6.4.06

Lille-Sud, en quête d'une nouvelle image

Considéré comme le "quartier difficile" de la capitale des Flandres, Lille-Sud voit son paysage urbanistique se modifier depuis plusieurs années. Derrière ces transformations, une ambition : rompre avec la stigmatisation dont le quartier fait l’objet.

Des hôpitaux, des industries, d’innombrables barres de HLM, un cimetière immense en guise d’espace vert… Le décor est planté : Lille-Sud ne fait pas rêver ! Malgré les efforts de la municipalité pour dynamiser le quartier et l’acquisition du statut de zone franche urbaine en 1997 , le quartier reste une zone sinistrée au sein de la ville de Lille. Ou plutôt en dehors : séparé du reste de la métropole par l’imposant boulevard périphérique, Lille-Sud est perçu par de nombreux Lillois comme un lieu de relégation sociale. « La première chose qui me vient à l’esprit quand je pense à mon quartier, c’est la délinquance. Le soir, quand je rentre chez moi à pied, je me fais toujours accoster par plusieurs bandes de jeunes. Ce n’est pas rassurant » affirme Stéphanie Robert, propriétaire d’un appartement, rue de Cannes.
Les causes de cette instabilité sont nombreuses : un taux d’activité plongeant sous les quarante points , des habitations insalubres, un manque criant d’infrastructures, une pollution sonore et atmosphérique…

Un quartier en chantier
Pourtant, la roue semble tourner. Longtemps paralysé par l’immobilisme des pouvoirs publics et la crainte des investisseurs, Lille-Sud a entamé sa mue. Plus de 350 entreprises se sont ainsi installées depuis 1997. En 2004, un parc indoor de 3.000 m² ouvrait ses portes pour accueillir les fondus de sport de glisse (la Halle de Glisse). Et depuis d’autres chantiers ont été lancés : les trottoirs du Faubourg des Postes, l’école Turgot, le pont des Postes…
A Lille-Sud, les bras métalliques de grues souveraines font de l’ombre aux passants. Fin 2006, la construction du nouvel Hôtel de Police de Lille sera achevée. Le nouveau commissariat accueillera quelque 1.700 gardiens de la paix, rue Maquillies. Autre projet d’envergure : le « Faubourg des modes » avec l’ouverture prochaine d’une quinzaine d’ateliers de haute couture destinés à soutenir de jeunes créateurs. Si la nature de ces réalisations surprend, les réactions de la population sont positives : « Amener des policiers et des stylistes dans un quartier en difficulté pouvait générer des tensions. Pourtant, les échos que l’on reçoit des habitants du quartier sont largement favorables », assure Cédric Tourbez, chargé de mission à la mairie de quartier de Lille-Sud.

Plus d’équipements pour plus de vie
Au coeur de ces changements, le Grand Projet de Rénovation Urbaine (GPRU) lancé par la mairie en début d’année. Lille-Sud est le principal quartier à bénéficier des aménagements. A terme, environ mille logements nouveaux seront disponibles dans le secteur. Un parc public, une salle polyvalente, un hôtel d’entreprises vont y être implantés. « Notre objectif est de transformer le quartier en cinq ou six ans. Pour cela, il faut créer de vrais espaces publics et instaurer plus de convivialité entre les habitants » explique Alain Cacheux, adjoint de Martine Aubry à l’urbanisme (PS).
Changer de visage pour changer d’image, le pari de Lille-Sud est ambitieux. Voilà sans doute le prix à payer pour se défaire d’une réputation sulfureuse que le quartier traîne depuis de longues années.

Samuel Duhamel

1 commentaire:

Kispasse a dit…

Edifiant! Merci pour ton compte-rendu de la conférence de Survie... Je vais le conseiller à Pierre Péan!