11.4.06

Le café du présent perpétuel

De la poussière sur la devanture, une porte grinçante, deux affiches jaune fluo portant l’inscription “A céder”. Le café des Grands vins d’Anjou, rue des Faubourgs des postes, ne fait rien pour aguicher le passant assoiffé.

L’intérieur du bistrot confirme cette impression. L’odeur de renfermé se mêle à celle des meubles anciens. Sur les murs, des photos de camions, de vieilles voitures et de nymphettes siliconées se font concurrence. Surplombant les banquette, deux images surprenantes, soigneusement glissées dans des pochettes transparentes, attirent les regards distraits : on y voit un sexe d’homme fumant une cigarette. Le message est explicite : “Arrête de fumer, t’attaques les roupettes !”

“Aux Grands vins d’Anjou”, la vie semble s’être arrêtée. Une horloge indique 8h35. Il est 13h57. Guy, le propriétaire, les bretelles acérées sur sa chemise à carreaux, regarde passer les voitures comme s’il n’en avait jamais vu. Ses quelques clients scrutent les faits et gestes des salariés de la marbrerie d’en face. Personne ne parle. En fond musical, les chansons de Mona FM se succèdent invariablement. Capri, c’est fini, Cocu mais content, Des idées bizarres... Trop concentrés à observer l’activité de la rue, les habitués du bistrot ne semblent plus écouter ces tubes d’un autre temps.

Entre nostalgie et insouciance, le café des Grands vins d’Anjou se laisse porter par le temps qui passe...

Samuel Duhamel