradictoires, des oppositions, c’est normal. C’est même signe de bonne santé intellectuelle. »

Quatre-vingt-quatorze ans après sa mort, Jaurès est donc en forme. Au paradis, il continue d’agir sans question, ni repos : il enchaîne les discours, écrit dans son journal L’Humanité d’après, raconte la Révolution française à Voltaire et à Rousseau, continue à défendre Dreyfus et à imaginer de magnifiques plaidoyers pour des dirigeants qu’il n’apprécie pourtant pas (Louis XVI, Pol Pot, Mao…). Mais Jaurès ne fait pas tout tout seul pour autant. Sa confiance en l’autre est presque naturelle. Là où la gauche contemporaine fuit les ouvriers et les employés à grandes enjambées, Jaurès s’en rapproche avec malice. « Pour moi, c’est la classe prolétarienne qui est la vraie classe intellectuelle. Ce sont les prolétaires qui, les premiers, ont compris que l’ordre capitaliste n’était pas tenable, que c’était un désordre, que c’était la haine, la convoitise sans frein, la ruée d’un troupeau qui se précipitait vers le profit et qui piétinait des multitudes pour y parvenir. Ce sont eux les premiers qui ont voulu l’avènement du socialisme. Alors, pourquoi s’en détacher et ne pas les écouter ? »

Socialiste il est, socialiste, il n’a pas toujours été. Mais Jaurès s’assume. Passionné par Danton et par la révolution bourgeoise de 1789, admiratif du réformisme de Gambetta, il ne s’est orienté vers le socialisme qu’à la trentaine. « Comme beaucoup, je percevais les socialistes comme des agitateurs irréalistes. Et puis, la misère humaine m’a sauté au visage avec le massacre de Fourmies[2] et la grande grève de Carmaux[3]. Dès lors, je n’avais qu’un seul but : améliorer, simplifier, adoucir la vie de mes concitoyens, de tous mes concitoyens. Car le socialisme ne s’intéresse pas à la seule classe des ouvriers. Il veut fondre les classes dans une organisation du travail qui sera meilleure pour tous. Le socialisme, c’est l’humanité toute entière, en tous ses individus, en tous ses atomes, qui est appelée à la propriété et à la liberté, à la lumière et à la joie.» Pour rallumer tous les soleils, Jaurès a des idées : impôt progressif, éducation publique et gratuite, fin du travail des enfants, abolition de l’héritage, nationalisations des industries de transport…

De l’anti-capitalisme en somme. « Et alors ? On ne peut pas être humaniste et capitaliste ! Aujourd’hui, l’anti-capitalisme est mal perçu. Mais, comment réduire la crise sociale mondiale et les inégalités sans sortir du capitalisme. De même qu’en 1789, le peuple et la bourgeoisie se trouvèrent unis pour abolir les privilèges nobiliaires et les abus féodaux, de même,[…] le peuple et la bourgeoise doivent s’unir[aujourd’hui] pour abolir les privilèges capitalistes. »

De son vivant, l’élu de Carmaux n’aura jamais connu l’idéal pour lequel il s’est battu toute sa vie. Sauvagement assassiné par un jeune militant ultranationaliste, Raoul Villain, il n’en veut même pas à la justice française de n’avoir jamais condamné son meurtrier[4]. « Mon seul regret, c’est de n’avoir pas réussi à avoir empêché le conflit. Ironie de l’histoire, c’est moi, le pacifiste absolu, qui ai été le déclencheur de la Première Guerre Mondiale. Mes camarades socialistes ont eu une mauvaise lecture de ma mort. Ils ont cru qu’en adoptant une attitude belliciste, ils me vengeraient. Mais la seule chose qui pourrait me venger aujourd’hui, c’est l’avènement d’une société plus juste, tournée vers l’Homme et non pas vers l’argent, une société à l’écoute d’elle-même, une société qui sait dire stop aux immondices du capitalisme. Le courage, c’est de comprendre ce [système] et d’aller vers l’idéal ! » Pour l’Humanité ? Sans doute !

Samuel Duhamel


NB : les citations en gras et en italique sont celles de Jaurès, les autres ne sont que pure invention... mais respectent quand même un semblant de réalite !

[1] Groupe de marxistes, dirigé par Jules Guesdes, qui refusent la participation de socialistes aux gouvernements bourgeois de la IIIe République. Ce groupe deviendra le Parti Ouvrier français en 1880.
[2] La fusillade de Fourmies s'est déroulée le 1er mai 1891. L’armée tire sur des grévistes pacifiques tuant neuf personnes et faisant au moins 35 blessés
[3] En 1892, Jaurès soutient les mineurs en grève qui protestent contre le renvoi de leur maire et responsable syndical, Jean-Baptiste Calvignac, pour le seul motif qu’il est… maire et responsable syndical.
[4] Raoul Villain est jugé en 1919, alors que la France vient de gagner la Guerre. Les jurés considèrent alors que si Jaurès, le pacifiste, avait été écouté, la France aurait perdu le conflit. Son assassin, belliciste en 1914, est donc acquitté. La famille Jaurès devra payer les frais du procès.

Jean Jaurès en dix dates

3 septembre 1859 : naissance à Castres
1878 : reçu premier à l’Ecole normale supérieure
4 octobre 1885 : élu député du Tarn, il devient le plus jeune parlementaire de France
29 juin 1886 : mariage avec Louise Bois
21 janvier 1887 : il écrit son premier article dans un journal, La Dépêche de Toulouse
18 avril 1904 : premier numéro de L’Humanité dont il est le fondateur
12 novembre 1908 : discours à la Chambre contre la « peine immonde »24 novembre 1912 : « Guerre à la guerre », discours au congrès de l’Internationale à Bâle
26 avril 1914 : réélu pour la quatrième et dernière fois aux législatives, à Carmaux (Tarn)
31 juillet 1914 : assassiné au café du Croissant par un militant ultranationaliste, Raoul Villain

Jaurès, un poète révolutionnaire

Si Jaurès est entré dans l’Histoire, ce n’est pas seulement pour son action politique débonnaire, courageuse et visionnaire. Jaurès, c’était avant tout un ton, un style, une voix… De celles qui vous embrasent et résonnent en votre âme pour toujours. Voici quelques unes des plus belles envolées lyriques de l’élu de Carmaux.

« Les hommes n’ont pas besoin de la charité qui est une forme de l’oppression ; ils ont besoin de la justice. »
in La question religieuse et le socialisme, 1891

« Même si les socialistes éteignent un moment toutes les étoiles du ciel, je veux marcher avec eux dans le chemin sombre qui mène à la justice [,] étincelle divine, qui suffira à rallumer tous les soleils dans toutes les hauteurs de l’espace. »in La question religieuse et le socialisme, 1891

« L’argent, lorsqu’il s’arroge lui-même le droit de gouverner et de dominer, est dans la société humaine, la semence du diable. »
in Luther socialiste, 1892

« Lorsque sera réalisée la révolution socialiste, lorsque l’antagonisme des classes aura cessé, lorsque la communauté humaine sera maîtresse des grands moyens de production selon les besoins connus et constatés des hommes, alors, l’humanité aura été arrachée à la longue période d’inconscience où elle marche depuis des siècles, poussée par la force aveugle des événements, et elle sera rentrée dans l’ère nouvelle où l’homme, au lieu d’être soumis aux choses, réglera la marche des choses. »
in Idéalisme et matérialisme dans la conception de l’histoire, 1894

« La société actuelle, violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre comme la nuée dormante porte l’orage. »
in Comme la nuée porte l’orage, 1895

« Il n’y a qu’un moyen d’abolir enfin la guerre entre les peuples, c’est d’abolir la guerre entre les individus, c’est d’abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie un régime de concorde sociale et d’unité. »in Comme la nuée porte l’orage, 1895

« Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel. »
in Discours à la jeunesse, 1903

« Dans le monde capitaliste, il y a guerre permanente, éternelle, universelle, c’est la guerre de tous contre tous, des individus contre les individus dans une classe, des classes contre les classes dans une nation, des nations contre les nations […]. Le capitalisme, c’est le désordre, c’est la haine, c’est la convoitise sans frein, c’est la ruée d’un troupeau qui se précipite vers le profit et qui piétine des multitudes pour y parvenir. »in Le congrès de Stuttgart et l’antimilitarisme, 1907

« Laïcité de l’enseignement, progrès social, ce sont deux formules indivisibles. Nous n’oublierons ni l’une ni l’autre, et, en républicains socialistes, nous lutterons pour toutes les deux. »
in Pour la laïque, 1910

« Ce qui importe avant tout, c’est la continuité de l’action, c’est le perpétuel éveil de la pensée et de la conscience ouvrières. Là est la vraie sauvegarde. Là est la garantie de l’avenir. »
in Derniers appels, 1914

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?


Un magnifique hommage de Jacques Brel à Jean Jaurès

15.2.08

Les ateliers d'écriture ou le plaisir de la page blanche


Images et commentaires : Samuel Duhamel

8.2.08

Mais alors que faire ?

A la fin du film, Al Gore propose des solutions simples et concrètes pour sauver la planète (il s’agit en fait de sauver l’espèce humaine mais Al n’est pas à une approximation près…).
Ainsi, on vous explique sérieusement (!) qu’il faut « acheter une voiture hybride », « défendre les véhicules qui roulent aux biocarburants », « dire à nos amis de regarder le film » ou encore « prier le Seigneur pour que ça change (!!!) ».

Pour léguer un monde potable à nos enfants, il faudra faire plus, beaucoup plus. Voici quelques pistes :
- N’achetez pas de voiture. Si vous avez vraiment besoin d’une voiture, louez-la. Sinon, achetez-la à plusieurs avec votre femme, votre mari, votre soeur ou mieux avec vos amis ou vos voisins. Si vous ne pouvez pas faire autrement, attendez l’année prochaine avant d’acheter : des voitures solaires seront disponibles. Si vous achetez une voiture, respectez scrupuleusement le code de la route, vous serez moins dangereux et vous polluerez moins. N'oubliez pas non plus de bien gonfler vos pneus et de faire réviser votre caisse régulièrement.
- Ne prenez plus l’avion. Demandez à vos dirigeants de mettre en place un système de restrictions pour les voyages en avion (un aller-retour maxi par an et par personne). Demandez à vos dirigeants de taxer le transport aérien. Demandez à vos dirigeants d’interdire les survols des villes de 22h à 7h du matin. Demandez à vos dirigeants d’abolir les compagnies low-cost. Si vous prenez l’avion, reversez une compensation volontaire pour la pollution engendrée à des associations de lutte pour l’environnement. Si vous prenez l’avion, restez sur votre lieu de destination au moins un mois. Pour aller sur d’autres continents, tentez de prendre le bateau. Pour voyager en Europe, prenez le train.
- A ceux qui disent que vous détruirez de l’emploi, répondez que les productivistes détruisent les conditions de vie des générations futures. Répondez que l’écologie est porteuse d’emplois dans des secteurs innovants (isolation, énergies renouvelables, économies d’énergie, recyclage, transports publics…).
- N’achetez que des produits locaux. Entre des produits bio du Vénézuela et des produits traditionnels de votre région, choisissez les seconds. Demandez à vos dirigeants de surtaxer les produits qui viennent d’autres continents. A ceux qui disent que vous contribuerez à plomber le commerce extérieur, répondez que généralement les producteurs du Sud ne sont mêmes pas capables d’acheter les produits qu’ils envoient chez nous. Au moins, si les produits restent là-bas, les autochtones pourront en profiter.
- Demandez à vos dirigeants de diminuer progressivement le nombre de courses automobiles (Enduropale, rallyes en tout genre, F1, motos, Dakar...) jusqu'à les supprimer totalement dans les années à venir.
- Votez pour les Verts, adhérez à Greenpeace ou aux Amis de la Terre, lisez la Décroissance, Silence, L’âge de Faire, préférez Le cauchemar de Darwin à Une vérité qui dérange.
- Préférez les ouvrages de Cochet, Sinaï, Ellul, Illich, Gorz, Beck, Dumont à ceux de Hulot, Arthus-Bertrand, Juppé ou Lepage.
- Travaillez moins pour gagner moins et vivre mieux.
- Achetez moins. A ceux qui vous disent que vous allez engendrer une récession, répondez que le bonheur spirituel est accessible avec peu de biens matériels.
- Demandez à vos dirigeants de taxer la publicité, activité vaine et destructrice.
- Prenez conscience que l’écologie est une lutte, qu’elle ne fait pas consensus, qu’elle nécessite des efforts et des concessions…
- Réfléchissez bien avant de faire un enfant.
- N’achetez pas d’écran plat.
- Ne jetez plus, ne gâchez rien !
- Ne tirez pas la chasse d’eau pour un petit pipi. Si votre compagne-on est d’accord, installez des toilettes sèches chez vous (une poubelle, un sac et des copeaux de bois suffisent).
- Dîtes vous que le progrès, ce n’est pas forcément synonyme de technologies nouvelles. Dîtes-vous que le vrai progrès en Occident, ce n’est pas plus mais moins.
- Arrêtez de croire que le PIB est un indicateur de référence.
- Doutez de vous, de vos connaissances, de celles des autres. Soyez un(e) citoyen(ne) responsable.
- Faîtes du sport, faîtes l’amour, jouer aux cartes avec vos potes, aller au cinéma, au théâtre, au musée, louez des DVD, rendez visite à votre famille en vélo ou en train, allez vous promener, engagez-vous dans une association, prenez le temps de vivre…

Samuel Duhamel

31.1.08

Sur la piste des jeux


Images et commentaires : Samuel Duhamel

24.1.08

Découvrez l'aquafeeling !


Images et commentaires : Samuel Duhamel

9.1.08

Réussir ses photos, c'est possible


Images et commentaires : Samuel Duhamel

Zidane, le dernier « au revoir »

Ses deux coups de tête rageurs en finale de coupe du monde, son transfert au Real Madrid – le plus cher l’Histoire du football –, sa reprise de volée splendide en finale de la Ligue des Champions, ses deux buts pour sa première sélection en bleu, ses roulettes made in Castellane, sa panenka face à Gianluigi Buffon… Au final, que retenir de l’exceptionnelle carrière de Zinedine Zidane ?

C’est cette question que posent Alix Delaporte et Stéphane Meunier dans leur documentaire, Le dernier match (production 2P2L). En moins d’une heure et quart, ils passent en revue les grands moments de la vie professionnelle du maestro, de ses débuts à Cannes jusqu’à son coup de sang lors de la finale du mondial 2006. On pensait avoir déjà tout vu… Erreur ! Le documentaire ne s’arrête pas seulement sur les principales victoires et les plus beaux dribbles de Zidane. Il va bien au-delà…

Grâce à une complicité tissée durant dix ans, Meunier a pu rentrer dans l’intimité du joueur et saisir comment le petit Yazid est devenu le grand Zidane. Des débuts prometteurs à la Bocca jusqu’aux exploits au stade Bernabeu, le joueur s’est forgé un mental à toute épreuve. Il a puisé sa force dans la fragilité existentielle de ses parents. Il a travaillé d’arrache-pied pour fructifier son talent et rester toute sa carrière un ton au-dessus des autres sur le terrain. Il a réfléchi au sens de sa carrière, de son génie, de sa vie… pour conquérir tous les titres possibles et imaginables.

Dans le documentaire, on découvre un Zidane simple, humble et accessible. Un homme qui a fait rêver des millions de supporteurs mais pas seulement… Pour la première fois, on entend des footballeurs de premier plan raconter leur admiration pour l’ancien milieu de terrain. De Beckham avouant l’éviter sur le terrain par peur d’être ridiculisé, jusqu’à Abidal qui utilisait son pied droit juste pour lui plaire… Mais l’histoire du dernier match est surtout celle de la famille Zidane, venue encourager leur héros pour son ultime rencontre avec Madrid. La séquence est intense, elle dépasse largement le cercle du sport pour entrer dans celle du rêve, un rêve qui s’achève pour ses proches, pour son public, pour tous les amateurs de ballon rond…

Porté par la voix suave de Roschdy Zem et par une entraînante chanson de Delphine Labey, le documentaire mérite donc le détour. Riche en intervenants (Lippi, Ancellotti, Dugarry, Lizarazu, Vieira…), soigné au niveau du cadre et de la lumière, le dernier match rendra nostalgiques tous les supporteurs des bleus, archi-gâtés par leur champion ces dix dernières années. Il donnera des frissons à tous les footeux, transportés par la divine élégance du génie, ballon au pied. Il fera pleurer les supporteurs français, regrettant déjà les partitions inégalables du maestro marseillais… Car comme le dit Yannick Noah : « Sans Zidane, on gagnera peut-être encore… mais plus jamais de la même façon. » Voilà sans doute ce qu’il faut retenir de la fabuleuse carrière du plus grand des numéros 10…

Samuel Duhamel

Le dernier match, d’Alix Delaporte et Stéphane Meunier, 72 min
Prod : 2P2L, 2007
19 € 99

28.12.07

Les Découvertes lilloises


Images et commentaires : Samuel Duhamel

Léguer à un organisme caritatif


Images et commentaires : Samuel Duhamel

28.10.07

Promenade filmée de Cormontaigne... au Groland !

En marge de la campagne des municipales, la semaine dernière, une chaîne de télévision a filmé le quartier, de la place Cormontaigne à la rue Roland. Le reportage, destiné au public senior d’un nouveau réseau câblé, a ciblé des propos qui se voulaient sérieux. Mais cela n’a pas empêché une dose d’humour des participants quand, par exemple, le groupe de promeneurs s’est retrouvé dans la présipauté de la rue (G)Roland.

La semaine dernière, au milieu d’une promenade « de campagne » en milieu urbain, une caméra a braqué son objectif sur quelques sites et habitants du quartier. Aux commandes, Samuel, jeune JRI (journaliste reporter d’images) ayant fait ses études à Lille. Il n’a pas oublié la capitale des Flandres en proposant un certain nombre de sujets nordistes aux producteurs d’une émission baptisée « Temps libre » et destinée à être diffusée – via le câble, le satellite ou le web – sur une nouvelle chaîne de télévision parisienne. Le public de ce nouveau média créé à l’initiative de Philippe Gildas ? « Les plus de 45 ans », précise Samuel qui a eu l’occasion de filmer là quelques artères de Vauban plus que d’Esquermes.

Scènes insolites

Au centre de son reportage, un militant évoquant le passé, le présent et l’avenir de ce secteur lillois. Mais la caméra a aussi enregistré les témoignages de riverains qui ont accompagné le groupe. Comme elle s’est arrêtée sur quelques scènes insolites : un chien portant un noeud papillon coloré ou un pélican dessiné sur une façade de bâtiment, non loin de la place Catinat. À signaler, enfin, un arrêt devant les célèbres plaques de la rue Roland, corrigées en « Groland » par quelque étudiant plaisantin. Au final, des prises de vue et des tranches de vie diurnes et nocturnes, que certains téléspectateurs ou internautes découvriront dans quelques semaines. Décidément, la ville n’en finit pas d’attirer les regards... • CH. D. (CLP)

27.9.07

Rencontre du troisième T.P.

Jeudi 27 septembre. 18 heures 46. Par un concours de circonstances extraordinaire, je me retrouve seul-à-seul avec Tony Parker[1], pour une petite interview au Hyatt Vendôme, le luxueux hôtel de la rue de la Paix dans le IIe arrondissement à Paris. A peine le temps de lui poser trois questions…

Tony Parker, vous organisez une soirée de gala ce soir pour l’association Make a wish [2] que vous parrainez. Pourquoi est-ce important de se mobiliser pour la cause défendue par cette organisation ?TP : C’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. J’aime bien aller au contact des jeunes et il y a deux ans, je me suis engagé après une rencontre avec un petit malade. C’est lui qui m’a donné envie de m’investir dans cette œuvre caritative. Et avec ma mère, on a decidé de donner du temps à Make a wish parce que tu vois, ma vie c'est un peu comme un rêve quand même. J’en ai pris conscience et donc maintenant, j’ai envie d'aider les autres, de recolter de l’argent et de rendre la vie plus douce aux enfants de 3 à 18 ans qui sont en phase terminale.

Vous dîtes que votre vie est un rêve. La prochaine étape de ce rêve, c'est la légion d'honneur que vous allez recevoir du président Sarkozy ?
TP : Oui, ça me fait plaisir ! En fait, c'est plus mon entourage qui est excité parce que moi, j'ai du mal à m’en rendre compte. Jamais j'aurais imaginé recevoir une telle récompense. C'est un honneur, je suis très, très content : c'est pas tous les jours qu'on peut aller à l'Elysée. Ca va être super d’y aller avec ma famille et mes amis...

Le championnat de basket de Pro A (première division française) reprend demain. Vous avez des favoris ?
TP : Je supporte mon frère [3] évidemment et donc je vais suivre Nancy. D'ailleurs, je vais aller les voir jouer ce samedi mais je n’ai pas de favori pour le titre. Je ne m'y connais pas assez... Tout ce que je sais, c'est que tout peut arriver dans ce championnat parce que la finale se joue en un seul un match !

18 heures 49. L'interview a duré trois minutes montre en main. Son souvenir restera gravé dans ma mémoire sans doute plus longtemps...

Samuel Duhamel

[1] Pour les extraterrestres qui ne connaîtraient pas Tony Parker, sachez qu’il est le basketteur français le plus doué de l’histoire. Il a été le plus jeune meneur de jeu titulaire dans l'histoire du championnat américain (National Basketball Association - NBA) à 19 ans et 173 jours, il a gagné trois fois le championnat NBA (2003, 2005, 2007) considéré comme le plus relevé au monde, il a été élu meilleur joueur de la finale 2007 et a été sélectionné en 2006 et 2007 au All-Star Game, le match d'exhibition entre les meilleurs joueurs du championnat américain.

[2] Make a wish est une association sans but lucratif qui fonctionne grâce au travail de bénévoles. Leur mission est de réaliser le vœu d’enfants atteints de pathologies lourdes. L’histoire de Make a Wish a commencé aux Etats-Unis en 1980. Aujourd’hui, l’association a « réalisé plus de 100 000 vœux » grâce au travail de 50 000 volontaires.

[3] Terence Jonathan Parker, le frère de Tony, joue meneur de jeu dans l'équipe de Nancy.

26.9.07

Docteure Roselyne et misses Bachelot

Joviale et avenante comme à son habitude, Roselyne Bachelot a présenté aujourd'hui le budget que consacrera l’Etat à la Jeunesse et aux Sports en 2008. Au total, c’est plus d’un milliard d’euros qui sera consacré à ce ministère, soit environ 0,4 % du budget de l’Etat.

Mais outre ce chiffre brut, l’information principale de la conférence de presse organisée par Bachelot concerne la ministre elle-même. D’un côté, l’ancienne députée de Maine-et-Loire fait preuve de bon sens et de solidarité en assurant que, dorénavant, les athlètes paralympiques toucheront une prime analogue à celle de leurs collègues valides en cas de médaille aux Jeux Olympiques. 50 000 euros pour l’or, 30 000 pour l’argent et 20 000 pour le bronze… Une enveloppe de près de 5 millions d’euros est d’ailleurs prévue pour féliciter et remercier nos futurs champions lors des JO de Pékin. [1]

De l’autre, la Sarkozette annonce qu’elle pense se rendre deux fois dans la capitale chinoise en août et septembre prochains : une fois pour y soutenir les Tricolores valides, une autre pour y encourager les bleus handicapés… Mais quelle mouche l'a donc piquée pour qu'elle ose sortir une ineptie pareille ? Un aller / retour Paris – Pékin représente un voyage de 16 440 kilomètres en avion, soit 264 000 litres de kérosène consommés[2]. Pour une ministre, passe encore ! Mais remettre le couvert deux semaines plus tard, c’est vraiment ne rien comprendre à l’expression « changer de modèle de société ». Si Bachelot tient son « engagement », elle aura, brûlé à elle-seule 1 200 litres de pétrole en à peine deux semaines, juste pour ce double voyage. 1 200 litres de pétrole, c’est ce que consomme le Burkinabé moyen en un an… pour couvrir l’ensemble de ses besoins en énergie.
Décidément Chirac avait raison : la maison brûle et nous regardons ailleurs…
Samuel Duhamel

Ps : Roselyne Bachelot a été ministre de l’Ecologie et du développement durable entre 2002 et 2004.


[1] Le budget alloué aux primes ne semble pas trop mince lorsqu’on sait qu’à Athènes en 2004, les athlètes handicapés tricolores avaient obtenu 74 médailles, soit 41 de mieux que les valides.
[2] Source : www.info.effetdeserre.fr

20.6.07

Bernadette Chirac, madâme de fer

C’est l’histoire d’une première Dame de France qui, grisée par les sirènes du pouvoirs, en oublie son humanité. C’est l’histoire d’une élue corrézienne qui, mariée au Président de la République, se prend pour la Reine du pays. C’est l’histoire d’une pauvre vieille femme qui, restée trop longtemps dans l’ombre, veut prendre sa revanche sur la vie.
L’héroïne de Madâme, le dernier documentaire de John Paul Lepers (Elysez-moi, En avant, marche !...) et de Jean-Sébastien Desbordes, s’appelle Bernadette Chirac. On l’a tous lue, vue, écoutée sans jamais avoir réussi à la cerner. D’elle, on ne connaît vraiment que ses coupes de cheveux déjantées et ses élans de générosité, à coups de pièces dorées. Le film de Lepers lève le voile sur le reste. On y découvre une suzeraine autoritaire qui ne supporte pas la critique ou la remise en cause de son statut de femme d’Etat. Sa méfiance envers les citoyens trop irrespectueux ou pas assez obséquieux est saisissante. Alors, quand Lepers et son équipe débarquent aux réunions publiques où elle se rend, la vieille dame se raidit. Chirac est une bourgeoise réservée et froide. Fille d’aristocrates parisiens, née Chodron de Courcelles, elle contraste singulièrement avec son paysan de mari… A l’Elysée, pendant douze ans, elle s’est comportée en être supérieur avec son entourage alors que la Constitution de la Ve République ne lui garantissait aucun pouvoir. Et pourtant ! Autocensure des journalistes, servilité des employés de l’Elysée, soumission de ses adversaires politiques corréziens… Son influence a été énorme.
Le film est basé sur l’opposition, imposée par la dame de fer, entre elle et Lepers. Ce dernier apparaît souvent à l’image, sans doute plus qu’elle. Mais n’y voyez pas de tentation du « je » ou de narcissisme primaire. Le journaliste se montre parce qu’il souhaite aller l’encontre de Bernadette Chirac, parce qu’il veut la comprendre. Certes, quelques questions révèlent un poil de mauvaise foi ou d’arrogance. Et alors ? L’important est ailleurs. La grandeur du documentaire réside dans l’affrontement entre une Chirac, engoncée dans ses certitudes, qui se considère supérieure au reste de la population et un Lepers, qui sincèrement, intellectuellement, presque naïvement, ne comprend pas pourquoi une femme de Président peut agir en monarque absolue dans une République. Le choc des cultures est captivant.
Au-delà de ce dialogue de sourds entre les deux protagonistes, le film recèle une part d’enquête fort attrayante : on y découvre par exemple les mensonges proférés publiquement sur les quantités de pièces jaunes récoltées, les collusions entre la Chiraquie et TF1 via Anne Barrère, ancienne conseillère de la « Présidente » et épouse de Robert Namias, directeur de la rédaction de la première chaîne, les détournements de moyens publics à des fins privées, les abus de pouvoir de la première Dame de France sur ses terres corréziennes… Un vrai régal !
Rythmées par d’agréables phrases musicales de Romain Dudek, les séquences du film contiennent des perles comme cet échange entre Lepers et les policiers chargés de surveiller l’entrée du château de Bity, propriété des Chirac, ou cette discussion à bâtons rompus avec les amis Milou et Jean-Pierre, des voisins du couple présidentiel. Intéressant, séduisant, instructif : Madâme est un documentaire d’actualité réussi. A voir absolument !

Samuel Duhamel

Madâme, le film de John Paul Lepers et Jean-Sébastien Desbordes, production : 17 juin média et On y va ! média, 90 min, 2007

Pour aller plus loin : - http://www.latelelibre.fr/ (la télévision indépendante de la bande à Lepers sur Internet)
- http://blog.romaindudek.net (le blog politique et musical de Romain Dudek, le compositeur des musiques du documentaire), avec un extrait juste là.

14.6.07

Clearstream par Denis Robert

Raconter la vérité, rien que la vérité, toute la vérité sur une nébuleuse opaque de la finance internationale… Voilà la mission périlleuse que s’est donné le journaliste Denis Robert en écrivant Clearstream, l’enquête. Bien lui en a pris. Devenu l’un des sujets d’actualité les plus brûlants des derniers mois, le volet politico judiciaire de l’affaire Clearstream reste un sujet abscond pour les citoyens non-initiés aux pratiques perverses des chambres de compensation. Il fallait donc un livre pour éclaircir les zones d’ombre et rappeler, fait après fait, tenants et aboutissants du « plus improbable steeple-chase judiciaire de ces trente dernières années ».

L’objectif est largement atteint. Rien d’étonnant à cela : après deux livres (Révélation$ et La Boîte noire, éd. Les Arènes) et deux enquêtes télé (Les Dissimulateurs et L’affaire Clearstream racontée à un ouvrier de chez Daewoo, prod. The factory), Denis Robert est devenu le spécialiste des dérives de la banque des banques. Le livre répondra donc à toutes les questions qu’un citoyen en alerte est en droit de se poser sur les errements de la société luxembourgeoise et sur ses incidences hexagonales. Quelles sont les responsabilités de Villepin et Chirac ? Sarkozy est-il totalement innocent dans cette histoire ? Pourquoi Jean-Louis Gergorin, dit le corbeau, a-t-il envoyé des listes contenant de fausses transactions financières au juge Renaud Van Ruymbeke ?, Les services secrets français sont-ils utilisés à des fins personnelles par les gouvernants ?...

Précis et rythmé, le récit contient de savoureuses anecdotes sur l’inimitié entre Sarkozy et Villepin. Parmi elles, la déclaration de l’ancien Premier ministre, à la lecture des fausses listes de Gergorin, où figure le nom de l’actuel Président : « Ca y est, on le tient ! Si les journalistes font leur travail, et s’ils ont des couilles, il ne survivra pas à cette affaire-là. » La riposte de Sarkozy n’est pas mal non plus : lorsqu’il se sait complètement innocenté, il dépose une plainte avec constitution de partie civile et affirme vouloir « pendre à un croc de boucher celui qui a fait cela. » A l’autre bout de la chaîne, Chirac et Villepin doivent trembler de peur…

Un seul regret toutefois : l’ouvrage raconte parfois davantage la manière dont Denis Robert a vécu l’affaire Clearstream que l’affaire Clearstream elle-même. Les passages où l’auteur décrit ses impressions et ses sentiments sont peut-être trop nombreux eu égard à l’absence d’interviews ou de témoignages extérieurs. Un aspect négatif qu’on oublie fort vite, tant le fond du dossier est captivant.

Samuel Duhamel


Clearstream, l’enquête de Denis Robert, les Arènes, Paris, 2006, 19 € 80

Affaire Clearstream 2 : qui a fait quoi et que s’est-il passé ?

Pour les lecteurs souhaitant savoir, dans les grandes lignes, ce que contient le volet politico judiciaire de l’affaire Clearstream, voici une synthèse revenant sur les faits et les implications de chacun. Ce résumé est issu de livre de Denis Robert, Clearstream, l’enquête.
« Ma seule obsession, depuis le début de cette aventure, a été la vérité. C’est un peu con à dire. Sans doute présomptueux. Mais c’est ainsi. Soyons pragmatique… Qu’est-ce que la vérité ? Le contraire du mensonge et de la communication. L’information. »

Denis Robert

A la suite de Denis Robert, de nombreux journalistes ont pertinemment disjoint le volet financier du dossier – dit affaire Clearstream 1 – de son aspect politique – dit affaire Clearstream 2 –. Robert est un spécialiste de la chambre de compensation luxembourgeoise. Il connaît donc les deux facettes de l’intrigue sur le bout des ongles. Il a consacré deux livres[1] au premier volet de l’histoire. Ils racontent comment Clearstream, une chambre de compensation internationale, a dissimulé des transactions financières, a blanchi de l’argent sale et a noirci de l’argent propre au profit de multinationales et de riches individus. Les sommes détournées ou cachées se mesurent en dizaines de trillions d’euros (13 zéros…) dans certains cas.

L’information financière : le nerf de la guerreL’affaire Clearstream 2, celle qui nous intéresse ici, est en quelque sorte la conséquence française des dérives révélées par Denis Robert dans ses deux premiers ouvrages sur la banque des banques luxembourgeoise. Opposé à Clearstream et à ses banques partenaires pour diffamation dans une vingtaine de procès – qu’il remportera d’ailleurs quasiment tous –, Robert est un jour contacté par Imad Lahoud, gendre d’un ancien directeur de cabinet de Chirac, François Heilbronner. A l’origine, en 2003, Lahoud déclare à Robert qu’il est impressionné par la qualité de son travail sur Clearstream et qu’il dispose d’informations pouvant l’intéresser. Informaticien, grand boursicoteur et spécialiste du hacking, Lahoud a le profil idéal pour aider Denis Robert dans ses recherches sur les procédés corrupteurs de la firme du Luxembourg. En réalité, l’ancien trader est missionné par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) à la demande de Jean-Louis Gergorin. Ce dernier, numéro 2 du groupe EADS, principal vendeur d’armes et d’avions français, et membre du clan Chirac, a fait croire au gouvernement Villepin que son ami Lahoud a réussi à hacker le système informatif de Clearstream et qu’il y a découvert des comptes cachés aux noms de Strauss-Kahn, Chevènement, Madelin… et surtout Sarkozy. Le but de Gergorin et de Lahoud est de récolter un maximum d’informations sur Clearstream et sur les transactions réalisées par leurs adversaires politiques. L’information financière est en effet le nerf de la guerre politique car elle constitue un incroyable moyen de pression. Gergorin et Lahoud cherchent alors à obtenir des renseignements obtenus par Denis Robert après quatre ans d’enquête sur Clearstream. Séduit par les promesses de Lahoud et ses connaissances du dossier, Robert accepte de lui transmettre une liste contenant plus de 33.000 références de clients.
Le nœud de l’intrigue est alors noué. Chacun y trouve son intérêt. Lahoud et Gergorin obtiennent des informations confidentielles sur Clearstream auprès de Robert. Denis Robert se sent soutenu par un hacker de génie (Lahoud) et voit son enquête se poursuivre à l’échelon national. Villepin et Chirac sentent qu’ils peuvent décrédibiliser Nicolas Sarkozy pendant de longs mois car son nom figure sur la liste du réseau de corruption de Clearstream. Sauf que la liste est fausse. A l’époque (mi-2004), seuls Lahoud et Gergorin le savent…

Où Gergorin devient le corbeau…
Zélé autant que malhonnête, Gergorin va alors envoyer les faux listings au juge Renaud Van Ruymbeke, lui demandant de vérifier leur exactitude. Il sait qu’analyser des fichiers informatiques opaques, comme ceux de la finance internationale, réclame du temps, beaucoup de temps. Suffisamment en tout cas pour que Strauss-Kahn et Sarkozy soient plombés juridiquement et médiatiquement jusqu’à la présidentielle. C’est ainsi qu’il envoie les premiers courriers anonymes au juge qui décide d’instruire l’affaire. Ces derniers contiennent des comptes et des preuves de commissions qui auraient bénéficié à une soixante d’initiés, dont Sarkozy, Madelin, Chevènement… Le corbeau est né, l’affaire Clearstream 2 aussi.

Une manipulation savamment orchestréeLe pari de Gergorin et Lahoud est réussi. Villepin se délecte de savoir que son meilleur ennemi Sarkozy va être inquiété par la justice. Chirac évoque en interne un troisième mandat. Bref, tout va pour le mieux en Chiraquie. Jusqu’à ce qu’un jeune auditeur de la multinationale Arthur Andersen contacte Denis Robert. Florian Bourges explique au journaliste qu’il détient de nombreuses informations sur la firme luxembourgeoise. Il a en effet participé à l’audit de la banque des banques en 2001. Durant cet audit, Bourges a repéré de nombreuses anomalies et il tient à en faire part à Denis Robert pour apporter de l’eau à son moulin. Spécialiste des procédures informatiques et désireux de voir condamner les responsables du réseau de corruption Clearstream, il prend contact avec le juge Van Ruymbeke pour l’aider dans son instruction. Ce dernier lui confie alors l’un des CD-Roms que le corbeau lui a envoyés. La surprise de Bourges est totale : les listes contenues sur le CD-Rom sont en fait la base de son travail d’audit de 2001, à laquelle des noms falsifiés ont été ajoutés. Bref, les données envoyées par le corbeau sont fausses. Sarkozy, Madelin et les autres n’ont pas touché de commissions occultes, ils n’ont rien voulu cacher dans la boîte noire de Clearstream. Tout cela n’est que dissimulation.

Haine Sarkozy – VillepinL’affaire se termine-t-elle ici ? Pas vraiment ! Le Premier ministre Villepin est persuadé que les listes de Gergorin détiennent une part de vérité. Il ne souhaite donc pas transmettre le rapport de la Direction de la surveillance du territoire (DST) qui blanchit les politiques incriminés. Les mois passant, Van Ruymbeke se rend compte de la manipulation et finit par cesser son instruction. Comme les autres, Sarkozy est innocenté. Mais le futur Président n’a pas apprécié de voir le doute et la honte le poursuivre durant de longs mois. Villepin aurait pu le libérer du poids qui pesait sur lui de longue date. Il ne l’a pas fait. La revanche de Sarkozy sera terrible : il dépose plainte avec constitution de partie civile pour dénonciation calomnieuse. En ligne de mire directe : Lahoud, auteur des fausses listes, Gergorin, le corbeau, Villepin et Chirac qui ont voulu se débarrasser d’un rival avec une sinistre affaire judiciaire. Pour l’instant, seuls les deux premiers ont été mis en examen mais il semble que l’on ait pas fini d’entendre parler de l’affaire Clearstream…

Samuel Duhamel

[1] Révélation$ et La Boîte noire, éd. Les Arènes

25.5.07

Contre la croissance, le progrès

« Sur une planète physiquement limitée comme la nôtre, une croissance illimitée des productions matérielles est clairement impensable. » Une évidence, non ? Pas tant que çà au vu des déclarations de 95% de nos dirigeants. A droite, à gauche et au centre, on reste persuadé, après 250 ans de productivisme, que la solution de tous nos maux réside dans le toujours plus. Contre le chômage, la croissance. Contre la misère, la croissance. Contre la dette, la croissance. Contre le dérèglement climatique, la croissance…
L’ouvrage de Christian Comeliau, La croissance ou le progrès ?, renverse cette idée répandue avec brio et intelligence. Sans dogmatisme, il démonte les artefacts de l’idéologie dominante et souligne les limites du système capitaliste. Accroissement des inégalités, augmentation du nombre de miséreux, destruction de la planète…, la croissance du PIB a engendré de nombreux maux, sans apporter de solutions aux problèmes qui rongent nos sociétés.
La force du livre de Comeliau consiste à montrer que les fruits de l’accumulation des richesses profitent d’abord aux nantis. Si une minorité de privilégiés accèdent au confort et à l’abondance, c’est uniquement parce qu’une majorité de sans-grade sont contraints au dénuement. « Nous demandons à la Terre plus qu’elle ne peut nous donner », résume Comeliau, reprenant à son compte le discours de l’écologiste américain Lester Brown. Mais alors pourquoi avancer toujours plus vite si nous avons pris la mauvaise direction ? Egoïsme, mimétisme, poids des habitudes, paresse intellectuelle…, les causes de notre aveuglement sont innombrables. Le défi à relever est donc immense…
Malgré les difficultés, le livre ne sombre pas dans le catastrophisme. Il présente moult remèdes aux fléaux qui heurtent notre civilisation : adoption d’autres indicateurs de progrès social (BIP 40, ISS, IDH, empreinte écologique…), priorité accordée à la lutte contre l’indigence grâce à la régulation et la redistribution, sortie de l’économisme ambiant et recherche de l’équité, de l’autonomie et de la convivialité des relations humaines…
Si le pouvoir politique actuel ne réussit pas à construire une société juste et équilibrée, c’est qu’il utilise des moyens injustes et partiaux. En appeler à la croissance est un manque de responsabilité envers les générations futures et les peuples miséreux. Pour Comeliau, il faut imaginer un autre avenir, changer de paradigme pour pouvoir enfon vivre ensemble sur la planète. A la lecture de son livre, difficile de ne pas être d’accord avec lui !

Samuel Duhamel

La croissance ou le progrès ?, Croissance, décroissance, développement durable, Christian Comeliau, Seuil 2006, Paris, 23 €

17.5.07

Ca sent la défaite !


23 avril 2007, 19h50, au café citoyen à Lille. Tout le monde espère qu'il ne sera pas là... Malheureusement, il arrive en tête. Les réactions entre amerture et espérance...

Samuel Duhamel

Les sans-papiers en veulent à Lambersart !


Début avril 2007, la campagne présidentielle bat son plein mais des dizaines de milliers de sans-grade restent écartés des débats publics. Ce sont les sans-papiers. Pour faire face à l'indifférence, il leur reste la lutte. Reportage à Lambersart.
Sophie Sassard et Samuel Duhamel

Europe : pourquoi l'indifférence ?


Au même titre que la décroissance ou les retraites, l'Europe a été laissée de côté pendant la campagne électorale. Pourtant, 70% de nos lois sont d'origine continentale. Alors, pourquoi ce snobisme ?
Laure Boutin et Samuel Duhamel

Contre l'asthme... le sport


Depuis trois ans, les acteurs institutionnels de la région Nord-Pas-de-Calais se mobilisent lors de la Journée mondiale de l'asthme. Cette année, le thème de cette journée était "Asthme et activité physique". Reportage au centre hospitalier de Roubaix.
Anthony Clément et Samuel Duhamel

Bomy et le vote CPNT


Bomy est un village du Nord-Pas-de-Calais ayant voté en masse pour Jean Saint-Josse en 2002. Tentatives d'explication à quelques jours du premier tour de l'élection de 2007.
Anthony Clément et Samuel Duhamel

19.3.07

Un beau titre, un beau livre

Il est des ouvrages qui n’attirent les lecteurs que par la majestuosité de leur titre. C’est le cas du dernier essai de l’avocat béninois, Adrien Houngbédji. Intitulé Il n’y a de richesse que d’Hommes, le livre ne peut laisser indifférent aucun humaniste qui se respecte. Certes, le natif d’Aplahoué (sud du Bénin) ne fait que reprendre la citation d’un magistrat français du XVIe siècle, Jean Bodin. On pourrait le taxer de plagiat, il est en fait un homme politique intègre et magnanime. Ancien président de l’Assemblée nationale, deux fois Premier ministre, Adrien Houngbédji a concentré l’essence de son être dans un titre qui fait frémir de plaisir. Quel politicard occidental aurait le culot et la bravoure de nommer un de ses essais ainsi ? Imaginer Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac ou Ségolène Royal écrire Il n’y a de richesse que d’Hommes paraît impossible… ou alors avec une bonne couche d’hypocrisie.
Certes, le livre d’Houngbédji n’a que peu d’intérêt pour le lecteur moyen européen concentré sur les résultats de la bourse, les résultats du XV de France ou la couleur de sa prochaine voiture tuning. A l’intérieur du bouquin au titre d’or, il est question du Bénin, un pays grand comme l’Angleterre mais avec le PIB du Burkina. On y découvre ses problèmes politiques, économiques et sociaux, son Histoire, les clés de son avenir… On n’y apprend quelques informations croustillantes sur l’ancien Dahomey comme le fait que la biomasse constitue 67% de sa consommation d’énergie, que 90% de son budget provient d’aides extérieures ou que les activités informelles forment 70% de sa richesse. Mais globalement, ce que l’on apprend d’Houngbédji se situe à mille lieues de nos préoccupations quotidiennes et de notre impératif d’efficacité.
Pourtant, même si l’on est déçu du livre, même s’il ne remplace pas un voyage au Bénin et la rencontre de ses habitants, on ne regrette pas d’avoir lu Houngbédji. Car, au fond, qu’on soit d’accord ou pas avec ses analyses, on sait en permanence qu’on partage avec lui une même vision du monde, qu’on croit en la même religion… celle de la libération de l’Homme.

Il n’y a de richesse que d’Hommes, d’Adrien Houngbédjy, éditions L’Archipel, Paris, 2005, 17 € 85

Samuel Duhamel

La Môme Piaf au septième ciel

Un film somptueux pour une immense artiste… Le cinquième long métrage d’Olivier Dahan (Déjà mort, La vie promise, Le petit poucet, Les Rivières pourpres 2) est un voyage magnifique au cœur du Paris des années 30 et 40, celui d’Edith Giovanna Gassion dite Piaf. Sorti le 14 février au cinéma, La Môme raconte l’inimaginable destin de la plus grande chanteuse populaire de la France du XXe siècle. Loin de tomber dans la narration bassement chronologique, Dahan construit son œuvre méthodiquement, en usant avec joie du flash-back et de l’avancée dans le temps. Résultat : même les fins connaisseurs de la vie de Piaf sont surpris par l’histoire ô combien tragique de l’enfant de Belleville.


De sa double kératite qui la rend aveugle durant l’enfance jusqu’à sa mort à 47 ans dans la souffrance la plus terrible, c’est une vie hors du commun qui défile sur l’écran. Une vie de misère d’abord : celle de prostituées qui l’éduquent suite au départ d’un père indigne et d’une mère indigente. Et puis, il y a cette voix qui résonne encore dans le cœur de tous ceux qui eurent la chance de l’entendre. Une voix profonde, assurée et révoltée qui séduit dès la première écoute. Piaf (Marion Cotillard) sait s’en servir comme un soldat se sert de son fusil. Elle ne la ménage jamais. Quand elle se produit, elle l’offre à ses spectateurs venus l’écouter dans la rue, en extase… Parmi les passants, le gérant du cabaret Le Gerny’s, Louis Leplée (Gérard Depardieu), qui la remarque et lui offre ses premiers tours de chant. Après quelques atermoiements et un court retour dans le dénuement, Piaf met le doigt dans l’engrenage à succès. Elle monte alors jusqu’au ciel, rencontrant de grands artistes (Raymond Asso, Marguerite Monnot, Jean Cocteau, Marlène Dietrich…) et devient une icône jusqu’à New York où elle triomphe dans les années 50. Si elle séduit autant, c’est sans doute parce que Piaf est toujours elle-même. Elle ne sait pas tricher. Elle ne s’adapte jamais aux autres préférant que les autres s’adaptent à elle. Sa fraîcheur et sa spontanéité s’expriment alors naturellement, ensorcelant ses détracteurs potentiels.


La prouesse d’Olivier Dahan consiste à refonder l’univers de la chanteuse jusqu’au moindre détail. Grâce à un décor ultra réaliste, des personnages magnifiquement interprétés et un maquillage stupéfiant, on ne regarde pas Piaf ; on est avec elle. On traverse, au plus proche de l’artiste, périodes de doute et de solitude et instants bénis par l’amour, le seul sentiment l’ayant réellement animée. Les amants sont nombreux (Montand, Asso, Moustaki, Sarapo…) mais c’est l’histoire avec Marcel Cerdan (Jean-Pierre Martins) qui couronne la vie de Piaf et sur laquelle Dahan s’arrête. Une romance impossible entre deux monuments de la France de l’après-guerre. Une romance dont Piaf ne se relèvera jamais… Mais qu’importe après tout. Pour les passionnés comme Piaf, qui vivent plus qu’ils ne durent, l’important est d’avoir tout donné, jusqu’à l’extrême, d’avoir aimé jusqu’à l’inéluctable rupture, d’avoir partagé son talent jusqu’au dernier souffle. Ce sont ces excès qui ont fait Piaf et qui font de La Môme un film accompli et savoureux. Construit format crescendo, il se termine dans un bouquet final magistral qu’on attendait avec envi. C’est sûr, dans le film de Dahan, non, rien de rien, non, on ne regrette rien…



La Môme Mélodrame d'Olivier Dahan. Avec Marion Cotillard, Sylvie Testud, Pascal Greggory, Emmanuelle Seigner, Jean-Paul Rouve, Gérard Depardieu, Jean-Pierre Martins, Catherine Allégret, Marc Barbe. Durée : 2 h 20.

Samuel Duhamel

Cotillard est Piaf

« J'arrivais à 5 heures du matin sur le tournage car il fallait parfois cinq heures de maquillage. Je me transformais sous les doigts du maquilleur Didier Lavergne. Il devait reconstituer la texture de la peau, des veines, des rides. Un travail d'artiste ! Je portais aussi une prothèse dentaire pour avoir des dents plus en avant et le phrasé particulier d'Édith Piaf. C'était épuisant. Mais, l'aventure en valait bien la peine ! » Personne ne viendra contredire Marion Cotillard. César du meilleur second rôle dans Un long dimanche de fiançailles, l’actrice française est éblouissante dans le dernier film d’Olivier Dahan. Comme Audrey Tautou pour Amélie Poulain ou Salma Hayek dans Frida, elle a probablement joué le rôle de sa vie. Tous les ingrédients étaient réunis : un personnage central d’envergure, une grande diversité de scènes, des sentiments profonds en pagaille, des acteurs secondaires de renom et la nécessité de se sublimer. Marion Cotillard réussit à se faire oublier et à rentrer parfaitement dans le rôle de la plus grande chanteuse française du denier siècle. Sa performance est telle qu’on se surprend à penser que certaines images sont d’époque et que c’est la vraie Piaf qui est à l’écran. Phrasé dynamique, accent parisien à couper au couteau, démarche saccadée et fragile, pendant deux heures vingt, Cotillard fait revivre Piaf. Et le rose redevient à la mode.

Samuel Duhamel

1.3.07

A França no cruzamento

Após 12 anos no palácio do Elysée, o chefe de Estado Jacques Chirac vai ceder seu lugar a um novo presidente em maio. Há semanas, a campanha oferece um espectáculo pouco habitual: a tradicional luta entre direita e centro-esquerda está sendo perturbada por dois outros candidatos que podem chegar ao segundo turno. Nunca na história da quinta República o País pareceu tão dividido politicamente.

Decididamente, os combates eleitorais franceses não respondem a nenhuma lógica política. Depois da vitória do Mitterand (PS – centro-esquerda), em 1981, quando o mundo virava à direita (Reagan nos Estados Unidos, Thatcher no Reino Unido, Kohl na Alemanha...), após a vitória do Chirac (UMP – direita), em 1995, apesar da chegada de candidatos de esquerda à frente de estados ocidentais (Clinton, Blair, Schröder, Prodi...), após o cataclismo eleitoral de 2007 com a presença do Le Pen (FN – extrema-direita) no segundo turno, a França parece reservar nova surpresa.
Dois candidatos, Nicolas Sarkozy (UMP) e Ségolène Royal (PS), lideram as pesquisas de opinião. Aliás, o atual ministro do Interior é o grande favorito das sondagens. Seu estilo popular, aliado a uma retórica perfeita e a receitas econômicas liberais, seduz muitos franceses, principalmente rurais ou do operariado. Mas este sucesso pode surpreender: a passagem do candidato conservador no governo foi um fracasso quase total com o aumento dos atos de violência, a permanência do clima de insegurança e a revolta dos subúrbios. Sarkozy, porém, é um político moderno: mesmo sendo criticado por muitos, continua atacando os adversários com entusiasmo e carisma. Os franceses parecem apreciar...
Diante da agressividade do ministro, a calma e a serenidade de Ségolène Royal podem fazer a diferença. Mulher do atual primeiro-secretário do Partido Socialista, François Hollande, e antiga protegida do presidente Mitterand, a sílfide tenta jogar o papel de mãe da nação e atrair o eleitorado de esquerda à sua trindade: liberalismo econômico, proteção social e autoritarismo moral. Mas após uma decolagem eufórica, a candidata socialista está em perda de velocidade nas sondagens – seu projeto parece incoerente, vago e oneroso.
Essa estagnação favorece a François Bayrou (UDF – centro), chamado de “terceiro homem”, em refêrencia ao filme clássico de Carol Reed. Sua posição acima dos partidos políticos (quer governar com homens de direita, de esquerda e com ambientalistas) se tornou atraente. Além disso, e apesar dos esforços do Sarkozy, Bayrou é percebido como “o candidato da ruptura”: quer criar uma sexta República, fundar uma Europa federal e reconsiderar o poder midiático que privilegia o casal Sarkozy-Royal. Este posicionamento estratégico dá-lhe quase 20% das intenções de voto, contra 25% para Royal e 32% para Sarkozy. Uma outra sondagem mostrou que ganharia no segundo turno contra ambos concorrentes.
Enfim, um quarto candidato pode esperar uma classificação na etapa final: Jean-Marie Le Pen. Com 79 anos de idade, o “frontista” ainda é um adversário duro e sem piedade. A ausência de limites em seu discurso e o radicalismo contra os estrangeiros que ele chama de “preferência nacional”, agrada a um número crescente de eleitores. O seu programa populista (“economicamente de direita, socialmente de esquerda”) encontra sucesso entre os operários, os empregados e... a grande burguesia, o que pode lhe trazer entre 14 e 20%.
Quatro favorítos, quase 85% dos votos. Os outros dez candidatos atingirão apenas 15%. A França chegou realmente a uma encruzilhada: só basta saber se os cidadãos franceses vão votar pela liberalização do seu sistema, imitando os países anglo-saxônicos, com Sarkozy ou Le Pen ou decidir preservar seu modelo social – e suas carências –, elegendo Royal ou Bayrou. Mais que uma eleição, haverá a escolha de um modelo social no dia 6 de maio.

Samuel Duhamel
Jornalista, formado em Ciências Políticas no Instituto des Estudos políticos de Lille.

La France a la croisée des chemins

Après douze ans au Palais de l’Elysée, Jacques Chirac (UMP) va céder sa place à un nouveau président en mai prochain. Le début de la campagne électorale offre un spectacle inhabituel : la traditionnelle lutte entre droite et centre-gauche est perturbée par deux autres candidats qui peuvent atteindre le second tour. Jamais dans l’histoire de la Ve République, le pays n’est apparu aussi politiquement divisé.
Décidément, les combats électoraux en France ne répondent à aucune logique politique. Après la victoire de Mitterrand (PS) en 1981 alors que le monde virait à droite (Reagan aux Etats-Unis, Thatcher au Royaume-Uni, Kohl en Allemagne…), après l’élection de Chirac en 1995 quand des chefs d’Etat de centre-gauche arrivaient au pouvoir en Occident (Clinton, Schröder, Blair, Prodi…), après le cataclysme de 2002 et la présence de Jean-Marie Le Pen (FN) au second tour de la présidentielle, la France peut réserver une nouvelle surprise électorale.
Deux candidats, Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS), arrivent en tête dans les enquêtes d’opinion. D’ailleurs, l’actuel ministre de l’Intérieur reste le grand favori des sondages. Son style populaire, allié à un verbe affûté et à des recettes économiques libérale, séduit beaucoup de Français, principalement les ruraux et les ouvriers. Mais ce succès peut surprendre : le passage du candidat conservateur place Beauvau a été un échec quasi-total avec l’augmentation des actes de violence, la permanence d’un climat d’insécurité et la révolte des banlieues. Mais Sarkozy ne s’en laisse pas compter : même en étant critiqué, il continue d’attaquer ses adversaires avec enthousiasme et charisme. Les Français paraissent appréciés…
Devant l’agressivité du ministre, le calme et la sérénité apparente de Ségolène Royale peuvent faire la différence. Femme de l’actuel premier secrétaire du parti socialiste, François Hollande, et ancienne protégée du président Mitterrand, la sylphide tente de jouer le rôle de mère de la nation et d’attirer l’électorat de gauche à son triptyque : libéralisme économique, protection sociale et autoritarisme moral. Mais après un décollage euphorique, la candidate socialiste est en perte de vitesse : son programme paraît en effet incohérent, trop vague et trop cher.
Cette stagnation profite à François Bayrou (UDF), le troisième homme cher au réalisateur britannique Carol Reed. Sa position au-dessus des partis politiques – il souhaite gouverner avec des hommes de droite, de gauche et avec des écologistes – est devenue attractive. En outre, au grand dam de Nicolas Sarkozy, Bayrou est perçu dans l’opinion publique comme le candidat de la « rupture » : il veut créer un VIe République, fonder une Europe fédérale et reconsidérer le rôle des médias qu’il juge trop proches du couple Sarkozy – Royal. Ce positionnement stratégique lui rapporte près de 20% dans les sondages contre 25% pour Royal et 32% pour Sarkozy. Un autre sondage a montré qu’il gagnerait au second tour contre ses deux principaux adversaires.
Enfin, un quatrième candidat peut espérer se qualifier pour l’étape finale : Jean- Marie Le Pen. Agé de 79 ans, le frontiste est encore un candidat dur et sans pitié. Son absence de limites dans le discours et son radicalisme anti-étranger (« la préférence nationale ») plaisent à un nombre croissant d’électeurs. Son programme populiste (« économiquement de droite, socialement de droite ») rencontre un certain succès chez les ouvriers, les employés et… la grande bourgeoisie, ce qui pourrait lui apporter entre 14 et 20% des voix.
Quatre favoris, 85% des voix. La dizaine d’autres candidats se battra pour le reste. La France est donc vraiment arrivée à la croisée des chemins. Il ne reste plus qu’à savoir si les citoyens français vont voter pour la libéralisation de leur système, en imitant les pays anglo-saxons avec Sarkozy ou Le Pen, ou décider de préserver leur modèle social – et ses carences – en élisant Royal ou Bayrou. Plus qu’une élection, c’est donc un véritable choix de société qui va se décider le 6 mai prochain.

Samuel Duhamel

27.2.07

Bayrou, le premier homme ?

Depuis quelques semaines, le duel programmé entre Ségolène Royale et Nicolas Sarkozy est perturbé par l’envolée dans les sondages du candidat UDF (Union pour la démocratie française), François Bayrou. Même s’il est encore loin de concurrencer la belle et le Cherkar, son positionnement tactique du « ni gauche, ni droite » ou plutôt du « et gauche, et droite » convainc une grosse minorité de Français, fatigués de l’alternance entre droite républicaine et centre gauche.
Pourtant, voter pour François Bayrou, son programme à zéro euro et son catholicisme social n’engendrera pas la révolution indispensable, que les écologistes appellent de leurs vœux. L'intégrité, la sincérité et l'ouverture dudit candidat ne sont pas à remettre en doute. La carrière de François Bayrou a montré qu’il faisait partie des rares hommes politiques à agir avec honnêteté et à se soucier du sort de ses concitoyens. Certes, sa posture actuelle extrême centriste doit être appréciée à l’aune de son soutien à Edouard Balladur et de sa participation aux deux gouvernements Juppé en 1995. Pour autant, il semble difficile de ne pas croire en sa bonne foi et en sa volonté de dépasser les clivages.
Alors oui, François Bayrou a raison. Il a raison de dénigrer la Ve République. Il a raison de critiquer l'absence d'alternatives. Il a raison de dénoncer la confiscation de la démocratie. Il a raison de se battre contre le bipartisme sclérosant qui plombe le système politique français. Sa volonté de construire une Europe fédérale, de fonder une sixième République ou de rompre la loi du talion médiatique révèle le courage et la prise de risque de l’homme autant que du candidat.
Pour autant, glisser son nom dans l'urne ne changera pas forcément la donne. Si François Bayrou représente une « nouvelle France » reposant sur des valeurs plus saines et moins conflictuelles, il est loin de porter les idées qui sauveront notre planète du sombre destin que 200 ans de capitalisme productiviste ont engendré. Bayrou n’a pas de vision du monde. Il reste enfermé dans le dogme de la croissance pour la croissance. Ses propositions environnementales sont très loin de satisfaire les associations écologistes, comme vient de le prouver le dernier rapport de l’Alliance pour la planète. Comme tant d’autres, il est porteur du sempiternel discours sur le « déclin de la France », sur la déchéance du pays, sur sa relégation au classement mondial des PIB. Pourtant, économiquement parlant, la France ne se porte pas moins bien que les autres pays de l'Union Européenne : 3e pays le plus attractif du monde en termes d'investissements directs à l'étranger, une dette publique dans la moyenne des pays européens, un taux de chômage dans la moyenne haute, une balance commerciale plutôt équilibrée, le 16e rang au classement mondial du PIB par habitant (devant l'Allemagne, la Suède, l'Italie, l'Espagne, la Corée du Sud...), des services publics assez performants malgré leur démantèlement par l’actuel gouvernement, un indice de flexibilité situé dans la moyenne des pays européens (source : OCDE, excusez du peu !)... Soyons clairs, si la France va mal au niveau économique, plus de 90% des pays mondiaux ne se portent pas bien non plus.
Pourtant, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que quelque chose ne va pas dans l’hexagone. Crise de confiance, rejet des différences, perte de convivialité, racismes anti-noirs, anti-arabes, anti-handicapés, anti-juifs, anti-jeunes, anti-vieux, anti-homos... La France va mal, oui, mais elle va mal parce qu'on a tout fait pour qu'elle aille mal. Crise du CPE, émeute des banlieues, discours sécuritaires, préjugés véhiculés à l'encontre des différentes communautés de la nation, "lepénisation des esprits", montée de l'intolérance, destruction du tissu associatif, avancée pernicieuse et sauvage du libéralisme économique, accroissement des inégalités, précarisation de la population, destruction de notre environnement... Les indicateurs du mal-être ambiant sont innombrables. Le gouvernement actuel en est incontestablement le principal responsable.
Dans le même temps, les catastrophes humanitaires et écologiques nous rappellent l'urgence de transformer le monde. Croire que l'on va pouvoir continuer à croître de manière infinie dans ce monde fini est, au mieux, de l'ignorance, au pire, du cynisme. Il est temps de changer, d'adopter d'autres logiciels de compréhension du monde. Comment faire en sorte que, demain, 35.000 personnes ne meurent pas de faim comme aujourd'hui, hier, avant-hier, avant avant-hier ? Comment réguler la mondialisation prédatrice, pollueuse, irresponsable ? Comment faire pour que les 200 millions de réfugiés climatiques puissent rester chez eux ? Comment faire pour limiter l'élévation du niveau de la mer, pour contrer les dérèglements climatiques, pour que chacun ait accès à l'eau potable, pour réduire les inégalités ? En un mot, comment créer une planète vivable ici, là-bas, aujourd'hui, demain ? Sans rupture avec le système économique actuel (le capitalisme libéral productiviste mondialisé) et sans projet politique global noble, porté de l’échelon local à l’échelon mondial, il n'y aura pas de salut.
"Et François Bayrou dans tout çà ?" Rien sur les OGM, rien sur les alternatives au nucléaire, rien sur l’agriculture nourricière, rien sur la nécessaire décroissance de l’empreinte environnementale et sur les remèdes à la précarisation accrue de la population. Alors, Bayrou, le révolutionnaire de service ? La supercherie est trop grande pour être crédible.
Il est temps de changer le monde, il est temps de sauver la planète. La vraie Révolution n’est pas celle du centre. Elle ne peut être que verte.

Samuel Duhamel

"La Terre dispose de suffisamment de ressources pour satisfaire les besoins de tous, pas pour répondre à l'avidité de chacun."
Gandhi